Sport sur ordonnance : Vers une expérimentation de remboursement pour les patients cancéreux

L'essai du remboursement du sport prescrit va commencer

L'administration a suggéré de tester le financement de régimes d'activité physique adaptée pour les individus en traitement pour un cancer. Les représentants des patients et des compagnies d'assurance restent insatisfaits.

Par Solenn Poullennec

Alors que les Jeux Olympiques approchent, l'administration souhaite faire du sport un "enjeu national majeur". Cependant, elle progresse prudemment vers l'adoption par l'Assurance Maladie de séances d'exercice physique pour les personnes atteintes de maladies.

Lors de la revue du budget de la Sécurité sociale pour 2024 au Parlement, le gouvernement a suggéré de tester pendant deux années le financement de "programmes d'exercice physique sur mesure" pour les patients en traitement pour un cancer.

Les avantages qui sont "indéniables"

L'essai sera soutenu par le financement des organismes de santé régionaux et leur fonds d'intervention locale, selon une modification du gouvernement approuvée lors de la révision du budget de la Sécurité sociale au Sénat la semaine passée.

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Il n'y a plus de doute sur les avantages du sport personnalisé pour les personnes souffrantes, que ce soit pour diminuer les complications ou pour améliorer leur bien-être, a plaidé Agnès Firmin Le Bodo, la secrétaire d'État chargée de la Santé, devant le Sénat.

De retour au point de départ

"La modification ne fait que répéter quelque chose qui a déjà été votée en 2020 pour le diabète mais qui n'a jamais été appliquée", se plaint Jean-François Thébaut, vice-président de la Fédération française des diabétiques. C'est vraiment frustrant, on recommence à partir de rien, encore une fois".

Les mutuelles sont également prudentes quant à la possibilité de financer des programmes d'exercice physique adapté. "Cela pourrait être perçu comme une volonté de rembourser", indique la Mutualité Française. Toutefois, celle-ci insiste sur la nécessité de "discuter avec tous les acteurs impliqués" afin que les programmes offerts soient "facilement accessibles et remboursables".

Aucune tendance à prescrire

Selon une loi de 2016, les docteurs ont la possibilité de recommander des sessions d'activités physiques adaptées (APA) à des patients en souffrance. Toutefois, la plupart des médecins n'ont pas l'habitude de prescrire l'APA à des fins thérapeutiques, remarquait l'Assurance Maladie dans un rapport diffusé l'été passé.

Essentiellement, les programmes de "sport prescrit" ne sont pas couverts par l'assurance santé. "C'est un véritable obstacle à leur expansion", ont observé des sénateurs du groupe Les Indépendants, dans une proposition similaire à celle présentée par le gouvernement.

Annulation d'une modification

Cet été, l'Assurance Maladie avait d'ailleurs recommandé de permettre le remboursement des activités physiques adaptées pour certains groupes de patients souffrant de maladies chroniques.

Dans cette perspective, l'administration avait proposé une modification au projet de budget de la Sécurité sociale pour initier la couverture du "sport sur prescription" par l'Assurance Maladie pour les personnes atteintes de cancer et également celles souffrant de diabète. Cependant, cette proposition a finalement été annulée.

"Abandonnée au profit de Bercy"

La Fédération française des diabétiques, entre autres, a exprimé son mécontentement. Elle a regretté que l'activité physique adaptée soit "abandonnée encore une fois pour les besoins de Bercy". Bien que le gouvernement dise vouloir prioriser la prévention, il doit aussi faire face à une augmentation considérable des coûts de santé qui accentue le déficit de la Sécurité sociale.

Pascale Mathieu, qui dirige le Conseil de l'Ordre des masseurs-kinésithérapeutes, comprend la retenue des autorités gouvernementales. Elle reconnaît que certains pays ont cessé de rembourser ces séances, constatant qu'elles n'apportent pas forcément des avantages durables, surtout lorsqu'elles sont interrompues, les gains obtenus se perdent. Toutefois, les kinésithérapeutes aimeraient avoir la possibilité de prescrire de tels exercices physiques.

Cette semaine, l'Assemblée nationale examine à nouveau le projet de budget de la Sécurité sociale lors d'une deuxième lecture. Le texte est destiné à être adopté sans vote (via l'utilisation de l'article 49.3), ce qui donne au gouvernement le pouvoir de décision final.

Solenn Poullennec

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