Le marché du travail en France se contracte, mais pas autant qu'anticipé
L'Insee a annoncé mercredi que le nombre d'employés a augmenté de 0,1% au cours du troisième trimestre, ce qui représente 36.700 nouveaux emplois en France. C'est un résultat bien supérieur aux prévisions, malgré la confirmation du ralentissement du marché du travail.
Par Alain Ruello
La progression de l'emploi salarié a été pratiquement stagnante au cours du troisième trimestre, avec une augmentation de 0,1 %, identique à celle du trimestre précédent. Cela représente 36 700 emplois supplémentaires dans le secteur public et privé durant l'été, selon les données finales de l'Insee dévoilées ce mercredi matin. Même si la croissance est quasi nulle, elle dépasse néanmoins les prévisions initiales publiées au début du mois de novembre, qui prévoyaient une baisse de 17 000 dans le secteur privé uniquement, en raison d'une sous-estimation des retards de déclarations des entreprises.
Le nombre de postes salariés a augmenté à plus de 27 millions à la fin de septembre, ce qui représente une augmentation de 4,8% par rapport à la période précédant la crise de santé publique à la fin de 2019. Cela signifie qu'il y a plus de 1,2 million de postes additionnels, un tiers d'entre eux étant des contrats en alternance, comme le souligne l'Institut national de statistiques.
Confirmation d'une décélération
Notamment dans le secteur industriel, les effectifs (à l'exception des travailleurs intérimaires) ont progressé de 0,4 %, engrangeant près de 12.000 postes, ce qui est plus du double par rapport au deuxième trimestre. Par contre, le secteur de la construction a encore connu une diminution, de 0,3 % exactement, soit une perte de 5.500 emplois, après une chute de 4.600 emplois durant les trois mois précédents.
Il y a une décélération notable dans le secteur des services commerciaux, bien qu'il ne soit pas complètement à l'arrêt, les recrutements dans le commerce et l'hôtellerie ayant été plus vigoureux que prévu. Le secteur de l'intérim continue de voir une diminution de son personnel, tandis que le secteur public a ajouté 6 000 emplois à son effectif.
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Yves Jauneau, qui dirige la division de synthèse et de conjoncture du marché du travail à l'Insee, estime que l'augmentation de l'estimation provisoire n'affecte en rien l'observation générale. Il insiste sur le fait qu'il n'y a ni reprise, ni rebond, et que "l'emploi salarié est en déclin global, comme le démontrent nos dernières études de conjoncture sur les perspectives d'embauche".
Préoccupation
Bien que Bercy et le ministère du Travail aient rapidement exprimé leur satisfaction quant au passage d'une prévision de pertes d'emplois à une situation contraire, la diffusion de ces données coïncide avec une montée de l'angoisse au sein du gouvernement.
La fin des années prospères 2021 et 2022, qui ont marqué la fin de la pandémie, a également marqué la fin de la diminution du taux de chômage, malgré le fait que les entreprises signalent toujours des problèmes pour recruter du personnel. De nombreux économistes estiment que l'objectif d'Emmanuel Macron d'atteindre le plein emploi (c'est-à-dire un taux de chômage d'environ 5 % de la population active, par rapport au 7,4 % actuel) semble compromis, au moins pour la fin de son mandat.
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"L'économie est en train de récupérer une portion de la productivité qui a été perdue en raison du Covid, alors que l'activité économique diminue, ce qui va probablement entraîner des pertes d'emplois. La population active continue d'être vivante, en partie grâce à la réforme des retraites, ce qui va faire augmenter le taux de chômage", a récemment expliqué Eric Heyer, le chef du département d'analyse et de prévision de l'OFCE, lors des Journées de l'économie.
Accords de rupture et travailleurs âgés
Désireuse de stimuler l'économie, Elisabeth Borne a sollicité certains de ses ministres pour envisager de nouvelles modifications du marché de l'emploi ou des ajustements de certains mécanismes. La Première ministre prévoit de faire le bilan avec les personnes concernées début décembre. Une des possibilités envisagées concerne les accords de rupture, dont le nombre a grimpé de 77 % entre 2012 et 2022.
L'amélioration des conditions requiert également que les travailleurs qui ont dépassé 50, et surtout 60 ans, restent en fonction. Le report de deux ans de l'âge légal de la retraite augmentera automatiquement le taux d'emploi dans cette catégorie d'âge, mais ne modifiera pas le fait que ceux qui sont sans emploi restent souvent dans cette situation jusqu'à la retraite grâce à l'Unédic. C'est le défi de la discussion qui va débuter très bientôt entre les employeurs et les syndicats.
VIDEO. Un aperçu de la situation actuelle du marché de l'emploi en France
Alain Ruello
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