L’érosion des côtes face au changement climatique : Un défi financier majeur pour l’avenir

Enjeux climatiques : l'affaiblissement des bordures maritimes, une future fosse financière

D'après un document présenté ce vendredi au responsable du ministère de l'Écologie, Christophe Béchu, environ 5.200 résidences pourraient être affectées par la régression du littoral d'ici 2050. Outre la valeur des biens concernés, c'est le coût de l'infrastructure territoriale nécessaire pour contrer ce phénomène qui s'avère extrêmement coûteux.

Par l'auteur Marie Bell

Les résidences côtieres, spécifiquement celles situées près des falaises, sont très convoitées par de nombreux Français. Cependant, ce désir est terni par la réduction progressive du littoral. L'érosion des côtes est causée par la combinaison de plusieurs facteurs comme la marée, les vagues, les vents et les pluies répétées. Bien que ce phénomène soit ancien, il est exacerbé par les changements climatiques.

Tout le littoral, qui ne représente que 4% de l'étendue totale de la France, mais abrite 10% de sa population (qui double à triple en été), est touché. Par exemple, sur la côte ouest de l'île d'Oléron, le littoral recule en moyenne de 15 mètres par an. En ce qui concerne la région méditerranéenne, elle a perdu 9,72 km2 de son front de mer à cause de l'érosion côtière entre 1960 et 2010. Ces cas ont été cités dans le dernier rapport de la Cour des comptes, qui cette année est axé sur l'adaptation au changement climatique.

Le problème est assez grave pour être l'une des principales préoccupations du ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, dans le cadre du prochain plan national d'adaptation au changement climatique (PNACC) qui sera présenté dans les semaines à venir. Le Cerema, l'entité gouvernementale responsable de l'expertise technique sur cette question, a rendu public vendredi un rapport récent estimant l'impact à moyen et long terme sur 500 communes.

À l'heure actuelle, 500 municipalités en France sont concernées, "dont plus de 300 ont pris des mesures", précise le Cerema. L'espace perdu correspond à 4.200 terrains de football sur les cinquante dernières années.

Selon les prévisions du Cerema pour 2028, il est estimé qu'environ 1.000 structures pourraient devenir inhabitables si aucune mesure n'est prise d'ici là. Ces structures, principalement des résidences et des commerces, ont une valeur marchande approximative de 240 millions d'euros.

"Agir immédiatement"

En envisageant l'année 2050, on estime que 5.200 habitations seront touchées, dont 2.000 logements de vacances, pour une valeur projetée d'un milliard d'euros. En plus des résidences, on devrait également prévoir 200 interruptions de voies de circulation. Ces statistiques prennent également en compte l'augmentation du niveau de la mer.

Voir également :

Le déni massif du changement climatique par les acheteurs en bord de mer.

Détérioration du littoral, inondation par la mer : la manière dont les responsables politiques font face à l'inévitable

"Nous devrions être motivés à agir immédiatement à la lumière de ces statistiques", souligne Sébastien Dupray, l'un des dirigeants du Cerema. Cependant, il met en garde: "Il n'y a pas de remède universel que nous pourrions mettre en œuvre partout. Nous devons trouver la stratégie appropriée pour chaque situation spécifique, sinon, nous risquons de mal gérer les choses", avertit-il.

Question de dépenses imprévisibles

Il reste à aborder le sujet du prix et de la responsabilité financière. Selon son étude, la Cour des comptes évalue le coût moyen de la défense contre les inondations marines à environ 2 millions d'euros par kilomètre. Et pour une approche plus holistique de la gestion des littoraux, cela pourrait s'élever à 6 millions d'euros par kilomètre.

"Les dépenses futures sont essentiellement imprévisibles. En effet, elles sont liées à des décisions politiques concernant des méthodes d'intervention qui n'ont pas encore été choisies et qui varieront d'un endroit à un autre", clarifiait la Cour des comptes.

À ce point, les dépenses gouvernementales dans ce secteur ont augmenté considérablement, allant de 14 millions en 2021 à 28,7 millions en 2022 et 48,2 millions en 2023. Ces investissements ont été partiellement financés par le plan de relance et le Fonds vert. Ce dernier a justement été touché par les récentes coupes budgétaires.

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Bellan Marie

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