Ralentissement des augmentations salariales en 2024 : Les entreprises deviennent moins généreuses

Rémunérations : les sociétés sont moins prodigues en 2024

L'augmentation des budgets salariaux sera réduite à 3,6% pour les employés non-cadres et 3,4% pour les cadres en 2024, d'après l'analyse des accords de rémunération d'entreprise effectuée par le Groupe Alpha. Cette réduction des augmentations générales ne sera pas équilibrée par les hausses individuelles.

Par Leïla de Comarmond

Les patrons ne s'étaient pas préparés à l'augmentation rapide de l'inflation. Cependant, ils prévoient maintenant sa diminution. On s'attend à ce que l'année 2024 soit moins favorable en termes d'augmentation de salaire par rapport à l'année précédente.

Les recherches publiées vendredi par le Groupe Alpha indiquent ceci. Cette firme, qui offre notamment des conseils aux CSE, a minutieusement analysé environ 600 accords concernant les salaires soumis au ministère du Travail et affichés sur le site Légifrance, en date du 10 janvier dernier.

Première observation : bien qu'ils étaient auparavant minoritaires, les documents qui n'incluent pas de prévision d'augmentation de salaires, au total 127, représentent un peu plus d'un sixième des accords. Alice Rustique, qui travaille comme analyste au Groupe Alpha, met en évidence que les secteurs de la santé et de l'économie sociale, ainsi que les petites et moyennes entreprises de moins de 250 employés, sont particulièrement touchés.

Période de transition

L'analyse des 421 conventions qui prévoient des hausses de salaire confirme également cette transition. En général, les budgets négociés vont continuer à augmenter plus qu'en 2022.

Cependant, après une augmentation de 4,6 % en 2023, leur progression devrait descendre à 3,5 % en 2024 (3,6 % pour les non-cadres et 3,4 % pour les cadres). Ce déclin n'est pas uniquement attribué à la baisse de l'inflation, indique l'enquête. Il découle également du « ralentissement de l'économie et de la détente des pressions sur le marché du travail ».

La pause dans la diminution du taux de chômage déclenche un "réajustement du pouvoir en faveur des sociétés", indique le Groupe Alpha. Ils mettent en évidence que "pendant les trois dernières années, les hausses ont été alignées sur l'inflation sans la surpasser".

Une stratégie de rémunération plus spécifique

Il est prévu que cette année soit caractérisée par un retour à une stratégie de rémunération plus spécifique. L'augmentation de l'inflation avait déclenché une vague d'augmentations générales l'année précédente. Cette approche a dominé parmi les entreprises qui ont conclu un accord de rémunération pour 2024.

Cependant, elle a diminué pour tous les types de travailleurs. De même, l'utilisation et le montant du talon, qui représente une assurance d'une hausse minimale en euros destinée aux salaires les plus bas, ont également diminué.

L'année précédente, 70% des employeurs avaient accordé une augmentation salariale à leurs ingénieurs et cadres. Cette année, ce chiffre a chuté à 64%, bien qu'il soit toujours 5 points plus élevé qu'en 2022. L'augmentation salariale moyenne était de 2,69%. Par ailleurs, 80% des entreprises ont prévu d'augmenter les salaires de leurs ouvriers et employés, ainsi que ceux des professions intermédiaires, avec une augmentation moyenne de 3,14% et 3,04% respectivement.

La diminution des primes de partage de la valeur

La réduction de l'attribution des augmentations générales ne s'est pas reportée sur les augmentations individuelles. Cette tendance est restée stable pour les employés non-managers et a même diminué pour les managers, avec un budget réservé aux augmentations individuelles de 2,74% pour ces derniers, comparativement à 2,06% pour les travailleurs et employés et 2,12% pour les professions intermédiaires.

On pourrait penser qu'avec l'évolution de leur stratégie salariale, davantage d'entreprises choisiraient d'octroyer une prime de partage de la valeur (PPV). Ce n'est pas le cas. Seulement 30% des entreprises ayant conclu un accord salarial ont prévu une telle prime, dont le montant moyen est de 862 euros. Le Groupe Alpha note que cette tendance est moins courante qu'en 2023 (où elle était de 37,5%) et que le montant moyen est inférieur (1.280 euros).

Il est probable que cela ait un rapport avec la réalité que le système fiscal et social de la PPV est devenu moins bénéfique pour les employés des entreprises de plus de 50 employés. "Divers éléments nous suggèrent qu'en 2024, nombre d'entreprises ayant utilisé une prime de partage de la valeur vont plutôt opter pour une augmentation de participation et d'intéressement", mentionne Alice Rustique.

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Comarmond Leïla

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