Trois jeunes adultes sur quatre croient en l’action syndicale: un potentiel non exploité pour les syndicats

Selon un sondage d’OpinionWay, bien que peu de jeunes adultes soient membres d’un syndicat, ils sont en réalité très favorables à ces organisations. Trois sur quatre d’entre eux croient en l’efficacité du mouvement syndical. Pour ces organisations de travailleurs, il est crucial de convertir cette bonne volonté en adhésions, d’autant plus qu’elles sont en compétition avec diverses associations.

Par Leïla de Comarmond

Texte

La question du rajeunissement des membres est cruciale pour les syndicats. En effet, il est d’autant plus important que les individus s’affilient à un syndicat dès leur plus jeune âge car ils sont susceptibles de rester membres pendant une longue période. De plus, avec le départ à la retraite de la génération des baby-boomers, cette problématique devient encore plus pertinente. Pourtant, c’est parmi les moins de 40 ans que le taux d’adhésion syndicale est le plus bas. D’après les statistiques les plus récentes du ministère du Travail publiées en 2019, ce taux n’était que de 8,1% pour les personnes dans la trentaine et descendait même à 2,7% pour ceux qui ont moins de 30 ans, contre une moyenne générale de 10,3%.

Selon une étude menée par OpinionWay pour le compte de Réalités du dialogue social, en collaboration avec la CFDT, la CFE-CGC, Force ouvrière, l’Unsa et le Medef, il semble que les jeunes travailleurs et étudiants âgés de 18 à 35 ans ne sont pas nécessairement réfractaires à l’idée de syndicats. Cette enquête a été effectuée auprès d’environ 500 individus.

Un grand nombre de personnes sont convaincues de l’utilité des syndicats

« Les syndicats sont nécessaires dans tous types d’entreprises. » 72 % des jeunes participants à l’étude approuvent cette déclaration. Le chiffre grimpe à 76 % pour ceux âgés entre 25 et 29 ans. Cependant, 54 % d’entre eux pensent que « dans une entreprise où les travailleurs peuvent traiter leurs problèmes de travail directement avec leur supérieur, les syndicats ne sont pas nécessaires ».

Voir également :

La quantité de travailleurs syndiqués a considérablement diminué.

FILE – Identifying the French Union Leaders

Nombreux sont ceux qui ont foi en la puissance de l’action syndicale : trois personnes sur quatre estiment que “en tant que représentant des travailleurs au sein d’un syndicat ou d’une organisation patronale, on a le pouvoir d’initier des changements” et 72 % croient en la force d’un mouvement collectif pour apporter des changements efficaces.

Plusieurs obstacles à l’adhésion syndicale

Cela pourrait représenter une source potentielle de nouveaux membres, étant donné que seulement 18% des jeunes interrogés mentionnent l’avantage personnel que pourrait représenter le fait d’avoir le statut de salarié protégé.

Il y a effectivement plusieurs obstacles. La peur de la discrimination est un facteur majeur : un quart des jeunes craignent des “effets défavorables” sur leur carrière et un cinquième estime que “les entreprises ne respectent pas adéquatement le droit de se syndiquer”. Chez les jeunes adultes, on note également d’autres reproches communs : une offre de services inadéquate ou une méconnaissance des préoccupations des employés.

L’enquête d’OpinionWay met en lumière le besoin pour les syndicats de s’engager auprès des moins de 35 ans, un public pour lequel ils demeurent largement méconnus : près de 20% d’entre eux ignorent l’existence des organisations syndicales et un nombre légèrement supérieur ne sait pas vers qui se tourner. Alors que l’augmentation des qualifications entraîne une hausse du nombre de cadres et de techniciens parmi les jeunes générations, deux tiers des jeunes estiment que les syndicats défendent l’ensemble des travailleurs. Cependant, 63% d’entre eux estiment que les syndicats s’adressent principalement aux ouvriers et employés. De plus, près d’un tiers des jeunes admettent manquer d’informations sur les droits des travailleurs et autant prétendent ne pas avoir le temps de s’impliquer.

70% sont prêts à s’impliquer

Inversement, les raisons qui peuvent inciter à adhérer à un syndicat sont réellement présentes. En premier lieu, 39% y perçoivent l’opportunité de “participer à l’amélioration des conditions de travail de leurs pairs” et presque le même nombre (37%) y voit une façon d’être “mieux renseigné sur leurs droits en tant qu’employé ou fonctionnaire” tandis qu’un tiers met en avant le sentiment de “se sentir nécessaire”. C’est un chiffre modeste, mais c’est aussi conséquent, par rapport au taux de syndicalisation chez les moins de 40 ans.

70% des individus de 35 ans ou moins semblent disposés à s’impliquer dans une cause, mais ils sont également très attirés par les mouvements citoyens, avec 60% d’entre eux qui les soutiennent. Lorsqu’on leur demande quelles sont les organisations les plus séduisantes pour s’engager, les associations sont mentionnées par 40% des jeunes interrogés, avec une préférence plus marquée chez les femmes. Les “collectifs”, les syndicats de travailleurs (plus populaires chez les hommes) et les ONG sont légèrement en retrait, ne recueillant que 15 à 18% des voix.

Comarmond Leïla

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