Vieillissement de la population: un obstacle majeur pour le redressement des comptes de la Sécurité sociale

L'augmentation du nombre de personnes âgées, un obstacle pour le financement du système de Sécurité sociale

Ce mardi, les spécialistes du Haut Conseil pour le financement de la protection sociale ont émis une mise en garde quant à la « rupture » qui s'est produite en 2024 concernant la stabilisation des comptes de la Sécurité sociale. Il est vrai que le gouvernement s'est engagé à effectuer des réductions budgétaires pour essayer de contrôler les dérives financières, mais ces dernières restent à définir et seront probablement difficiles à mettre en œuvre.

Par Solenn Poullennec

La diminution des naissances et l'allongement de la durée de vie peuvent effectivement inquiéter le gouvernement récemment élu. Ces phénomènes, validés par l'Insee ce mardi, sont susceptibles de peser davantage sur le budget de la Sécurité sociale, alors que des spécialistes alertent sur une dégradation déjà très alarmante de la situation.

L'année 2024 représente un "tournant" dans l'amélioration de la situation financière de la Sécurité sociale, a mis en évidence le Haut Conseil du financement de la protection sociale, lors de la présentation ce mardi d'un "bilan".

L'impact du vieillissement de la population

Suite à la pandémie de Covid, qui a provoqué une augmentation sans précédent du déficit de la sécurité sociale (atteignant -40 milliards d'euros), la relance de l'économie, le maintien de l'emploi et la hausse des salaires dans un contexte inflationniste ont contribué à réduire ce déficit (à un peu moins de -9 milliards d'euros fin 2023). Cependant, malgré la réforme des pensions, le déficit est prévu de s'aggraver dans les années à venir. Il devrait franchir la barre des 17 milliards d'euros en 2027, selon le dernier budget.

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Selon le Haut Conseil, l'arrêt de la diminution des déficits en 2024 est "extrêmement remarquable et inquiétant". En effet, contrairement à ce qui a été constaté jusqu'à présent, cela ne peut pas être attribué à un événement extérieur comme une crise économique ou de santé.

"Nous nous préparons à affronter le problème du vieillissement de la population", met en avant Dominique Libault, le dirigeant du Haut Conseil. "La France a su gérer de manière adéquate la première phase de l'impact du vieillissement sur les systèmes sociaux", ajoute-t-il en faisant allusion aux changements du système de retraite. "Le deuxième choc, plus différé, est celui que nous devons affronter dans cette décennie et les années à venir", prévoit-il.

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Lorsqu'on parle du vieillissement de la population, on pense généralement à une hausse des coûts de la santé. Cependant, Dominique Libault souligne que "l'augmentation des ressources ne suit pas la même tendance que celle des dépenses, rendant impossible le retour à un équilibre financier pour la Sécurité sociale". La situation pourrait se compliquer davantage si la croissance économique est inférieure aux prévisions et en présence d'une mauvaise gestion des dépenses.

Doutes sur les épargnes

Pour atteindre ses buts, le gouvernement a déjà promis, dans le cadre de la loi de planification financière publique, de faire environ 6 milliards d'euros d'épargnes dès 2025 sur les coûts de la Sécurité sociale. Toutefois, à ce niveau, ces épargnes "doivent encore être détaillées", souligne sans hésiter le Haut Conseil.

L'administration a initié des examens de dépenses dans le but de les repérer. Toutefois, elle avance avec précaution. En effet, les travailleurs du domaine de la santé ne cessent de signaler le déficit de ressources et l'anxiété des citoyens français quant à leur capacité à accéder aux soins. Dominique Libault avertit que "les autorités gouvernementales vont se retrouver face à des choix compliqués".

Pour finaliser son budget cette année, l'administration avait anticipé une augmentation de 800 millions d'euros en doublant les montants des franchises que les patients doivent payer pour les médicaments et les consultations médicales.

Bien que la décision ait été largement discutée et que son importance soit bien inférieure aux 6 milliards d'économies prévues, le gouvernement d'Elisabeth Borne ne l'a pas concrétisée. Le gouvernement nouvellement formé de Gabriel Attal n'a pas encore donné son avis sur cette question. En fait, il a principalement fait part de dépenses supplémentaires de 32 milliards prévues au cours des cinq prochaines années pour le secteur de la santé en général.

Solenn Poullennec

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