La Double Pénalité du Pouvoir d’Achat : Le Coût Caché de la Pauvreté en France

Le pouvoir d'achat : une double sanction pour les moins fortunés

La pauvreté ne se définit pas uniquement par des revenus très bas, elle s'exprime également par le fait de devoir payer plus cher un bien ou un service que le consommateur moyen. Cette "double sanction" représente en moyenne l'équivalent de 12 semaines de budget alimentaire pour les 10% des foyers les plus démunis, selon les estimations de l'association Action Tank Entreprise et Pauvreté.

Par Leïla de Comarmond

Texte

Être dans une situation financière précaire et subir des frais bancaires inattendus ; vivre dans une région où les déplacements en voiture sont essentiels mais posséder un véhicule ancien qui est gourmand en carburant et souvent en panne ; ne pas être en mesure d'acheter de grandes quantités de nourriture en solde, ce qui signifie payer le plein prix ; vivre dans une habitation mal isolée et voir ses factures d'énergie monter en flèche ; utiliser des cartes téléphoniques prépayées… Être dans la pauvreté, ce n'est pas seulement avoir un revenu très bas, c'est aussi payer plus cher pour le même produit ou service que le consommateur moyen.

Il y a plus d'une décennie que le concept de la « double peine » a été identifié et étudié par l'Action Tank Entreprise et Pauvreté, fondé à l'instigation de l'ex-PDG de Danone, Emmanuel Faber, et de Martin Hirsch, qui a notamment travaillé pour la Fondation Abbé Pierre et le Haut-Commissariat aux Solidarités Actives contre la Pauvreté. Selon ce dernier, le problème n'est ni une question d'information ni d'éducation, mais plutôt un problème de l'accès et de la structure des prix.

On a dénombré 11 catégories de coûts

L'organisation a publié ce mardi des études chiffrées et descriptives prouvant que, bien loin de s'estomper, le souci a pris de l'ampleur avec la hausse des prix.

On a déterminé que onze catégories de dépenses pourraient causer une double difficulté financière pour les personnes les plus démunies : le loyer, les dépenses énergétiques, le transport, les assurances, les prêts, les soins de santé, l'équipement, les télécommunications, les frais bancaires et les coûts alimentaires. Quatre formes de mécanismes ont été soulignées : un effet de volume où les coûts fixes sont plus élevés, un effet d'exclusion où l'accès à des produits de qualité inférieure est plus fréquent, un manque d'information ou des préjugés cognitifs, et un effet lié à la localisation.

Les ménages les plus pauvres, représentant 10%, devront débourser 745 euros par an. En 2023, la double sanction a porté ce montant à 745 euros pour les 10% de ménages les plus démunis et à 640 euros pour le groupe juste au-dessus, soit le deuxième décile de 10%. Cela a un impact énorme sur leur budget : ces montants équivalent à 12 semaines de dépenses alimentaires pour le groupe le plus pauvre et à 8 semaines pour le groupe suivant, en moyenne.

Aussi à noter :

En France, l'augmentation de la pauvreté impacte principalement les femmes.

C'est une moyenne et les études dévoilées ce mardi mettent en évidence d'importantes variations géographiques. D'après ces recherches, l’Ile-de-France est la région la plus affectée par une double sanction sévère. La plupart des départements les plus démunis se trouvent d'ailleurs dans cette région : Yvelines, Val-d'Oise, Essonne, Seine-et-Marne, Hauts-de-Seine et Val-de-Marne. Les départements de la Haute-Garonne, du Rhône, de la Loire-Atlantique et de l'Isère sont également plus impactés.

Mesures réglementaires et initiatives privées

Il existe des programmes d'assistance au logement, des suppléments de santé solidaires pour les bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA), et une offre bancaire spécifique pour les « clients vulnérables ». Ces mesures visent à atténuer la double charge financière supportée par les plus démunis et certaines sont déjà en place. Cependant, selon le groupe de réflexion Action tank, il est nécessaire de faire davantage. Les solutions envisagées comprennent la diminution du taux de non-recours aux allocations de logement personnalisées et l'amélioration de la garantie Visale.

Comarmond Leïla

Nouveauté : Explorez nos options Premium !

Nos Clips

Des fermiers à Rungis : « Nos dirigeants ne doivent pas supposer qu'on va se laisser endormir »

La Nasa dévoile des photos époustouflantes de galaxies en spirale

Fermiers : Une flotte d'une trentaine de tracteurs est en route pour Paris

L’« Icon of the Seas », le navire de croisière le plus imposant au monde, a pris le large

Les plus consultés

Qui sont les leaders des syndicats et des chefs d'entreprise ?

En Haute-Garonne, immersion dans les origines de la frustration des fermiers

Loi sur l'immigration : ces dispositions rejetées par le Conseil constitutionnel

À l'actualité

La Fed maintient ses taux d'intérêt à un niveau élevé

Nourriture : vers une augmentation modérée des prix dans les supermarchés

Journée cruciale pour essayer de résoudre la crise agricole

Société

Santé : vers un meilleur remboursement des consultations chez le psychologue

Haute-Garonne, à l'origine du malaise agricole

Électricité et gaz, LEP, péages… Ce qui évolue au 1er février

Utile

P

L'Équipe

Toutes les autorisations sont réservées – Les Echos 2024