Le rattachement du Ministère de l’Energie à Bercy suscite des débats au sein du Gouvernement Attal : enjeu de souveraineté ou menace pour le climat ?

Attal Administration : l'intégration de l'énergie à Bercy suscite des discussions

Le département de la Transition énergétique est intégré au ministère de l'Économie et des Finances. Pour certains, c'est une façon plus efficace de garantir l'indépendance énergétique du pays, tandis que d'autres s'inquiètent de l'impact sur les politiques environnementales.

Par Marie Bellan, Renaud Honoré

"Je suis toujours aussi dynamique et passionné qu'au début. C'est l'heure de mettre les bouchées doubles et de mener à bien cette transformation", a déclaré avec satisfaction Bruno Le Maire suite à la nouvelle de sa reconduction en tant que ministre de l'Economie.

Il aura effectivement besoin d'énergie, sans vouloir faire de jeu de mots, car il reprend désormais le portefeuille précédemment détenu par Agnès Pannier-Runacher, celui du ministère de la Transition énergétique.

Une pensée de groupe

L'énergie ne disposera plus de son propre ministère, comme c'était le cas depuis un an et demi, une situation inédite depuis quinze ans. Si Roland Lescure est bien confirmé en tant que ministre délégué à l'Industrie, ce qui semble être le cas selon plusieurs sources, il devrait en prendre la charge.

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À Bercy, on confirme que cette modification du champ d'action est le produit d'une analyse en groupe, et non pas une demande spécifique de Bruno Le Maire. « Une discussion a eu lieu entre le ministre de l'Économie et des Finances, le chef de l'État et le Premier ministre, et il a été conclu qu'il était logique de fusionner les secteurs de l'industrie et de l'énergie pour stimuler la réindustrialisation », déclare une personne proche du second en commandement du gouvernement Attal.

L'incorporation du secteur énergétique au ministère de l'Économie était en effet l'une des premières suggestions proposées par la Commission d'enquête parlementaire sur l'indépendance énergétique, dirigée par le représentant de Haute-Savoie, Antoine Armand.

Accent sur l'énergie nucléaire

Néanmoins, de nombreuses personnes s'interrogent sur l'impact de cette affiliation sur la transition vers l'écologie. La réponse se trouve dans le projet de loi très récent sur l'indépendance énergétique, qui est actuellement en consultation et qui devrait être examiné par le Conseil des ministres à la fin de ce mois ou au début du prochain. Le document met l'accent sur la revitalisation de l'énergie nucléaire.

Par contre, aucune cible quantifiée concernant les énergies renouvelables n'est mentionnée dans cette proposition de loi. Une omission qui avait suscité l'inquiétude des experts du domaine, qui n'ont pas hésité à critiquer la suppression du ministère de la Transition énergétique.

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Michel Gioria, le délégué général de France Renouvelables, exprime son étonnement face à l'absence d'un ministère de l'Energie en règle, surtout après le passage d'une crise énergétique majeure en 2022, qui reste un sujet actuel. Il souligne que les expériences des 18 derniers mois ont démontré que pour mettre en place une politique énergétique efficace, il est nécessaire d'avoir un contrôle technique, une faculté d'écoute et une supervision précise sur le terrain de tous les aspects, qu'il s'agisse du nucléaire, des énergies renouvelables ou du plan de sobriété. Il insiste sur le fait que ce grand ministère ne doit pas nous détourner de ces aspects.

La crise écologique

Cette préoccupation est également partagée par certaines organisations non gouvernementales, en particulier France Nature Environnement. Ils affirment que la vision de l'énergie uniquement sous un angle économique et industriel serait très limitée et irait à l'encontre de la crise environnementale et climatique actuelle. Cette perspective encourage une approche basée sur la technologie au détriment d'une sobriété nécessaire.

Cependant, à Bercy, on essaie de rester optimiste, en mentionnant la mise en place récente d'une sous-direction consacrée à la transition écologique au sein de la puissante Direction du Trésor. Bruno Le Maire a également souligné que son équivalent allemand, Robert Habeck, gérait à la fois le secteur de l'économie et celui de la protection du climat.

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Les prochains décrets d'attribution, que l'on s'attend à voir publiés la semaine suivante, devraient apporter plus de clarté sur la répartition des tâches entre le ministère de l'Economie et le ministère de la Transition écologique, toujours dirigé par Christophe Béchu. Qui prendra en charge la Direction générale de l'énergie et du climat ? Quant aux négociations à la prochaine COP, qui devrait se tenir à Bakou, Christophe Béchu a reçu la garantie qu'il représenterait la France.

Au sein de cette structure encore floue, une chose paraît certaine : Antoine Peillon devrait conserver la direction du Secrétariat général à la planification écologique (SGPE), qui resterait affilié à Matignon.

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