Réforme des retraites agricoles : Accusations d’inaction contre le gouvernement

Les agriculteurs accusent le gouvernement de retarder leur retraite

Suite à des manifestations massives pour signaler leurs problèmes, les agriculteurs exhortent le gouvernement à progresser sur la réforme qu'il avait promis l'année précédente pour augmenter leurs pensions de retraite. Les législateurs de droite s'impliquent également.

Par Solenn Poullennec

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À l'approche de l'inauguration de leur Foire à Paris ce samedi, les agriculteurs anticipent des progrès hâtifs concernant la réforme destinée à améliorer leurs pensions de retraite. Une rencontre est programmée ce vendredi à Matignon avec des délégués du domaine pour faire avancer les choses, d'après nos sources. "C'est l'une des limites à ne pas franchir", alerte Luc Smessaert, vice-président de la Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FNSEA), le syndicat agricole le plus important.

Au début de l'année 2023, le Parlement a unanimement approuvé une loi proposée qui stipule que la retraite des agriculteurs sera calculée sur la base de leurs 25 années les plus lucratives plutôt que sur l'ensemble de leur carrière. Cela devrait augmenter leurs pensions de retraite, qui sont actuellement en moyenne plus basses que celles des autres citoyens français (environ 1.200 euros brut par mois, en incluant la retraite complémentaire, contre plus de 1.500 euros). Cette mesure pourrait notamment atténuer l'impact des catastrophes agricoles sur les revenus des agriculteurs.

Un projet hautement complexe

Cette révision est supposée entrer en vigueur en 2026, cependant, le gouvernement n'a pas encore détaillé ses plans de mise en œuvre. Pour le plus grand mécontentement des agriculteurs qui lui ont reproché de tarder et qui ont massivement manifesté dans les rues récemment pour mettre en lumière leurs nombreuses difficultés. Bien qu'il ait répondu à plusieurs de leurs demandes pour essayer de calmer la situation, le gouvernement a été prudent sur la question des retraites. Cependant, il doit faire un « bilan » de ses promesses envers les agriculteurs ce mercredi.

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Vers la fin du mois de janvier, un rapport a été soumis au Parlement, clarifiant la mise en œuvre de ce projet complexe, qui fait suite à deux réformes récentes concernant les petites retraites agricoles. Ce rapport, publié après quelques mois de retard, suggère une transition graduelle vers le nouveau système de calcul des retraites, tout en soulignant qu'il pourrait y avoir des personnes défavorisées par ce changement et que les systèmes informatiques du régime pourraient être fortement sollicités.

"Le rapport a été principalement conçu pour retarder l'affaire", se plaint Luc Smessaert de la FNSEA. Selon le syndicaliste, l'étude réalisée est insuffisante et semble être motivée par le désir de réduire le coût de la réforme pour le gouvernement.

Forcer le gouvernement à prendre position

Certains sénateurs du parti Les Républicains ont également exprimé leur désaccord, soutenant que le rapport "n'offre pas de solutions satisfaisantes à l'exigence de justice" de la loi de 2023. Critiquant, entre autres, des "estimations très incertaines", ils ont introduit une proposition de loi visant à clarifier davantage comment mettre en œuvre la réforme. Le texte doit être débattu à la mi-mars.

"Nous visons à pousser le gouvernement à proposer une solution qui répond aux besoins", déclare le sénateur LR Philippe Mouiller, l'instigateur de cette proposition et le chef de la commission des Affaires sociales au palais du Luxembourg. "Il est crucial de progresser sur ce sujet cette année", affirme le député LR, Julien Dive, qui a initié la loi de 2023 et s'est montré frustré par le manque d'initiative de l'exécutif sur ce sujet. "Il se peut que certains soient désavantagés, mais dans ce cas, il faut leur donner le choix du mode de calcul", propose-t-il.

Ceux qui soutiennent l'augmentation des retraites argumentent que cela n'impliquerait pas nécessairement la nécessité pour l'État de trouver de nouveaux moyens de financement. Ils affirment que le changement proposé dans la manière dont les travailleurs indépendants cotisent pourrait générer des fonds supplémentaires pour le système de retraite des agriculteurs.

Solenn Poullennec

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