Tabac : une augmentation imminente des prix en Janvier 2024, la contrebande en hausse

Tabac : une augmentation des coûts prévue pour janvier

Le coût moyen d'un paquet de cigarettes va monter de près de 40 à 50 centimes au début de l'année 2024. Les vendeurs de tabac craignent le commerce illégal, tandis que les recettes fiscales générées sont bien inférieures aux attentes de l'Etat.

Par Sébastien Dumoulin et Solenn Poullennec

L'année prochaine, les fumeurs devront encore une fois faire face à une augmentation financière. Le coût d'un paquet de cigarettes, qui a déjà augmenté de plus de 8 à 11 euros en moins de cinq ans, va continuer à grimper en janvier – avec une hausse approximative de 40 à 50 centimes.

L'administration, qui est censée dévoiler son nouveau plan d'action contre le tabagisme ce mardi, avait effectivement assuré en septembre qu'elle n'augmenterait pas les impôts sur le tabac en 2024.

Pour empêcher que les prix des cigarettes chutent par rapport aux autres produits, l'année dernière, le Parlement a pris la décision de faire varier les taxes sur le tabac en fonction de l'inflation de l'année précédente plutôt que de l'avant-dernière année. De plus, la limite de 1,75% qui restreignait l'augmentation des taxes a été éliminée.

Les impôts composent plus de 80% du coût d'un paquet de cigarettes. Les régulations mises en place depuis le dernier printemps ont déjà fait augmenter le prix moyen d'un paquet à 11,14 euros en juin 2023, d'après les données de la Sécurité sociale.

Les tarifs des paquets qui seront mis à jour le 1er janvier prochain sont censés être annoncés en décembre. Cependant, les fabricants ont d'ores et déjà effectué leurs estimations en se basant sur un taux d'inflation de 4,7 % pour 2023. Bien qu'ils restent réservés concernant leurs plans tarifaires pour des motifs commerciaux, ils ne dissimulent pas que cela pourrait coûter cher aux consommateurs de tabac.

"Si les producteurs refusent d'assumer l'accroissement des taxes sur leurs bénéfices et la répercutent entièrement sur les clients, la hausse d'un paquet à 11 euros devrait être de 43 centimes", explique Romain Laroche, le directeur général de Seita.

Vers une hausse de prix pour atteindre 13 euros par paquet ?

L'augmentation des coûts pourrait être plus tentante pour les fabricants, surtout si les prélèvements destinés à financer l'organisme responsable de la réduction des déchets de cigarettes dans les lieux publics augmentent l'année prochaine. La confédération des marchands de tabac anticipe une hausse des prix du tabac d'environ 40 à 50 centimes l'année prochaine. Cela pourrait entraîner une augmentation du prix de certains paquets, tels que les Dunhill ou les Marlboro Red, à 12 euros dès le 1er janvier.

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C'est une autre attaque à nos finances qui, selon le gouvernement, ne sera pas la dernière. "C'est une augmentation graduelle qui a été approuvée l'année dernière", a déclaré le ministre des Comptes publics, Thomas Cazenave, sur Sud Radio. Il a ajouté que cela "nous mènera – en fonction de l'inflation – à environ 13 euros par paquet à la fin du mandat de cinq ans".

Il y a 12 millions de personnes qui fument. Est-ce que l'augmentation récente des prix du tabac entraînera une réduction de la consommation de cigarettes? Il est encore trop tôt pour le dire. Ces derniers temps, l'augmentation du coût des cigarettes a coïncidé avec une baisse des ventes. En 2018, 2 milliards de paquets de cigarettes ont été vendus en France. En 2023, on estime que les buralistes ne vendront qu'environ 1,5 milliard de paquets.

Cependant, les données sur la consommation de cigarettes, divulguées par Santé publique France, révèlent une constance importante sur plusieurs années. Près de 12 millions de Français sont encore fumeurs. Comment parviennent-ils à consommer autant tout en achetant moins chez les revendeurs de tabac ? Ils se tournent probablement vers le tabac importé, que ce soit de manière légale ou illégale.

Des installations secrètes

La capture de cigarettes illégales par les autorités douanières a connu une augmentation spectaculaire. En 2022, environ 650 tonnes ont été saisies – une augmentation de 60% par rapport à 2021, qui était déjà une année sans précédent. De plus, l'année dernière, les douaniers ont déniché pas moins de cinq installations secrètes de production de tabac sur le territoire français.

Les marchands de tabac attribuent ce phénomène à la politique fiscale et mettent en évidence les risques liés à une nouvelle hausse des impôts. "Notre système fiscal a créé et alimenté le marché noir", se plaint Philippe Coy, qui dirige la Confédération des buralistes.

Ceux qui sont engagés dans la bataille contre le tabagisme ne sont pas d'accord. L'augmentation des coûts attribuée à l'inflation « n'est absolument pas assez pour réduire la consommation », selon François Topart du Comité national contre le tabagisme (CNCT), qui demande une augmentation supplémentaire des impôts.

En ce qui concerne les revenus fiscaux, les retombées des récentes augmentations sont pour le moins contrastées. Lors de la conception du projet de budget pour 2023, le ministère des Finances espérait un surplus de 600 millions d'euros dans les coffres du gouvernement. Ce pronostic s'est révélé trop ambitieux. Les impôts sur le tabac devraient finalement générer 13,7 milliards en 2023, soit une diminution de 60 millions par rapport à l'année précédente.

Suite à une augmentation constante et un sommet remarquable en 2020 et 2021 atteignant les 14,8 milliards d'euros (au moment où les confinements forçaient les fumeurs à faire leurs achats en France), les revenus des taxes sur le tabac atteignent leur limite.

Le plan budgétaire pour la prochaine année indique un bénéfice supplémentaire de 250 millions d'euros par rapport à 2023, ce qui représente une augmentation de 1,8%, une progression bien inférieure à l'inflation. Un représentant de Bercy admet que l'augmentation des impôts devient inefficace après un certain point. Il explique que cela n'a plus d'effet sur la santé et favorise plutôt le commerce transfrontalier et la contrebande.

Solenn Poullennec et Sébastien Dumoulin

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