Reflux de l’inflation en France : Prévisions confirmées pour 2024 malgré une légère hausse en fin d’année 2023

On s'attend à ce que l'inflation en France commence à diminuer en 2024. En décembre, l'augmentation des prix a légèrement augmenté à 3,7 % sur un an, comparativement à 3,5 % en novembre, selon une estimation temporaire publiée ce jeudi par l'Insee. Toutefois, l'inflation devrait continuer à baisser dans les mois à venir, à moins d'événements imprévus.

De la plume de Nathalie Silbert

Il y a eu une petite augmentation de l'inflation vers la fin de l'année. En décembre, la croissance des prix en France a légèrement augmenté à 3,7% en une année, en comparaison avec 3,5% en novembre, selon l'évaluation provisoire publiée par l'Insee ce jeudi matin. Mesurée par l'indice européen harmonisé IPCH, elle s'est élevée à 4,1% le mois précédent, comparé à 3,9% un mois auparavant.

L'Institut de la statistique prévoyait cette augmentation en fin d'année. Cela est dû à la montée rapide des coûts de l'énergie et des services: les premiers ont connu une augmentation de 5,6% en un an, comparé à 3,1% en novembre, alors que les seconds ont augmenté de 3,1% (après 2,8%). Par contre, l'inflation sur les produits alimentaires a diminué à 7,1% en un an. Les prix des biens manufacturés se sont également stabilisés.

Fluctuation temporaire

Dans l'espace d'un mois, il n'y a eu qu'une hausse de 0,1 % des prix. Le point positif est l'arrêt de l'augmentation des coûts dans les allées de nourriture, grâce à la baisse des prix des produits transformés.

Le bilan de décembre conclut une année 2023 agitée en termes de fluctuations de prix. Il y a douze mois, l'inflation se rapprochait dangereusement des 6 %. Si l'Insee ne change pas son pronostic, l'inflation devrait s'élever en moyenne à 4,9 % pour l'année passée, comparé à 5,2 % en 2022. Pour mettre en perspective, l'économiste Philippe Waechter, d'Ostrum Asset Management, souligne sur son blog que le taux moyen d'inflation de 1999 à 2020 était seulement de 1,4 %.

Pour l'année 2024, la majorité des économistes prévoient une continuation du déclin de l'inflation, bien qu'ils ne soient pas tous d'accord sur le rythme de ce phénomène. L'Insee, par exemple, prévoit un taux d'inflation de 2,6 % sur une année à partir de juin prochain, tandis que Patrick Artus, conseiller économique chez Natixis, pense qu'il devrait se situer autour de 3,4 % en moyenne pour l'année 2024. Les effets de la stratégie de restriction monétaire mise en œuvre par la Banque centrale européenne devraient continuer à se faire sentir en ralentissant la reprise économique.

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On s'attend à ce que le déclin de l'inflation alimentaire se poursuive, selon l'Insee, elle pourrait même atteindre 1,9% en un an à la fin du mois de juin, suite à la baisse des prix agricoles à la production (une chute de 10% en un an). Cependant, l'issue des négociations entre les entreprises agroalimentaires et les grands détaillants sera cruciale. L'Association nationale des industries alimentaires a indiqué au journal "Le Monde" la veille de Noël qu'elle s'attend à une augmentation des prix alimentaires "entre 2 et 3% en 2024".

Augmentation de la capacité d'achat

L'Insee prévoit que l'impact de l'énergie sur l'inflation restera "limité". En février, il est probable que la protection tarifaire sur les coûts de l'électricité soit partiellement réduite. Cependant, le ministère des Finances a assuré que la hausse de la facture n'excéderait pas 10 % pour les consommateurs individuels.

À moins d'un imprévu, on s'attend à ce que l'inflation en 2024 soit principalement propulsée par les prix des services. Ces derniers sont fortement influencés par les coûts du travail. D'ailleurs, un grand nombre d'économistes prévoient que les salaires vont croître plus rapidement que l'augmentation des prix.

En conséquence, la capacité d'achat des familles s'améliorerait. Calculé par personne, il connaîtrait une hausse de 0,8 % cette année, d'après la Banque de France. Cela donnerait un coup de pouce à la consommation en la rendant plus dynamique (+1,5 %, suite à +0,7 % en 2023) et en stimulant la croissance économique française avec une contribution positive de 0,8 point au PIB.

Augmentation des coûts du transport maritime

Cependant, plusieurs facteurs imprévisibles entrent en jeu dans ces prévisions. Que ce soit le conflit au Moyen-Orient, les troubles dans la mer Rouge ou la montée des tensions entre la Russie et l'Ukraine, les problèmes géopolitiques intensifient les incertitudes concernant l'évolution des coûts du pétrole et du gaz. Les assauts contre les navires commerciaux présagent, dans les mois à venir, une augmentation des coûts du transport maritime, ce qui pourrait ralentir la réduction des prix de production et causer des perturbations, notamment en rallongeant les délais de livraison.

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Quoi qu'il en soit, l'inflation perdurera en 2024. Autrement dit, sauf quelques exceptions, les coûts continueront de grimper. "Il est peu probable que nous connaissions une augmentation modérée des prix comme celle des années 2010, pour des raisons structurelles", met en avant le directeur général de Rexecode, Denis Ferrand, dans sa lettre mensuelle.

Il y a plusieurs facteurs qui sont évidents, comme le prix de la transition vers une écologie durable, le désir de retrouver une indépendance industrielle, et la productivité française modeste.

Natalie Silbert

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