Emploi total : l'administration cherche des stratégies pour la réforme
Elisabeth Borne rassemble ses ministres clés alors que le taux de sans-emploi augmente un peu. Très dynamique, Bruno Le Maire propose de nouvelles idées, surtout pour les jeunes.
Par Alain Ruello
Formellement, c'est juste une séance de travail. Néanmoins, elle a des airs de petite mobilisation tandis que le taux de chômage montre des signes de hausse. Lundi après-midi, Elisabeth Borne rassemblera ses principaux ministres concernés pour examiner des ajustements et peut-être de nouvelles réformes sur le marché du travail qui pourraient garantir l'objectif principal du mandat : réaliser le plein emploi d'ici 2027.
"Nous luttons pour assurer le plein emploi et bien sûr, nous n'abandonnerons pas", déclare à "Echos" la Première ministre, résolue à ne pas attendre la mi-mars et la fin supposée des discussions entre les partenaires sociaux sur la préservation de l'emploi des personnes âgées pour intervenir dans les domaines qui sont de la compétence de l'État.
La surveillance des ruptures conventionnelles
Il incombe donc aux ministres du Travail, Olivier Dussopt, de l'Economie, Bruno Le Maire, de l'Education et de la Formation professionnelle, Carole Grandjean, et des Petites et Moyennes Entreprises, Olivia Grégoire, de venir avec des propositions innovantes. Thomas Cazeneuve, responsable des Finances publiques, sera aussi présent pour veiller à ce que les coûts ne s'envolent pas. Sauf si ces derniers peuvent être équilibrés par des économies réalisées ailleurs.
Des modifications du Code du travail, un nouveau programme d'action pour diminuer les problèmes d'embauche, ou même une nouvelle réforme de grande envergure… l'étendue des sujets semble vaste. Pour l'instant, la seule orientation validée à Matignon concerne la rupture conventionnelle qui, parce qu'elle permet une indemnisation par Pôle emploi, est soupçonnée d'encourager les employés à changer fréquemment d'employeur.
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Bruno Le Maire, déterminé à être au centre de l'attention, a déjà révélé une partie de ses projets qu'il estime appropriés, en promettant une "stratégie globale" et en cherchant des conseils de toutes parts. Cela comprend notamment la mise en place d'un nouveau droit au travail à temps partiel pour tous les employés en fin de carrière, afin d'éviter des départs abrupts du monde du travail. Il estime qu'il est nécessaire de mettre un terme à "l'hypocrisie du système social qui écarte les plus de 55 ans pour faire place aux jeunes".
Contrairement à la retraite progressive, ce nouveau privilège pourrait se manifester sous la forme d'un contrat de travail réduit à, par exemple, quatre jours sur cinq (80% du temps), tout en recevant 90% de son salaire et en contribuant pleinement à la retraite. Cette proposition semble séduire la CFDT, et il est probable qu'elle soit incluse dans les discussions entre les syndicats et les employeurs concernant les travailleurs âgés.
Le ministre de l'Économie, plein d'entrain
Le ministre de l'Économie, manifestement en grande forme, a de nouveau alimenté le débat ce dimanche lors d'une interview pour le journal « Le Parisien ». Qui était visé cette fois ? Les jeunes. Selon lui, nous devons « nous concentrer en premier lieu sur les centaines de milliers de postes vacants dans les secteurs sous pression. Les métiers comme les chaudronniers, couvreurs, soudeurs, les professions de la gastronomie, la restauration, l'hôtellerie… Nous pourrions par exemple enrichir le compte de formation personnel d'un jeune qui choisirait de travailler dans l'un de ces domaines. »
Il est possible, depuis la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel de 2018, de financer entièrement une formation via le compte personnel de formation (CPF). Cette possibilité s'applique à tous, quels que soient l'âge, le contributeur (État, régions, entreprises, etc.). Cependant, cette mesure demeure largement inconnue. Il se pourrait que Bruno Le Maire envisage de lui attribuer un budget spécifique et de la populariser à travers une grande campagne de communication.
Une autre proposition soulevée dans le débat public avant même d'être présentée à Elisabeth Borne ce lundi concerne la diminution du temps dont dispose un employé pour contester son licenciement auprès de son employeur, actuellement fixé à douze mois. Bruno Le Maire a souligné l'importance de protéger les employés, mais a estimé que cette période est exagérée. Il a comparé la situation avec celle des autres pays développés où le délai est de deux mois, qu'il considère comme plus approprié. Cependant, il n'a pas spécifié le pourcentage de cas présentés devant les Prud'hommes qui se produisent après ce délai de deux mois.
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