Prévisions 2024 : Une escalade du chômage en France malgré une stabilisation à la fin de 2023

La situation de l'emploi en France pourrait encore se détériorer en 2024

Selon les informations publiées par l'Insee ce mardi, le taux de chômage a grimpé à 7,5% de la population active au dernier trimestre 2023. Il est prévu que cette tendance à la détérioration du marché du travail se poursuive pour l'année actuelle.

Par Nathalie Silbert

La période d'enthousiasme sur le marché de l'emploi en France a clairement pris fin. Au dernier trimestre de 2023, le taux de chômage, sans inclure Mayotte, s'est élevé à 7,5% de la population en âge de travailler, d'après les chiffres dévoilés ce mardi par l'Insee. Cela représente une augmentation de 0,4 point par rapport à la fin de l'année 2022.

Après avoir chuté de plus de 2 points suite à l'élection d'Emmanuel Macron, atteignant 7,1% – le niveau le plus bas depuis 1982 – le taux de chômage a commencé à augmenter à nouveau au printemps. À la fin du mois de décembre, le nombre de personnes sans emploi, selon la définition du Bureau international du travail (BIT), était de 2,3 millions, soit une augmentation de 29 000 par rapport à la fin du mois de septembre.

La partie la plus difficile à venir

Un petit réconfort à noter : après deux trimestres consécutifs d'augmentation, le taux de chômage s'est stabilisé à la fin de l'année. Selon Gilbert Cette, professeur à Neoma Business School, les statistiques révélées par l'Insee réservent même une bonne surprise : "Le taux d'emploi a continué de croître pour atteindre 68,4% au dernier trimestre de 2023, ce qui est désormais 1,6 point de pourcentage plus élevé qu'en 2019. C'est ce chiffre qui démontre l'efficacité des réformes mises en place", fait-il remarquer.

La situation laborieuse pourrait cependant se durcir : en janvier, pour la première occasion depuis avril 2021, l'indice du climat de l'emploi calculé par l'Insee a chuté en dessous de sa moyenne sur une longue durée, suggérant un avenir sombre sur le marché du travail dans les mois à venir, malgré des annonces d'embauche toujours importantes.

La France, à l'instar de ses partenaires européens, ressent actuellement l'impact de la restriction de la politique monétaire : ces derniers mois, l'économie a connu une phase de stagnation et la reprise semble être laborieuse. Eric Heyer, responsable du département d'analyse et de prévision de l'OFCE, remarque que "Alors qu'en 2021, les entreprises recrutaient et investissaient en grand nombre du fait de leur confiance en l'avenir, ce n'est plus le cas actuellement".

Amélioration de l'efficacité

Le domaine de la construction, touché durement par l'augmentation soudaine des taux d'intérêt, prévoit une vague importante de licenciements. L'augmentation des faillites d'entreprises entraîne également une suppression d'emplois. Dans cette situation, tous les instituts économiques prévoient une hausse du taux de chômage cette année.

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L'épuisement des créations d'emplois causé par la détérioration de l'économie sera renforcé cette année par les conséquences du relèvement progressif de l'âge de départ à la retraite, passant de 62 ans à 64 ans, augmentant ainsi la main-d'œuvre. Selon les prévisions de l'Insee à la mi-décembre, le taux de chômage devrait atteindre 7,6 % au premier trimestre, avant de se stabiliser au printemps. De son côté, la Banque de France prévoit que le taux de chômage atteindra 7,6 % en 2024 et 7,8 % en 2025.

L'OFCE est encore plus sombre dans ses prévisions, anticipant un taux proche de 8% dès cette année. Cette prévision repose sur une augmentation de 0,6% de la population active entre 2023 et 2024 en raison de la réforme des retraites. Cependant, elle suppose également que 20% de ces 177 000 nouveaux travailleurs seront sans emploi.

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En outre, tandis que la productivité du travail a subi une forte baisse à cause de la pandémie de Covid, les sociétés devraient commencer à rectifier la situation, d'après Eric Heyer. "L'augmentation de la productivité va s'accélérer", affirme-t-il. Avec la baisse de l'activité économique, certains postes qui ont été conservés grâce à la politique du "quoi qu'il en coûte" pourraient être supprimés. Le maintien des employés au sein des entreprises pourrait également devenir moins courant.

Impact régressif

Pour l'administration qui a pour objectif l'emploi total d'ici 2027, cette prévision de détérioration du marché du travail est décevante. De plus, l'année à venir semble être plus difficile que prévu.

Dans les jours à venir, il est probable que Bercy réduise son estimation de croissance pour l'année 2024 à environ 1 %. Cela pourrait l'obliger à identifier 10 milliards d'euros d'économies supplémentaires pour atteindre son but de déficit budgétaire. "Cela pourrait inévitablement avoir un impact négatif sur la croissance", avertit un spécialiste de l'OFCE. Cela pourrait potentiellement aggraver la situation de l'emploi et rendre plus difficile la tâche du gouvernement.

Bruno Cavalier, économiste en chef d'Oddo BHF, a souligné dans une note publiée en novembre dernier l'importance cruciale de l'évolution du chômage en France pour l'avenir des finances publiques. Il a également souligné que face à la réticence des gouvernements à réduire les dépenses publiques, quelle que soit leur affiliation, la seule solution pour réduire le déficit à moins de 3 % d'ici 2027 est une augmentation de l'emploi.

Nathalie Silbert

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