Enquête exclusive – La révision de la loi du travail en France est appréciée par le public
Plus de 60% des citoyens français pensent que la réorganisation récente du service public d'emploi pourrait réduire le taux de chômage, selon une étude menée par Elabe pour "Les Echos" et l'Institut Montaigne. Cependant, beaucoup pensent que cela ne sera pas suffisant, en soulignant en particulier les bas salaires qui ne motivent pas la reprise du travail.
Par Alain Ruello
Une réforme qui trouve grâce aux yeux du public ? C'est assez inhabituel pour mériter d'être mentionné. Suite au rejet massif de la réforme des retraites dans les enquêtes d'opinion, le gouvernement peut se féliciter que le projet de "France travail" reçoive, sinon un vote massif d'approbation, du moins une large satisfaction parmi les Français. C'est ce que révèle un sondage d'Elabe pour "Les Echos" et l'Institut Montaigne, alors que le gouvernement continue de viser l'objectif du plein emploi d'ici 2027.
Lorsqu'on leur a demandé si certaines des actions de ce plan de restructuration du service de l'emploi aideraient à réduire le chômage, la majorité des personnes interrogées ont répondu affirmativement. Près des deux tiers croient que l'enregistrement obligatoire des bénéficiaires du RSA à France travail (afin qu'ils soient guidés et supervisés vers la bonne organisation) serait bénéfique.
LFI n'a pas rejeté l'idée de travailler quinze heures
L'idée de renforcer les contrôles pour ceux qui cherchent un emploi est aussi populaire, bien que légèrement moins (62 %). De même pour l'objectif d'améliorer la coordination entre les différents acteurs (Pôle emploi, maintenant France travail, les missions locales, les collectivités, etc.) ou l'exigence pour un bénéficiaire du RSA de faire quinze heures d'activités par semaine, sous peine de suspension de son allocation (61 % et 60 % de oui respectivement).
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En parallèle (bien que cette action ne soit pas directement incluse dans le projet France travail), l'idée d'annuler les indemnités de chômage après deux refus d'emploi à durée indéterminée est perçue comme efficace par seulement 53% des personnes interrogées. "Cette proposition suscite un peu moins d'adhésion, mais demeure largement appuyée", relève Vincent Thibault, directeur conseil opinion chez Elabe.
Globalement, bien que ces mesures soient logiquement soutenues par les électeurs du centre et de la droite, les partisans de Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon ne les rejettent pas catégoriquement. Par exemple, 60% des personnes qui ont voté pour la candidate du RN au premier tour de l'élection présidentielle et presque la moitié de ceux qui ont soutenu le chef des Insoumis pensent que la mesure concernant les quinze heures d'activités contribuera à la réduction du chômage.
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"La refonte du travail en France n'est pas source de division", déclare Vincent Thibault, même si, malgré ces retombées positives pour l'administration, il pense que les Français restent prudents. Selon eux, le taux de chômage actuel est dû à trois facteurs clés.
La moitié des personnes interrogées indiquent que les faibles salaires ne les motivent pas à retrouver un travail, une augmentation de 7 points par rapport à une enquête réalisée début août. Près de 45% (-11 points) estiment que le système d'allocations chômage n'offre pas suffisamment d'incitations à reprendre le travail. Un peu plus de 40% (+5 points) soulignent le fardeau des charges imposées aux entreprises. Il existe une nette division politique sur chacun de ces points entre la droite et la gauche.
"Les citoyens français ont saisi que les facteurs du chômage sont variés et que l'initiative de France travail n'est pas la seule solution à cette problématique", explique Vincent Thibault. En termes simples, France travail propose une partie de la solution au problème du chômage, mais pas l'entièreté, et cela se produit alors que les négociations avec les acteurs sociaux sur la conservation des postes pour les travailleurs de plus de 50 ans commencent.
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Ruello Alain
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