Ces statistiques surprenantes concernant le travail des docteurs en médecine générale
Au milieu des discussions avec les syndicats de médecins indépendants concernant leur salaire, l'Assurance Maladie a diffusé une série d'informations sur les médecins généralistes. Elle minimise certaines alertes, même si la diminution du nombre de médecins est réelle et perceptible.
Par Solenn Poullennec
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Les docteurs en pratique privée sont préoccupés par le peu d'intérêt pour leur métier, mais tous les signes ne sont pas négatifs. Actuellement en pourparlers avec les syndicats de médecins concernant leur salaire et leurs conditions de travail, l'Assurance Maladie a récemment diffusé une série de chiffres sur la population et l'activité des médecins généralistes indépendants. Ces informations cruciales continuent d'alimenter les débats, qui se tenaient encore ce mercredi.
Bien qu'elles aident à contester certaines conceptions préconçues, elles révèlent également des modifications dans la méthode de travail des médecins. Un aperçu global.
· Le nombre d'établissements a grimpé de plus de 70% en une décennie
Au cours des derniers mois, les organisations syndicales ont intensifié leurs manifestations et appels à la grève pour attirer l'attention sur leurs conditions de travail, qui pourraient décourager les jeunes médecins à l'idée de lancer leur propre cabinet, alors qu'il est déjà souvent difficile pour les Français d'obtenir un rendez-vous. Malgré cela, le nombre de médecins généralistes qui ont ouvert leur cabinet a connu une augmentation constante au cours de la dernière décennie. En 2022, environ 2.360 généralistes se sont lancés (premières installations), un nombre qui a augmenté de plus de 70% par rapport à 2012.
· Les jeunes médecins établissent leur pratique quatre ans après avoir obtenu leur doctorat
Il est encourageant de voir que les médecins de famille tendent à s'installer plus tôt qu'auparavant. Le temps moyen pour s'installer après l'obtention du doctorat a diminué à moins de quatre ans (3,8 ans) en 2023, alors qu'il était presque de six ans (5,9) en 2011. De même, l'âge moyen des médecins de famille qui commencent leur pratique a diminué de 37 ans en 2011 à 35 ans en 2023. "Cela défie toutes les suppositions selon lesquelles les jeunes médecins hésitent à s'installer et préfèrent faire des remplacements pendant une période prolongée", félicite la directrice du syndicat MG France, Agnès Giannotti.
· Diminution de 3,5% du nombre de médecins généralistes en une décennie
L'augmentation des nouvelles installations de généralistes n'est pas assez pour équilibrer le nombre de ceux qui partent à la retraite. Plus d'un tiers des généralistes actuels ont plus de 60 ans, et le nombre de retraites chaque année a constamment augmenté, atteignant 2.330 l'année dernière, soit une augmentation de 40% en dix ans. En conséquence, le nombre de généralistes indépendants a légèrement diminué de 3,5% en dix ans, pour atteindre 52.150. Il s'agit d'une petite baisse, mais qui pose problème, car les besoins en soins de santé augmentent avec l'âge de la population.
· Les docteurs prennent leur retraite après 68 ans
C'est une bonne nouvelle pour les malades car les médecins généralistes ont tendance à travailler jusqu'à un âge de plus en plus avancé. En 2022, l'âge moyen pour arrêter de travailler était légèrement supérieur à 68 ans alors qu'il était de moins de 66 ans une décennie plus tôt. Cela aide à atténuer l'impact des retraites massives. Certains syndicats craignent cependant que de nombreux médecins arrêtent de travailler avant leur retraite en raison de conditions de travail épuisantes. Toutefois, l'Assurance Maladie a rétorqué que le nombre de cessations d'activités sans raison apparente est resté stable ces dernières années (environ 600).
· La proportion de médecins généralistes indépendants est maintenant fixe à 66%
Un autre souci pour les médecins indépendants est le manque d'intérêt pour la pratique en milieu urbain comparé au travail salarié. Certaines organisations syndicales craignent que les nouveaux médecins optent pour un travail moins stressant en tant que salariés, surtout dans des centres de soins d'urgence où les patients ne recevraient pas de suivi à long terme. C'est un avertissement à prendre avec des pincettes. Certes, la proportion de médecins généralistes indépendants (exerçant exclusivement ou en partie) a légèrement diminué au cours de la dernière décennie (de 68% à 66% en 2023). Néanmoins, elle s'est stabilisée ces dernières années.
· Il y a eu une diminution de 3% des interventions effectuées depuis 2016
En règle générale, un praticien de la médecine générale reçoit plus de 1.700 patients au minimum une fois par an. De plus, ce chiffre de patients (en suivi régulier) a connu une hausse de 5% depuis 2016. Parallèlement, le nombre d'interventions cliniques effectuées par chaque médecin a chuté de près de 3%. En d'autres termes, il semblerait que les médecins aient tendance à recevoir plus de patients mais moins fréquemment.
"Nous avons trouvé des solutions pour faire face à la crise médicale, par exemple en prescrivant des médicaments pour une durée plus longue et en réduisant la fréquence des consultations", déclare Patricia Lefébure, représentante du syndicat FMF. Cette situation n'est pas nécessairement négative. "Il est possible d'espacer les rendez-vous et de collaborer plus étroitement avec d'autres professionnels de la santé", soutient Franck Devulder de la CSMF.
· 25% des docteurs consultent plus de 2.000 patients chaque année
Il existe une grande variété dans le nombre de patients que les médecins voient chaque année. En 2022, un quart des praticiens généralistes avaient consulté plus de 2.000 patients au cours de l'année (fichier actif). À l'inverse, 25% des médecins avaient reçu moins de 1.170 consultations. Les différences entre les professionnels sont également significatives en ce qui concerne le nombre de patients suivis régulièrement.
L'objectif du gouvernement est d'accroître le nombre de citoyens français ayant un médecin référent. Une des questions clés de la discussion en cours est de trouver comment motiver financièrement les médecins à privilégier un suivi régulier des patients plutôt que des consultations ponctuelles. Agnès Giannotti de MG France souligne l'importance de rehausser le rôle du médecin référent.
· Les médecins généralistes plus récents effectuent en moyenne 600 actes de moins que leurs homologues plus expérimentés
Les médecins généralistes qui ont commencé à exercer entre 2016 et 2019 effectuent en moyenne 4 660 actes cliniques par an. C'est environ 600 de moins que ceux qui exercent depuis beaucoup plus longtemps (entre 1982 et 2001). Certains voient dans cette tendance le reflet d'un changement de mentalité des nouvelles générations en ce qui concerne le travail. « En général, les jeunes travaillent moins d'heures que les médecins plus âgés », dit Patricia Lefébure. « Cependant, ils passent aussi plus de temps en consultation ».
Solenn Poullennec
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