Vers un encadrement rigoureux de l’implantation des cabines de téléconsultation médicale : Les recommandations de la Haute Autorité de santé

Les suggestions pour la mise en place des cabines de consultation médicale à distance

La Haute Autorité de santé propose des premières directives sur l'installation des cabines et autres dispositifs de consultation à distance afin de « maintenir leur qualité ». L'année dernière, l'Ordre des médecins et des syndicats de médecins indépendants avaient critiqué le plan de la SNCF de créer des zones de santé dans les gares.

Par Solenn Poullennec

La Haute Autorité de santé (HAS) estime qu'il devrait y avoir une réglementation sur la mise en place des cabines de téléconsultation. Mardi, l'autorité a partagé des suggestions de recommandations concernant les emplacements appropriés pour ces consultations médicales à distance. C'est une avancée significative pour l'évolution de cette méthode naissante qui, cependant, est critiquée par certains représentants de la profession médicale.

Bien que les consultations à distance ne représentent qu'une petite fraction des consultations médicales facturées à l'Assurance Maladie (environ 4 %), leur nombre a considérablement augmenté depuis l'apparition du Covid. En réponse à la difficulté d'accès aux soins dans les zones sous-dotées en professionnels de santé, des entreprises innovantes ont non seulement développé des applications mobiles spécifiques, mais ont également installé des cabines de consultation à distance ou des points de consultation équipés d'appareils de santé connectés, tels que des tensiomètres.

Un accord imminent

Ces solutions, qui peuvent être mises en place dans les mairies, ont surtout vu le jour dans les pharmacies. Cela leur permet d'attirer des patients qui viennent de terminer une téléconsultation. En 2022, plus de 2 000 pharmacies ont offert un service d'assistance pour la téléconsultation (parmi environ 20 000 pharmacies en métropole), selon l'Assurance Maladie. De plus, l'année dernière, un peu plus de 1 200 pharmacies supplémentaires se sont équipées, note la HAS.

A lire également:

ANALYSE – Les sociétés de téléconsultation sont préoccupées par le coût des consultations en ligne.

Les sociétés proposant des services de consultation à distance devront obtenir une autorisation gouvernementale pour fonctionner cette année. Cependant, il n'y a actuellement aucune directive concernant l'installation des cabines de téléconsultation, un sujet qui fait souvent l'objet de discussions.

Stations, centres commerciaux…

Au cours de l'été précédent, l'Assurance Maladie a exprimé son mécontentement face à la mise en place de points de consultation à distance dans des endroits jugés inadéquats pour la pratique de la médecine, tels que les supermarchés ou les entrées des gares. Elle a recommandé d'interdire la mise en place de ces cabines de téléconsultation dans un établissement commercial qui ne serait pas également le lieu de travail d'un professionnel de la santé.

Le plan de la SNCF de créer, en collaboration avec Loxamed, des "centres de soins" dans environ 300 gares d'ici 2028 a suscité beaucoup de controverses en novembre dernier. Selon le Conseil national de l'ordre des médecins, ce projet pourrait détourner des professionnels de la santé, réduisant ainsi leur disponibilité dans les zones les plus démunies. De son côté, le principal syndicat de médecins généralistes indépendants, MG France, pense que les téléconsultations non effectuées par des médecins de famille pourraient conduire à une "mauvaise utilisation des ressources publiques et du personnel médical".

D'autre part, Michel-Edouard Leclerc a félicité la SNCF pour son initiative. La décrivant comme une "excellente proposition", il a sous-entendu qu'il pourrait mettre en place un service similaire dans ses hypermarchés.

"Discussion inutile"

C'est là que l'intervention de la HAS devient pertinente. Pour l'instant, elle se limite à proposer des recommandations pour consultation jusqu'au 22 janvier. Elle ne conseille pas clairement d'éviter les téléconsultations dans les gares, les supermarchés ou les centres commerciaux. De quoi apaiser l'organisation qui défend les professionnels de la télémédecine, le LET, qui accueille favorablement un "document positif et nuancé".

Aussi à lire :

Les professionnels de la santé découragés par le défilé constant de ministres de la Santé.

Le chef de l'entreprise, Jean-Pascal Piermé, met en garde contre une "fausse polémique". "A l'heure actuelle, il y a de nombreux centres commerciaux qui abritent une pharmacie et un laboratoire d'analyses biologiques," fait-il remarquer. Pour lui, il ne s'agit pas de placer une télécabine "au milieu d'un étalage de fruits et légumes", mais si un tel système est adjacent à une pharmacie, dans un centre commercial ou une gare, "cela ne pose aucun problème".

Responsable de la téléconsultation

L'organisme de la HAS exprime le souhait que les dispositifs de téléconsultation soient opérés par une "personne en charge". Cette personne devrait être "formée", "facilement repérable et joignable" et "présente durant les heures d'ouverture du dispositif". Cependant, elle n'a pas nécessairement à être un professionnel de la santé. À première vue, cela pourrait favoriser la mise en place de cabines de téléconsultation en dehors des pharmacies.

Toutefois, certaines suggestions suscitent des interrogations parmi les experts en téléconsultation. Par exemple, l'idée de réglementer l'installation des cabines de téléconsultation à travers le pays. Selon la HAS, ceux qui mettent en place ces cabines devraient collaborer avec les parties locales concernées, ce qui fait référence aux professionnels de la santé et à l'Agence régionale de santé. Nathaniel Bern, le chef de Medadom, avertit que cela pourrait certainement créer des obstacles à la mise en place de cabines de téléconsultation.

Les conversations avec la HAS continueront avant la sortie des conseils finaux. Il reste également à déterminer comment le ministère de la Santé et le législateur vont les utiliser.

Solenn Poullennec

Quels sont les outils nécessaires pour s'adapter dans un contexte compliqué ?

Nos Contenus Vidéo

Des étudiants anglais se perfectionnent en e-sport de compétition

Charles III sur les Champs-Élysées : un aperçu des préparatifs du cortège

« Courage et dynamisme » : les premières déclarations du nouveau Premier ministre, Gabriel Attal

Comment l'entreprise chinoise BYD s'est imposée comme un leader dans le secteur de la voiture électrique

Les plus populaires

SONDAGE EXCLUSIF – Chômage : l'opinion publique apprécie la réforme France Travail

La popularité de la prime Macron reste constante

Retraites : les spécialistes en économie remettent en question l'indexation des pensions

En tête de l'actualité

EN DIRECT – Remaniement : Attal et Macron conservent les figures importantes du gouvernement

Casino : le moment où la part de Naouri a chuté de 51 % à 0,2 %

Le Royaume-Uni prévoit une nouvelle centrale nucléaire en plus de Sizewell et Hinkley Point

Société

Comment pourrait-on réguler l'installation des cabines de téléconsultation médicale

Les défis importants qui attendent le nouveau Premier ministre Gabriel Attal

Bercy envisage de bloquer les biens des trafiquants de drogue

Utile

P

L'Équipe

Tous les droits sont protégés – Les Echos 2024