Vers une augmentation du tarif de consultation chez les médecins généralistes : l’Assurance Maladie propose 30 euros

En direction d'une consultation médicale générale à 30 euros

Au cours d'une récente réunion de négociation avec les syndicats de médecins indépendants sur leurs conditions de travail et de salaire, la Sécurité Sociale leur a suggéré ce jeudi d'élever le coût de la consultation de 26,50 euros à 30 euros. Les réponses des syndicats sont ambivalentes.

Par Solenn Poullennec

Les discussions entre les médecins privés et la Sécurité sociale se corsent. Ce jeudi, la Sécurité Sociale a proposé d'augmenter le prix de base de la consultation chez le médecin généraliste de 26,50 à 30 euros et a promis des hausses de revenus "spécifiques à chaque spécialité".

"L'Assurance Maladie a toutefois averti dans son communiqué, publié à côté d'une session de négociation avec tous les syndicats libéraux, que ces changements de tarifs ne seront appliqués que s'ils sont accompagnés d'autres progrès pour améliorer la santé de la population."

Les experts insatisfaits

Les syndicats ont eu diverses réactions à ces suggestions. "Les 30 euros étaient bien sûr une condition préalable pour nous", a reconnu Agnès Giannotti, la chef du principal syndicat de médecins généralistes, MG France. "Nous n'avons pas de planning", a-t-elle néanmoins regretté. MG France espère également que les médecins généralistes seront payés 60 euros pour les consultations prolongées.

"C'est une situation désastreuse, il n'y a aucun budget, ou un budget presque insignifiant pour la médecine spécialisée", se plaint Patrick Gasser du syndicat Avenir Spé-Le Bloc, qui est crucial pour la réussite des négociations. "Nous ne signerons pas aujourd'hui", prévient-il.

Franck Devulder du syndicat CSMF partage le même avis. Il admet que la consultation à 30 euros est une "amélioration notable". Cependant, selon lui, "la médecine spécialisée est grandement négligée, à l'exception de la pédiatrie et de la psychiatrie", déclare Franck Devulder.

Question concernant les ressources

Initiées l'automne précédent, les discussions entre les syndicats de docteurs et l'Assurance Maladie vont encore durer un certain temps, en préparation d'une importante session de négociation "dans la première moitié de mars".

À ce point, l'Assurance Maladie n'a pas encore précisé tous les ressources qu'elle envisage de libérer pour augmenter les salaires des médecins indépendants, ni le programme de mise en œuvre des augmentations. Cependant, elle s'engage à un "investissement important dans la médecine privée".

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Les libéraux sont dans l'attente, depuis plusieurs mois, d'une hausse de leurs salaires par la Sécurité sociale. L'année précédente, l'Assurance Maladie avait déjà suggéré de payer les médecins généralistes 30 euros, à la condition cependant qu'ils s'engagent sur certaines « obligations » concernant le nombre de patients qu'ils traitent, l'accessibilité de leurs cabinets pendant le week-end, et ainsi de suite.

Conclusion de refus

Les syndicats ont rejeté ce "quid pro quo", supposé résoudre le problème des zones sous-dotées en professionnels de santé, refusant de conclure un accord avec l'Assurance Maladie, au grand mécontentement du gouvernement. Suite à ce refus, un "médiateur" avait suggéré au printemps d'augmenter le tarif des consultations à 26,50 euros (à partir de novembre).

Un compromis difficile à accepter pour les syndicats. Bien que les médecins généralistes aient perçu en moyenne des honoraires d'environ 180 000 euros en 2020, ils n'ont cessé de critiquer au cours des derniers mois les répercussions de l'inflation sur leurs finances (notamment une augmentation des coûts qui réduit leurs honoraires) et des conditions de travail souvent difficiles en raison d'une pénurie de médecins.

L'exécutif, désireux de rétablir la communication avec un métier qui n'a pas craint de manifester à plusieurs reprises en 2023, avait déjà envisagé une augmentation de salaire pour encourager plus de jeunes médecins à établir des cliniques en milieu urbain.

Surveillance continue des patients

Le gouvernement, cependant, désire que les docteurs s'impliquent plus dans le suivi continu de leurs patients, plutôt que de se contenter de consultations ponctuelles avec des patients intermittents. C'est dans ce contexte que l'Assurance Maladie a suggéré, en décembre dernier, d'augmenter le salaire fixe des médecins qui s'engagent à être les docteurs principaux d'un grand nombre de patients. Il faut noter que cette somme fixe représente actuellement environ 10% du salaire d'un médecin de famille.

Concernant ce thème, la dirigeante de MG France, qui défend l'idée que les forfaits devraient constituer environ 30% de la rétribution des médecins généralistes, apprécie "un effort significatif". Toutefois, elle insiste sur le fait qu'il sera nécessaire de "mettre en marche les mécanismes". Agnès Giannotti ajoute que "Les médecins qui le désirent pourront, collectivement, être payés sous une forme totalement forfaitaire", a également précisé l'Assurance Maladie ce jeudi.

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Les discussions sont néanmoins loin d'être conclues. Face à une augmentation massive des coûts de santé, en raison de l'augmentation de l'âge moyen de la population et de l'essor des maladies persistantes, l'Assurance Maladie voudrait que les médecins acceptent de rendre leurs prescriptions plus efficaces, par exemple en s'engageant à ne donner des antibiotiques que lorsque cela est véritablement nécessaire.

Elle a annoncé ce jeudi qu'elle prévoyait de convoquer à nouveau les syndicats de médecins indépendants à la fin de l'année prochaine pour s'assurer que les mesures décidées lors des discussions en cours ont « l'impact anticipé », non seulement sur l'accès aux soins, mais aussi sur leur qualité et leur pertinence.

Solenn Poullennec

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