Vers une instabilité politique aux Pays-Bas : le triomphe de l’extrême droite et les défis de la formation d’une coalition

L'avenir des Pays-Bas est incertain suite au triomphe du parti d'extrême droite

Le parti politique dirigé par Geert Wilders, connu pour ses positions d'extrême droite, a remporté les élections législatives. Pourtant, il n'est pas garanti qu'il puisse établir une coalition majoritaire au sein du Parlement. Il est probable que plusieurs mois s'écoulent avant qu'un nouveau gouvernement ne se mette en place.

Par Stefan de Vries

"Ce qui a eu lieu est sans précédent." Tout comme une majorité de ses concitoyens, Geert Wilders a été étonné par son triomphe lors des élections législatives néerlandaises. Ayant passé un quart de siècle en tant que représentant du peuple, le rôle de Premier ministre, qu'il convoite depuis le commencement de sa trajectoire politique, semble désormais à sa portée.

Dans le royaume, il est courant que le leader du parti qui arrive en tête, en l'occurrence Geert Wilders, soit en charge de la formation d'un nouveau gouvernement. En général, cela le conduit à devenir Premier ministre. Cependant, il n'est pas garanti que Geert Wilders y parvienne, car son parti n'a remporté que 37 sièges, ce qui est bien en deçà de la majorité absolue de 76. Par conséquent, il devra chercher des alliances avec d'autres partis pour pouvoir gouverner.

Deux alternatives

Dans un Parlement extrêmement divisé, comme c'est souvent le cas dans ce pays, il n'y a en réalité que deux possibilités. La première est un gouvernement de droite, avec le PVV de Wilders, le VVD libéral du Premier ministre sortant Mark Rutte et le nouveau parti de centre droit NSC, possiblement complété par le BBB populiste. Une telle coalition donnerait aux partis au pouvoir 88 des 150 sièges. Pieter Omtzigt, à la tête du NSC, avait rejeté l'idée de gouverner avec Wilders pendant la campagne, mais il semble avoir modifié sa position. "Nous sommes prêts", a-t-il annoncé mercredi soir.

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Caroline van der Plas, à la tête du BBB, a affirmé jeudi qu'elle serait ravie de former une alliance avec Wilders. Elle espère que le populiste Geert Wilders s'alignera davantage sur ses positions. Elle estime que les désirs de Wilders d'interdire le Coran et de se retirer de l'Union européenne sont "inapplicables et impossibles à réaliser".

La proposition Frans Timmermans

L'autre possibilité serait un régime sans la présence de Wilders, composé de la droite traditionnelle, du centre et de la gauche. Ceci impliquerait une alliance entre GroenLinks-PvdA (écologistes et socio-démocrates), VVD (libéraux), NSC et le parti social-libéral D66. Leur nombre total de sièges serait de 78.

Dans cette situation, l'ex-représentant européen Frans Timmermans, à la tête de la coalition GroenLinks-PvdA, pourrait toujours avoir des chances d'être Premier ministre. Cependant, si cette alliance se réalise, les partisans de Wilders pourraient se sentir trahis. Ce qui pourrait entraîner, lors des élections suivantes, un vote encore plus extrême de leur part.

Il s'agit donc de déterminer comment le NSC et le VVD vont agir. Le NSC semble disposé à travailler avec le PVV de Wilders, tandis que le VVD est toujours indécis. Si l'un d'entre eux refuse, Wilders se retrouvera sans rien.

Préoccupations des sociétés

Le PVV continue d'appeler à un référendum sur le retrait des Pays-Bas de l'UE, le "Nexit" tant craint. Cela préoccupe les entreprises. L'économie des Pays-Bas, qui se classe 17e dans le monde, doit une part de son succès à son entrée sur le marché unique européen.

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L'association d'employeurs VNO-NCW exige que la prochaine alliance gouvernementale fonctionne conformément au système juridique démocratique, tout en prenant en considération notre place (commerciale) à l'échelle mondiale et au sein de l'Union européenne. C'est une mise en garde explicite contre les dangers qu'un éventuel "Nexit" pourrait représenter pour l'économie nationale.

Après plusieurs mois d'anticipation

Le pays abrite un grand nombre de grandes entreprises internationales, telles qu'ASML à Eindhoven. Ce constructeur de machines pour la fabrication de semi-conducteurs redoute qu'il pourrait y avoir des restrictions sur l'emploi de travailleurs internationaux dans les prochaines années, ce qui pourrait le contraindre à déménager hors du pays.

Geert Wilders est désormais chargé de la mise en place d'une éventuelle coalition. Au cours de la campagne, il a semblé se montrer sous un jour plus modéré. Cependant, son programme politique ne s'écarte pas beaucoup de ce que les Néerlandais ont connu de lui ces dernières années : il est nationaliste, antimusulman et autoritaire.

L'interrogation majeure reste de déterminer si d'autres groupes seront disposés à s'associer à lui pour avancer ce programme d'ultra-droite. Il est fort probable que les Hollandais devront patienter plusieurs mois avant d'obtenir une réponse.

Stefan De Vries (Reporter basé à Amsterdam)

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