Vers une meilleure compréhension de la qualité de l’emploi : une étude de France Stratégie va au-delà du salaire

L'appréciation de la qualité de l'emploi s'est améliorée

Un rapport de France Stratégie révélé ce jeudi élargit la mesure de la qualité à tous les emplois, une évaluation qui avait été faite en 2020 uniquement pour les emplois dits de seconde ligne. En conclusion, le salaire n'est pas le seul facteur déterminant.

Par Alain Ruello

Renforcer la qualité des professions en général, en particulier celles où les employeurs ont du mal à recruter, et donc, détruire ce seuil de chômage de 7% qui entrave la France depuis des années. Bien que personne ne rejette cette approche, il est toujours nécessaire d'évaluer la qualité du travail ce qui, étonnamment, n'a jamais été réalisé en France.

La recherche dévoilée ce jeudi par deux scientifiques pour France Stratégie, un groupe de réflexion associé à Matignon, vient remplir cette lacune. Il en découle que le salaire n'est pas le seul facteur important. Cette recherche élargit à tous les emplois provenant de la classification des 87 familles professionnelles (FAP) du ministère du Travail, ce qui a été fait à la fin du premier confinement pour les emplois appelés de la "deuxième ligne".

Six ensembles et vingt-quatre mesures

La pandémie a mis en évidence les conflits entre l'importance et la qualité des emplois, a souligné Christine Erhel, conseillère en sciences pour France Stratégie et directrice du Centre d'études sur l'emploi et le travail du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM). L'augmentation significative des problèmes de recrutement, la baisse du pouvoir d'achat et l'extension de la durée de travail ont depuis renforcé l'attrait de cette approche.

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En utilisant une méthode similaire, l'analyse, qui s'appuie sur des informations de 2019, a réussi à catégoriser les professions en six groupes en se basant sur 24 critères liés aux salaires, aux heures de travail, à l'éducation et même aux contraintes physiques ou mentales. Aucun ne présente une qualité d'emploi idéale, bien qu'une certaine échelle d'importance en découle.

Par exemple, dans la première catégorie, tout semble aller pour le mieux, à l'exception du temps de travail qui est bien au-dessus de la moyenne, ce qui entraîne de sérieux risques pour la santé mentale des travailleurs. "Cette catégorie englobe principalement tous les postes de direction", a expliqué Vincent Donne, responsable de projet chez France Stratégie et co-chercheur. En revanche, la caractéristique du sixième groupe est une forte contrainte horaire (travail nocturne), des salaires moyens qui sont pourtant considérés comme insuffisants. Les professions liées à la santé ou à la sécurité sont généralement représentées dans ce groupe.

Le revenu ne détermine pas tout

Les deux écrivains de l'étude tirent plusieurs leçons de ces observations. Notamment, le statut socioprofessionnel a une signification substantielle : le groupe 1 se rapporte aux cadres, tandis que le 3e (faibles revenus, travail temporaire, contraintes physiques) englobe principalement les professions d'ouvriers, qu'ils soient qualifiés ou non. D'importantes variations peuvent également exister selon que le travail est effectué dans le secteur privé ou public.

En premier lieu, les rémunérations ne parviennent pas à équilibrer les écarts de qualité d'emploi, l'épanouissement professionnel reposant sur une multitude d'autres facteurs, ont mis en avant Christine Erhel et Vincent Donne. Autrement dit, il n'existe pas de solution miracle qui permettrait à toutes les professions de fonctionner dans des conditions idéales.

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Si l'analyse, effectivement, réussit à définir précisément les opportunités d'évolution par catégories de professions, la résolution des problèmes de recrutement dépend également d'autres facteurs qui ne sont pas directement associés à leur pratique. Notamment, l'éducation est essentielle pour aligner au mieux les compétences recherchées par un employeur avec les compétences déjà détenues par le postulant au poste.

Il est maintenant de la responsabilité des autorités gouvernementales ou des partenaires sociaux au niveau sectoriel ou corporatif de poursuivre cette initiative, pendant que le gouvernement élabore une nouvelle stratégie destinée à résoudre les problèmes de recrutement, selon les deux chercheurs.

Ruello Alain

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