Le gouvernement français fait front à la « shrinkflation » : vers une plus grande transparence sur l’inflation masquée en supermarché

L'administration vise à s'attaquer à la "shrinkflation", un type d'inflation dissimulée dans les supermarchés. Ce phénomène, qui a été fréquemment critiqué depuis l'augmentation de l'inflation en France, est une préoccupation pour le gouvernement qui recherche plus de clarté dans les commerces sur la "shrinkflation". Cela se produit lorsque les contenus des emballages sont réduits, sans que cela ne se reflète dans une baisse de prix pour le consommateur.

By Josephine Boone

C'est une tendance qui déçoit les acheteurs. Que ce soit des sacs de chips moins garnis ou des pots de yaourt à moitié vides, des boîtes de chocolats de taille réduite… Depuis le début de l'inflation dans les supermarchés, les foyers et les groupes de consommateurs sont mécontents de la réduction des volumes de certains articles vendus au même tarif qu'avant, voire parfois plus cher.

On nomme ce concept la "shrinkflation", un mot dérivé du verbe anglais "to shrink", qui signifie réduire. Pour faire face à la hausse des prix des produits alimentaires, les fabricants ou les vendeurs choisissent de diminuer la quantité vendue plutôt que de faire grimper de manière importante le coût pour le client.

L'administration a pris la décision de combattre cette pratique en imposant aux revendeurs de notifier les acheteurs lorsqu'il y a une réduction de la quantité offerte pour un produit. Le département de l'Économie élabore une proposition de décret qui pourrait être mise en application d'ici fin mars, afin de "satisfaire le souhait des consommateurs d'être davantage renseignés lors d'une shrinkflation sur certains articles", a déclaré l'office d'Olivia Grégoire, la secrétaire d'État chargée du Commerce. Une première mouture de ce décret a été envoyée à Bruxelles pour vérifier sa conformité avec une directive européenne de 2015 concernant la clarté des régulations techniques.

"Fraude"

En septembre, Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, exprimait déjà son indignation face à cette méthode. "C'est une fraude, c'est honteux. Vous obtenez moins mais vous déboursez plus. Bien que cette méthode a toujours été présente, elle se généralise de plus en plus", avait-il insisté sur franceinfo. Quelques jours après, la Première ministre Elisabeth Borne a renchéri sur le sujet, qualifiant cette méthode d'"alarmante".

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Dans la pratique, si cette nouvelle directive est approuvée par la Commission, le vendeur sera obligé de préciser « directement sur le paquet ou sur une étiquette attachée ou située près de l'article » si la quantité a été diminuée, et la même chose s'applique pour le prix. En cas de non-respect, une amende pouvant atteindre 15.000 euros pourra être imposée, selon le décret.

"D'après notre perspective chez U, ce n'est pas notre rôle de le faire", a répliqué le directeur de Système U, Dominique Schelcher, sur France Inter. Il pense que cela pourrait entraîner une perte de temps pour le personnel en magasin, soulignant que "c'est le fabricant qui est conscient que son emballage a diminué, que la formule a été modifiée", a-t-il argumenté.

Principales entreprises critiquées

Depuis plusieurs années, l'organisation 60 millions de consommateurs condamne le phénomène de la "shrinkflation", qui a pris de l'ampleur avec l'advenue de l'inflation l'année passée, et qui, selon elle, a pour objectif de duper le consommateur. Elle encourage même les clients à lui faire part des produits concernés.

Certaines entreprises renommées comme Findus, Lipton IceTea, Lay's et Amora ont récemment été critiquées publiquement pour avoir diminué les volumes de leurs produits. Cependant, Kiri, qui a réduit le poids de ses portions de fromage de 2 grammes en 2022, a nié toute intention de tromper ses consommateurs. La marque a justifié cette modification par une évolution de sa recette vers une composition plus naturelle, sans additifs, et fabriquée sur le territoire français.

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Les produits de marque de distributeur ne sont pas exemptés de cette tendance. Par exemple, Carrefour a été critiqué pour avoir diminué la quantité de légumes frais dans les sachets vendus à un euro. Cependant, les fabricants et les distributeurs nient toute intention de tromper les clients. Ils prétendent que leur but est de rester compétitifs et d'éviter de dépasser un seuil de prix significatif pour certains produits.

Carrefour a également critiqué ce phénomène dans ses propres magasins en septembre dernier, avant même la décision du gouvernement. Le PDG de la marque, Alexandre Bompard, avait identifié les produits touchés par cette hausse de prix dissimulée par une étiquette, dans le but d'inciter les fabricants à réduire leurs tarifs. Cependant, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), une branche du ministère de l'Économie, a révélé dans une enquête début 2023 que bien que cette pratique existe, elle n'est pas « de nature à tromper de manière massive et généralisée le consommateur » en France.

Joséphine Boone

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