Attal et Belloubet lancent une année scolaire unique et incertaine
Ce lundi, 12 millions d'étudiants ont repris leurs études et le gouvernement démissionnaire a initié une initiative contre l'intimidation à l'école. Cependant, l'instabilité politique soulève de nombreuses interrogations et met de nombreuses réformes en attente.
Par Frédéric SCHAEFFER
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Individuellement. L'ancien Premier ministre, Gabriel Attal, et l'ex-ministre de l'Education, Nicole Belloubet, ont choisi de se distinguer lundi, lors de la rentrée scolaire qui concernait 12 millions d'étudiants et plus d'un million de personnels. Ils voulaient être présents sur le terrain, tout en soulignant leurs divergences, alors que le ministère de l'éducation traverse une période sans précédent, sans un ministre officiel et avec de nombreuses réformes dont le futur est incertain.
Gabriel Attal a souligné que la rentrée scolaire est le résultat d'un effort qui a été entrepris depuis plusieurs mois, pour apaiser les préoccupations liées à l'instabilité politique de cette rentrée atypique. Le Premier ministre sortant avait décidé de visiter une école primaire dans les Hauts-de-Seine au lieu d'un collège, alors qu'une des innovations majeures de cette rentrée est la mise en place de groupes de soutien en français et en mathématiques pour les élèves de 6e.
Mouvement contre l'intimidation
Ces groupes, qui étaient une initiative clé de son programme "choc des savoirs" qu'il avait dévoilé fin 2023 lorsqu'il était en charge de l'Éducation nationale, sont fortement contestés par une large frange du secteur éducatif. En réalité, la majorité des collèges mettront en place cette nouvelle initiative "au strict minimum", en raison de l'opposition de principe et du manque de ressources. Ces groupes, qui sont supposés concerner également les élèves de 4e et 3e l'année prochaine, seront mis en œuvre "avec flexibilité et réalisme", a admis la ministre démissionnaire Nicole Belloubet ces derniers mois.
Bien que Gabriel Attal ait mentionné sa réforme du "choc des savoirs", il a surtout utilisé la rentrée scolaire pour lancer une "nouvelle campagne contre le harcèlement scolaire", un problème qu'il avait rapidement abordé lors de son arrivée rue de Grenelle. "C'est un problème crucial qui nécessite d'être abordé de front, mais mettre en avant ce problème consensuel lors de cette rentrée scolaire est également une façon d'éviter de discuter des problèmes controversés", selon Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat des enseignants SNES-FSU, le principal syndicat du secondaire.
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L'un des problèmes majeurs de cette rentrée scolaire est la question du manque de professeurs et de postes vacants en raison de leur insuffisance. "Nous nous efforçons sincèrement de fournir un enseignant à chaque classe", a annoncé Nicole Belloubet sur France Inter, avant de visiter des écoles à Bourg-la-Reine et Orléans. La ministre n'a pas nié la possibilité de l'absence de certains enseignants "ici et là", mais elle a affirmé qu'ils seront présents "dans la plupart des cas".
Le métier d'enseignant continue de perdre de son attrait, avec plus de 3.000 postes vacants suite aux concours. "Nous avons néanmoins fait des efforts et recruté, parfois dès le 1er juin, du personnel contractuel", a affirmé la ministre. "Les concours pour devenir enseignant n'ont pas été remplis et il restait environ 1.300 offres d'emploi juste avant la rentrée", note Sophie Vénétitay, regrettant que "comme ceux qui l'ont précédée, Nicole Belloubet restera dans les mémoires comme la ministre qui n'a pas réussi à pourvoir chaque classe d'un enseignant".
Incertitude sur la refonte du brevet
Il existe également une question concernant le futur de la révision du brevet. Gabriel Attal avait l'intention de faire du diplôme un prérequis pour l'entrée au lycée à partir de 2025. La réforme a également pour but d'augmenter la proportion du contrôle continu à 40%, pour accroître la part des examens de fin d'année à 60% de la note finale, comparé à une division égale de 50/50 cette année.
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L'élaboration des textes concernant ces nouvelles méthodes a été néanmoins retardée à cause de la démission du gouvernement. Cependant, la ministre de l'Education a confirmé qu'après la fin de la période des affaires en cours, nous devrions être en mesure de publier ces textes pour qu'ils soient effectifs pour le brevet 2025. Par ailleurs, l'idée de rendre obligatoire l'obtention du brevet pour accéder à la classe de seconde est pour l'instant mise en pause, et il reviendra au futur gouvernement de prendre une décision à ce sujet, a admis Nicole Belloubet.
Pour quelques étudiants, la reprise des cours est également caractérisée par le test de la classe de "préparation à la seconde" ou de la "pause digitale", envisagée dans environ 180 collèges, dans l'optique d'une possible extension en janvier 2025. Bien que les collégiens soient déjà privés d'utilisation de leur téléphone portable à l'école depuis 2018, ils seront cette fois contraints de le laisser à l'entrée.
La confusion politique n'a pas entravé notre capacité à recevoir convenablement les étudiants et les professeurs, mais il est impératif que nous obtenions des clarifications sur l'avenir de certaines affaires en attente, car la préparation pour la rentrée 2025 commence dès décembre", explique Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du principal syndicat des directeurs d'établissements, le SNPDEN. "Nous avons besoin d'une direction claire, mais aussi d'une nouvelle approche", avertit la secrétaire générale du SNES-FSU.
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