La reprise du travail après un congé maternité est toujours un défi pour les femmes en position de leadership
Selon une recherche réalisée par l'Apec et publiée ce jeudi, presque 50% des mères occupant des postes de direction considèrent que le retour au travail après l'accouchement est difficile. Elles critiquent surtout la manière dont l'entreprise les perçoit différemment une fois qu'elles reviennent.
De la part de Paul Tur
L'administration a pris la décision de modifier les dispositions du congé parental, invoquant principalement ses effets préjudiciables sur la progression professionnelle des femmes. D'après les principales concernées, la maternité est effectivement un défi dans le milieu professionnel. Près de la moitié (47%) des femmes occupant des postes de cadres qui ont vécu cette expérience regrettent une réintégration difficile dans le monde du travail, comme le révèle une enquête de l'Association pour l'emploi des cadres (Apec) qui a été rendue publique ce jeudi.
L'Apec a basé son travail sur une étude qualitative menée auprès de mères occupant des postes de direction, en utilisant des entretiens individuels et de groupe, ainsi qu'une enquête en ligne impliquant 12.400 cadres travaillant dans le secteur privé. Parmi ces personnes, 840 sont des femmes qui ont eu au moins un enfant au cours des dix dernières années. 14% de ces femmes ont trouvé très difficile de reprendre leur carrière après leur congé maternité, tandis qu'un tiers l'a trouvé plutôt difficile.
Femmes méprisées
Les femmes mentionnent divers facteurs comme étant à l'origine de leurs problèmes, dont plusieurs sont directement liés à leur statut de mères : gérer malgré l'épuisement (71%), le stress mental (71%), la détérioration de l'équilibre entre le travail et la vie personnelle (44%).
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Encore plus préoccupant, la perception de l'entreprise à l'égard de ces femmes se modifie. Plus de la moitié d'entre elles (56%) pensent qu'elles ont rencontré des obstacles pour « rester perçues comme des cadres dévouées à leur travail » après leur retour de congé.
Environ 28% des personnes interrogées ont affirmé avoir été victimes de «discriminations et commentaires sexistes liés à la maternité» dans leur environnement de travail. Pour 32% des nouvelles mères, le niveau de soutien et de compréhension de leur supérieur direct a diminué. Près d'une femme sur cinq a également remarqué une diminution de l'intérêt (23%) et du niveau de responsabilité (19%) dans les tâches qui leur sont attribuées.
Impacts persistants sur la progression professionnelle des mères
Selon l'Apec, l'explication est claire : les sociétés ne mettent aucun dispositif en œuvre pour aider les femmes à reprendre le travail après un congé maternité. En effet, 71% des cadres ayant été dans cette situation moins de dix ans auparavant attestent que les entreprises ne proposent pas d'arrangements concrets pour elles.
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De nombreuses femmes interrogées regrettent l'absence de planification et de prévoyance lors de leur réintégration, en particulier lorsque des modifications significatives se sont produites au sein de leur entreprise. Certaines dénoncent une « surveillance renforcée, une perte de souplesse dans les horaires de travail, une exigence accrue de présence », comme si le fait d'être mère « semblait mettre en péril les principes de base du contrat de travail : indépendance, responsabilité, fiabilité », souligne l'enquête. Sans mentionner l'aspect de l'allaitement, qui reste un défi dans de nombreux milieux de travail.
En conséquence, trois quarts (74%) des mères occupant des postes de direction, ainsi que plus des deux tiers (69%) des cadres dans leur ensemble pensent qu'un congé de maternité "ralentit l'avancement professionnel des femmes pendant plusieurs années". Une grande majorité d'entre eux (respectivement 78% et 68%) admettent que "une femme ayant des enfants est entravée dans sa progression de carrière".
Paul Chapeau
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