Le programme de préparation à l'apprentissage pour les jeunes en situation précaire a un bilan positif
Mis en place au cours du premier mandat de Macron dans le cadre du vaste plan compétences, ce mécanisme a aidé 61 000 jeunes défavorisés de 2019 à 2022. Un rapport d'évaluation note que de 43 à 50 % d'entre eux ont pu suivre une formation en alternance.
Par Alain Ruello
L'objectif a été en grande mesure atteint, avec une participation assez forte à la formation, en particulier chez un groupe généralement réticent – les jeunes en situation de vulnérabilité. Et ce, malgré des méthodes de détection peu novatrices. Il s'agit d'un bilan plutôt favorable du programme Prépa apprentissage, selon le quatrième et pénultième rapport d'évaluation du plan d'investissement dans les compétences (PIC), qui a été publié il y a sept jours.
Ce programme, doté d'un budget d'environ 15 milliards entre 2018 et 2022, avait planifié une série de sollicitations de projets à l'échelle nationale, en parallèle à l'aspect de formation des demandeurs d'emploi en collaboration avec les régions. L'idée était de développer de nouvelles méthodes pour soutenir les individus ayant peu de qualifications à améliorer leurs compétences, avec un but plus ou moins immédiat d'intégration professionnelle.
Mille plateformes
C'est dans ce contexte que le projet Prépa apprentissage a été lancé pour les jeunes. Comme son nom le suggère, l'objectif était de les initier à ce type de formation qui alterne entre cours théoriques en établissement scolaire et expériences pratiques en entreprise.
Il est à noter que Prépa Apprentissage a bénéficié de l'élan de l'apprentissage suite à la réforme de 2018 et des incitations à l'embauche après la pandémie de Covid. Au total, 144 projets ont été sélectionnés entre 2019 et 2022. Près de 60% de ces projets ont été initiés par des centres de formation d'apprentis (CFA), généralement dans le cadre de consortiums et selon deux approches : une orientation générale ou une introduction à un domaine particulier.
L'ensemble a été mis en oeuvre sur un millier de lieux différents à travers la France, avec une densité particulièrement importante en Ile-de-France, Hauts-de-France et en région Paca. Afin d'élargir le bassin de personnes en alternance, la priorité a été donnée aux jeunes ayant au mieux obtenu leur baccalauréat, venant de zones urbaines prioritaires, de zones rurales en besoin de revitalisation, ou encore aux personnes en situation de handicap.
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Bien que l'éventail se soit élargi au fil des années, l'objectif a été atteint, avec 83% des admissions en préparation d'apprentissage étant des individus peu qualifiés. Les résidents des Quartiers Prioritaires de la Ville (QPV), des Zones de Revitalisation Rurale (ZRR) ou ceux qui sont handicapés sont également plus présents par rapport à l'ensemble des apprentis.
Au final, combien de jeunes ont-ils bénéficié ? De 2019 à 2022, les mille centres de Prépa apprentissage ont accueilli 61 000 jeunes, soit 14 000 de moins que prévu. La raison de ce déficit est la pandémie de Covid, qui a compliqué l'identification des jeunes, une surestimation des ressources potentielles et la rivalité avec des programmes régionaux, comme mentionné dans le second rapport.
Le comité scientifique a noté que seulement quelques gagnants ont suggéré de nouvelles méthodes de détection, alors que c'était un des objectifs des appels à projet. La majorité s'est simplement bornée à solliciter les missions locales ou Pôle emploi, même si certaines entités du secteur social ou médico-social, comme les foyers pour jeunes travailleurs, ont contribué à la cause.
Au final, 33 000 jeunes, représentant un peu plus de la moitié, ont terminé, avec une période de transition moyenne de 3 mois. En tenant compte des 9 000 départs anticipés (qui justifient le taux d'abandon de 22%), l'accès à une formation en apprentissage – l'objectif principal visé – a été l'issue "la plus probable" dans les 30 jours, car elle a touché entre 43% et 50% d'entre eux.
Presque parfait. Bien que le ciblage ait été efficace, le programme ne semble pas avoir favorisé l'égalité des opportunités pour l'accès à l'apprentissage. En d'autres termes, ceux qui sont moins qualifiés ont eu moins d'occasions d'y accéder que les autres, contrairement aux formations qui ne sont pas en alternance, donc sans emploi. Deuxièmement, l'impact de la Prépa apprentissage ne peut pas être réellement évalué, car il n'existe pas de comparaison avec les jeunes qui n'ont pas participé au programme.
Au moins, Prépa Apprentissage a stimulé un regain de motivation et une amélioration de l'estime de soi, des facteurs essentiels pour commencer une carrière professionnelle. Il faut également noter l'effet de "connexion" qui s'établit entre les jeunes, les centres de formation et les entreprises.
Ruello Alain
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