ENQUÊTE EXCLUSIVE – La baisse du taux de natalité ne préoccupe pas trop les Français
Actuellement, les Français ne semblent pas trop se soucier de la diminution du nombre de naissances, qui est pourtant une source d'inquiétude pour le gouvernement, selon une enquête menée par Elabe pour "Les Echos" et l'Institut Montaigne. La plupart d'entre eux sont opposés à l'intervention des autorités dans leur vie privée.
By Joséphine Boone
Est-ce que le déclin de la natalité devrait nous préoccuper ? Apparemment, pour 40% des Français, la réponse est non, selon une enquête d'Elabe menée pour "Les Echos" et l'Institut Montaigne. Seulement 20% des personnes sondées estiment que c'est "absolument" un problème et 40% le voient comme "quelque peu" problématique. Malgré cela, il y a eu une baisse de près de 7% des naissances en 2023 par rapport à l'année précédente. Cependant, cela ne semble pas susciter une grande inquiétude en France.
La chute constante du taux de natalité depuis plus d'une décennie préoccupe principalement les personnes âgées – 70% des personnes de 65 ans et plus considèrent cette tendance comme un problème – ainsi que les adultes qui ont déjà des enfants. Cette préoccupation est particulièrement forte parmi les personnes de droite. En effet, 81% des électeurs des Républicains sont préoccupés par cette diminution du taux de natalité, tout comme 76% des partisans du parti au pouvoir.
Divergence d'opinion avec le public
Cependant, le sujet suscite des inquiétudes jusqu'au plus haut niveau de l'État. Au cours de sa conférence de presse à la mi-janvier, le président a souligné la nécessité d'une «revitalisation démographique» et a annoncé l'introduction prochaine d'un «congé de naissance» pour remplacer le congé parental existant. Il sera plus court – six mois au lieu de trois ans maximum – et surtout plus généreusement payé, avec un salaire maximum de 1.800 euros par mois, selon les premières idées présentées par le gouvernement.
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DOSSIER – Modifications au congé de naissance : les changements à venir
"Vincent Thibault, directeur d'études chez Elabe, note une réelle divergence entre le message d'urgence du président, l'analyse des experts et des économistes, et la compréhension des Français sur le sujet."
Cependant, les individus sondés semblent plutôt en accord avec les propositions du gouvernement : 63% affirment soutenir l'introduction de ce nouveau congé de naissance, et 15% y sont même extrêmement favorables. De nouveau, cette proposition est particulièrement bien accueillie par les personnes les plus âgées et les plus fortunées. Une légère majorité de citoyens français (55%), se déclare pour l'instauration d'un examen de fertilité à 25 ans, couvert par la Sécurité sociale, tel que proposé par Emmanuel Macron à la mi-janvier.
Préoccupations économiques et avenirs incertains
Pour justifier la baisse du taux de natalité, les réponses semblent se rejoindre. Les individus interrogés mentionnent deux raisons principales : les problèmes économiques et le déclin du pouvoir d'achat d'une part (54%), et d'autre part, l'hésitation à élever un enfant dans le contexte actuel (écologie, conflits, Covid, etc.) (51%). Ces aspects sont fréquemment soulignés par les démographes depuis l'apparition de la crise sanitaire en 2020.
"L'Institut Montaigne explique que les problèmes économiques, surtout ceux liés à l'inflation et à la hausse des coûts de logement, en conjonction avec l'augmentation des préoccupations concernant la crise climatique, créent une situation difficile qui impacte considérablement les plans futurs des jeunes familles. Ceci est en net contraste avec les raisons évoquées récemment par le gouvernement, comme la baisse des politiques de soutien aux familles ou les problèmes de stérilité."
L'aspect le plus important de cette étude est qu'elle souligne combien la question est considérée comme personnelle par les Français. Pour 63% d'entre eux, l'Etat n'a pas à dicter s'ils devraient avoir des enfants ou non. "Plus d'un tiers de la population perçoit ce discours du gouvernement comme une ingérence. D'autant plus que la politique suggérée ne répond pas aux préoccupations actuelles exprimées par les Français", note Vincent Thibault. "Ils recherchent un soutien financier, mais ne ressentent pas le besoin d'être guidés sur ce qu'ils devraient faire", conclut-il.
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Boone Joséphine
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