Révision de l’assurance-chômage et déficit budgétaire : Gabriel Attal met syndicats et patronat sous pression

Gabriel Attal met la pression sur les syndicats et les patrons concernant l'assurance-chômage et le déficit

Bien que le discours du Premier ministre mercredi ait été moins autoritaire que ce que certains redoutaient, il a tout de même exercé une pression sur les syndicats pour revoir les modalités de compensation du chômage. Les patrons, quant à eux, sont principalement préoccupés par les possibilités de réduction du budget.

Par Leïla de Comarmond

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Feindre de lâcher les rênes tout en les gardant fermement en main. C'est l'exercice auquel le Premier ministre s'est adonné mercredi soir concernant l'assurance-chômage. D'un côté, un discours rassurant sur le retard accumulé dans les négociations concernant l'emploi des personnes âgées – un délai supplémentaire jusqu'au 8 avril a été "octroyé". De l'autre, une confirmation de la révision des règles d'indemnisation avant l'été, malgré le fait que la réforme précédente n'a pas encore été mise en œuvre. Cela implique certes une négociation, mais sous une pression énorme et rapidement, pour une mise en œuvre prévue à l'automne.

La ministre du Travail, Catherine Vautrin, a affirmé ce jeudi matin sur Franceinfo que « le but est de collaborer tous ensemble ». Cependant, il est évident que cette tâche risque d'être très délicate avec les syndicats.

Un défi risqué pour les syndicats

Un syndicaliste exprime son inquiétude, craignant que le gouvernement ne limite tellement les négociations qu'il sera impossible de parvenir à un accord avec les employeurs. Il anticipe un contrôle total de l'assurance-chômage par l'État. "Dans deux ans, nous rétablirons l'assurance-chômage complémentaire pour les employés du secteur privé, comme c'était le cas avant 1958."

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Il est indéniable que la proposition audacieuse de Gabriel Attal mercredi, incluant une autre réduction de la période maximale de compensation, qui a déjà été réduite de 24 à 18 mois, est perçue comme une provocation par les syndicats, même si cela ne va pas "au-dessous de 12 mois". "Pour la cinquième fois depuis 2018, le gouvernement persiste avec les mêmes tromperies concernant les 'problèmes d'embauche'", a déclaré la CGT dans une déclaration jeudi.

"Symbole"

"La période de compensation est une valeur sacrée pour les syndicats, pour nous, notre symbole, c'est la conservation de l'assurance-chômage dans la cogestion", déclare de son côté un porte-parole des employeurs, qui s'attendait à une intervention plus directive de la part du leader du gouvernement. Il espère que malgré tout, il y aura des possibilités de négociation pour maintenir le rôle des acteurs sociaux dans le système, un facteur que les syndicats devront prendre en compte dans leur stratégie.

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Les préoccupations des entreprises se concentrent principalement sur les efforts de l'État pour diminuer le déficit budgétaire colossal. Quant aux artisans et aux professions indépendantes de l'U2P, très favorables aux soutiens à l'apprentissage, ils se montrent optimistes, mettant en avant l'option d'économies qui consisterait à les réserver aux entreprises de moins de 250 employés.

Réduction drastique

La CPME n'est pas rassurée et exprime, dans un communiqué, ses inquiétudes face à ce qu'elle qualifie de « compétition effrénée pour remettre en question plusieurs allégements de charges qui sont censés compenser la hausse du coût du travail, ou de certaines mesures incorrectement appelées "aides aux entreprises" ». Elle exhorte le Premier ministre à « rester ferme ». Elle partage le même sentiment concernant les impôts sur la production.

Cette célèbre CVAE, que le gouvernement a assuré qu'elle serait progressivement supprimée avec une réduction d'un milliard d'euros en 2025, est naturellement la principale préoccupation du Medef, en plus d'une possible réduction sur l'apprentissage. Cependant, l'attention est actuellement davantage portée sur l'avenue Bosquet pour souligner les points de convergence.

En réponse à l'intervention de Gabriel Attal, le président, Patrick Martin, a noté que l'une des "lignes rouges" du Premier ministre, à savoir l'absence d'augmentation des impôts sur les entreprises, correspond également à la "ligne rouge" du Medef, qui s'assurera qu'elle ne soit pas dépassée.

Comarmond Leïla

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