Reluctance des Collectivités Locales à Octroyer la Prime de Pouvoir d’Achat: Un Dilemme Économique

Les autorités locales sont réticentes à octroyer la prime de pouvoir d'achat. Les collectivités ont la possibilité de donner une prime spéciale à leurs employés qui gagnent moins de 3.250 euros brut par mois. Cependant, nombre d'entre elles affirment qu'elles ne sont pas en mesure financière de le faire.

Par Laurent Thévenin

Il ne semble pas courant que les travailleurs qui gagnent moins de 3250 euros brut par mois reçoivent une prime exceptionnelle de pouvoir d'achat dans les collectivités locales. Ce n'est pas du tout le cas partout… Contrairement à la fonction publique d'Etat et à la fonction publique hospitalière où tous les travailleurs qualifiés la reçoivent, les dirigeants locaux ont le choix de l'appliquer ou non.

La question de son allocation sera discutée lors de la prochaine réunion du Conseil de Paris qui débutera ce mardi dans la ville principale. Olivia Polski, l'assistante d'Anne Hidalgo responsable des ressources humaines, a déclaré jeudi que leur administration est l'une des rares à avoir la capacité de le faire. Pour chaque niveau de salaire, la mairie a fixé des montants en fonction du plafond établi par le décret du 31 octobre, avec des primes variant de 300 à 800 euros (pour les salaires les plus bas). Plus de 38 000 employés profiteront de ces primes, ce qui coûtera 19 millions d'euros à la ville.

La ville de Lyon est aussi censée approuver cette prime cette semaine, avec une estimation de 2,72 millions d'euros.

Paiement en un ou plusieurs tranches

De nombreuses municipalités ou intercommunalités de diverses dimensions (comme Lille, l'Eurométropole de Strasbourg, Dijon, Bayonne, Vire Normandie, la communauté de communes Coeur de Lozère, etc.) ainsi que certains conseils départementaux ou régionaux (tels que Haute-Garonne, Doubs, Occitanie, Nouvelle-Aquitaine, entre autres) ont déjà adopté cette mesure. Le document indique la possibilité de payer cette prime en une ou plusieurs tranches jusqu'au 30 juin prochain.

Plusieurs communautés déclarent qu'elles ne peuvent pas accorder un tel bonus, étant donné que la majorité de leurs employés sont des agents de catégorie C. « Dans notre communauté urbaine, nous estimons que la moitié des villes accorderont le bonus », suppose un maire de la région parisienne. « Dans le département de la Loire, plus de 80% des villes ne le feront pas », note Yves Nicolin, le maire (LR) de Roanne et le président de l'association départementale des maires.

Aussi à noter :

Le salaire des employés de l'Etat demeure au-dessus du salaire minimum.

Il n'envisage pas de l'implémenter dans sa propre ville. "C'est complètement irréalisable", se justifie-t-il, regrettant que "le gouvernement, qui a établi les règles et laissé les collectivités assumer la responsabilité, ne fournisse pas d'aide" pour leur permettre de distribuer cette prime.

Il n'a pas montré plus d'enthousiasme à l'idée de l'introduire au sein de la communauté d'agglomération qu'il dirige. "Pour l'agglomération, cela pourrait être financièrement faisable, mais j'opte plutôt pour des mesures qui ne sont pas occasionnelles, comme une hausse de la valeur nominale des chèques-repas pour les employés, par exemple", précise-t-il.

"Cela va coûter une somme importante"

Des demandes sont naturellement exprimées. À Issoudun (Indre), la question est actuellement en discussion entre la municipalité et les syndicats. "Ils me présentent des requêtes raisonnables et je vais tenter d'y répondre. En théorie, je pense que ce serait équitable pour les employés. Mais cela va coûter une somme importante, d'autant plus que cette prime est lourde", fait remarquer André Laignel, le maire socialiste de la localité. Près de 220 de ses 240 travailleurs municipaux pourraient être touchés.

Aussi à noter :

Les employés municipaux de Besançon recevront la prime de pouvoir d'achat.

Face à la protestation de ses employés, Gil Avérous, le maire de Châteauroux du parti Les Républicains et président de son agglomération, a finalement consenti à entamer des discussions en janvier, malgré sa précédente déclaration selon laquelle il ne le ferait pas à cause de la contrainte budgétaire. "La majorité d'entre eux gagnent le salaire minimum et ont du mal à joindre les deux bouts", dit-il. Il estime également qu'il serait difficile de ne pas faire un geste de bonne volonté, étant donné qu'ils seront fortement sollicités par les Jeux olympiques et paralympiques, Châteauroux étant l'hôte des compétitions de tir.

Il a déjà été décidé d'allouer un budget de 400 000 euros pour la ville, l'agglomération et le centre communal d'action sociale. Étant donné que près de mille employés peuvent en bénéficier, les primes varieront de 300 à 450 euros environ. Il explique que le budget 2024 pourrait devoir être ajusté en cours de route et que certains investissements pourraient devoir être réévalués si les marges budgétaires nécessaires ne sont pas disponibles.

Laurent Thévenin

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