Recul des Métropoles sur les Restrictions des Véhicules Polluants : Le Cas de Aix-Marseille-Provence et Rouen

Problème de pollution de l'automobile : les grandes villes ralentissent sur les Zones à Faibles Émissions

La région d'Aix-Marseille-Provence a choisi de repousser indéfiniment la prochaine phase des restrictions pour les voitures qui polluent. Avec une amélioration de la qualité de l'air, la métropole de Rouen pense également que les véhicules Crit'air 3 devraient toujours avoir le droit de circuler sur son territoire à partir du 1er janvier 2025.

Par Laurent Thévenin et Anne Feitz

Les régions à émissions réduites (ZFE) sont une fois de plus sous le feu des critiques des responsables locaux. Suite à Rouen, qui a révélé à la mi-janvier que ses résidents devraient être exemptés de l'interdiction des véhicules Crit'Air 3 (voitures à essence enregistrées avant le 1er janvier 2006 et diesel enregistrées avant le 1er janvier 2011) début 2025, c'est désormais à Marseille de prendre position.

"J'ai choisi de ne pas appliquer le Crit'Air 3, qui était censé prendre effet le 1er janvier 2025 à Marseille. Je le repousse indéfiniment. Nous avons besoin de plus de temps, nous devons faire preuve de plus de tolérance", a déclaré dimanche Martine Vassal, la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence de divers droite, lors d'une interview à "La Tribune Dimanche".

"Zones de surveillance"

La Zone à Faibles Émissions (ZFE) établie au cœur de Marseille en 2022, qui interdit déjà les véhicules les plus nocifs pour l'environnement (classés Crit'air 4 et 5), devait être agrandie pour inclure les véhicules Crit'Air 3 dès le début de 2025. "Tout le monde n'est pas en mesure d'acquérir une voiture électrique dans un laps de temps aussi réduit", a-t-elle déclaré.

Est-ce une autre rébellion des représentants locaux ? En fait, ces mesures sont tout à fait légales, à condition que la qualité de l'air se soit réellement améliorée l'année précédente. Les lois d'orientation pour les mobilités (LOM) de 2019 et Climat et résilience de 2021, qui ont introduit les ZFE pour diminuer le nombre de morts dues à la pollution, avaient prévu leur mise en place généralisée à partir du 1er janvier 2025 dans les 43 agglomérations de plus de 150.000 résidents.

Pour en savoir plus :

Comment faire accepter aux Français les Zones à Faibles Émissions (ZFE) en milieu de pollution automobile.

Le paiement pour le stationnement se généralise dans les métropoles.

En fait, ces règles stipulent que seules les zones urbaines où la pollution atmosphérique a excédé certaines limites pendant au moins trois des cinq dernières années seront affectées, comme le souligne le ministère de la Transition écologique. Les autres zones seront classées comme des "zones de surveillance".

En juillet dernier, Christophe Béchu, le ministre, a dévoilé que d'après les récentes évaluations de la qualité de l'air, seules cinq villes seraient finalement contraintes d'interdire les Crit'Air 3 à partir du 1er janvier 2025. Il s'agit de Rouen, Marseille, Paris, Lyon et Strasbourg.

Augmenter la pureté de l'air

Cependant, en considérant les récentes mesures de la concentration de dioxyde d'azote (NO2), "la métropole de Rouen est sur le point d'entrer en zone d'alerte", a déclaré son président socialiste Nicolas Mayer-Rossignol dans une lettre envoyée à Christophe Béchu il y a trois semaines, qui n'a pas encore reçu de réponse.

Aussi à lire :

Les habitants de Paris optent pour une multiplication par trois des frais de stationnement pour les SUV.

À Marseille, il semble que Martine Vassal n'a pas mis en avant cet argument… néanmoins, certains analystes pensent que les limites seront bel et bien respectées. "Il semble politiquement délicat d'admettre qu'on ne suivra pas la loi malgré les conséquences sur la santé publique", murmure l'un d'entre eux.

Le but n'est pas de bannir les véhicules, mais plutôt de rehausser la qualité de l'air. Si la qualité de l'air s'améliore, il n'y a aucune nécessité d'imposer des restrictions qui ne serviraient qu'à gagner des votes ou à punir, a déclaré Christophe Béchu dimanche sur RTL. Là où il n'y a pas de violation, il n'y a pas de besoin de sanctions. Mais là où il y a violation, il est impératif de trouver des solutions pour y remédier. C'est dans ce contexte que Martine Vassal se prononce, a-t-il ajouté.

Surveillance des radars

Les données officielles, et donc les villes qui seront réellement touchées, seront révélées dans les semaines qui suivent. À Strasbourg, l'air est devenu plus pur en 2023. "Pour la première fois, toutes les stations de surveillance sont en dessous du niveau réglementaire de 40 µg/m3 pour le NO2 en moyenne annuelle", a déclaré l'Eurométropole lundi. "Le calendrier adopté par le conseil de l'Eurométropole est toujours en cours, même si les contrôles automatiques (lecture des plaques d'immatriculation) ne sont pas encore mis en œuvre", a souligné Pia Imbs, sa présidente.

Voir aussi :

DOSSIER – Contamination des voitures : informations essentielles sur les ZFE.

L'interrogation majeure concerne principalement la métropole du Grand Paris qui avait opté, en juillet dernier, pour un autre report de la date limite d'interdiction des Crit'Air 3, initialement fixée en juillet 2023, jusqu'au 1er janvier 2025.

Il y a aussi le problème des radars de surveillance, que le gouvernement doit approuver et sans lesquels toute interdiction sera inutile. Bien que leur mise en place n'était plus prévue avant la fin de 2024, le ministère promet maintenant de faire des annonces au comité ZFE "dans les semaines à venir".

Anne Feitz et Laurent Thévenin

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