Orpaillage illégal en Guyane : L’Etat français face à la justice pour manquement à ses obligations environnementales

Exploitation d'or illégale : le gouvernement poursuivi en justice pour « négligences coupables » en Guyane

Un certain nombre d'organismes ont introduit une plainte contre le gouvernement auprès du tribunal administratif de Cayenne. Ils aspirent à obtenir la reconnaissance des dommages environnementaux et de santé causés par l'exploitation d'or illégale et la compensation pour ceux qui en ont été victimes.

Par The Echoes

Mercredi, de nombreuses organisations ont déclaré avoir soumis un appel contre le gouvernement au tribunal administratif de Cayenne, critiquant son "négligence coupable" dans la bataille contre l'extraction illégale de l'or en Guyane. C'est un problème ayant des conséquences catastrophiques sur l'environnement, la santé et la société.

La pratique illégale de la recherche d'or a été une nuisance pour la Guyane depuis trois décennies. Notre frustration nous a poussés à déposer ce recours pour réclamer des compensations pour les victimes, a déclaré Michel Aloïké, le leader de la communauté amérindienne de Taluen (sud), une zone particulièrement affectée par cette activité illégale.

En somme, six groupes – Wild Legal, l'Alliance des organisations indigènes (CEPA) de Guyane, Solidarité Guyane, l'Association des personnes affectées par le mercure du Haut Maroni, Maiouri nature Guyane et la Jeunesse indigène de Guyane – sont à l'origine de cette action en justice.

Exigence de responsabilité écologique

Elles aspirent à la reconnaissance des dommages environnementaux et sanitaires causés par l'exploitation minière illégale et à la compensation pour ses victimes. "Notre poursuite judiciaire dépasse la simple reconnaissance d'un dommage écologique car elle exige que les droits humains fondamentaux soient reconnus comme étant liés à la santé de l'environnement", déclare à l'AFP Marine Calmet, à la tête de Wild Legal.

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"Le gouvernement a le devoir de surveiller l'environnement, d'honorer ses promesses internationales en matière d'élimination du mercure et de protéger la santé des citoyens. Actuellement, les ressources disponibles ne sont pas suffisantes", ajoute-t-elle.

Les mineurs d'or illégaux, provenant principalement du Suriname et du Brésil voisins, seraient au nombre de 6 000 à 8 000, répartis sur 300 sites d'exploitation non autorisés et 100 sites principaux, selon les estimations de la préfecture de Guyane. Ils extrairaient environ 10 tonnes d'or illégalement chaque année, comparativement à une tonne extraites via des moyens légaux.

Utilisation excessive de mercure

Les chercheurs d'or détruisent chaque année des centaines d'hectares de forêt pour extraire le minerai, en utilisant des jets d'eau à forte pression qui endommagent les sols et produisent d'énormes quantités de boue toxique – environ 7 000 tonnes par jour selon Wild Legal. L'usage intensif du mercure, qui est interdit en France depuis 2006, contamine également les sols, les rivières et les êtres humains, à travers la chaîne alimentaire. On estime qu'environ 13 tonnes de ce métal lourd, qui peut provoquer des troubles neurologiques, sont déversées chaque année dans l'environnement naturel.

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"Nos enfants viennent au monde avec des défauts de naissance, ou incapables de parler. La communauté Wayana est en train de disparaître", a exprimé avec colère à l'AFP Linia Opoya, une résidente de Taluen touchée par la contamination au mercure et partie prenante dans l'action en justice. De son côté, la préfecture de Guyane affirme mettre en œuvre des ressources substantielles pour combattre l'extraction d'or illégale et déclare être "activement impliquée dans cette lutte depuis le début des années 2000".

En 2022, plus de 1 000 patrouilles ont été effectuées par les autorités, qui ont confisqué 59 kg de mercure et 5 kg d'or, d'après les informations de la préfecture. Chaque jour, l'opération Harpie, initiée en 2008, mobilise 300 membres des forces de l'ordre et de l'armée en forêt. Selon la préfecture, cette opération a contribué à limiter le phénomène et à empêcher l'expansion industrielle observée dans les pays voisins.

Des opérations illégales extrêmement lucratives

Les instances gouvernementales comptent sur l'élimination des ressources des mineurs d'or, mais la hausse du coût du gramme d'or, qui a doublé, passant de 30 euros en 2019 à 60 euros actuellement, et la simplicité d'obtention de nouveaux équipements via les stands de la rive surinamaise du fleuve frontalier Maroni, font que ces opérations restent profitables malgré l'intervention militaire. D'après Pascal Vardon, responsable du Parc amazonien de Guyane (PAG), l'élément central de la lutte est « le réapprovisionnement des lieux illégaux, les points d'approvisionnement logistiques ».

"Il est impossible de faire des progrès sans collaborer avec le Suriname, où il n'existe pas de règlementation spécifique concernant l'extraction d'or et l'usage du mercure. Dans ce pays, l'extraction d'or est totalement incontrôlée", a-t-il déclaré à l'AFP.

Origine AFP

Les Echos

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