La confiance envers les syndicats atteint un niveau record en France, selon une étude de Sciences Po

La confiance envers les syndicats monte en flèche

D'après le sondage mené par OpinionWay pour le Centre d'étude de la vie politique de Sciences Po, 40% des citoyens français affirment avoir une confiance « grande » ou « relativement grande » envers les associations de travailleurs. C'est une première depuis le début de cette enquête en 2009.

Par Leïla de Comarmond

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Les syndicats n'ont pas réussi à remporter la lutte concernant la réforme des pensions, cependant, les Français ne leur reprochent pas cet échec. Leur réputation a même connu une amélioration auprès du grand public, comme le démontre la dernière mise à jour du baromètre de la confiance politique publiée par le Centre d'études politiques de Sciences Po (Cevipof).

D'après une étude menée par OpinionWay du 8 au 29 janvier 2024, sur plus de 3500 Français âgés de 18 ans et plus, 40% affirment avoir une grande ou assez grande confiance envers les syndicats de travailleurs. C'est la première fois que ce niveau de confiance est atteint depuis le début de cette mesure en 2009.

Les syndicats ont maintenant surpassé les dirigeants religieux, ayant gagné plus de prestige en 2021 (10 points). Ils sont désormais à égalité avec les banques, qui les devançaient de 7 points en 2020.

Il est vrai que la France est encore bien en deçà de l'Allemagne où le niveau de confiance dans les syndicats a atteint un palier à 56% depuis 2021, selon la même étude. Néanmoins, la différence s'est considérablement réduite : en février 2020, elle était de 27% en France et de 53% en Allemagne. De plus, la France, qui était à égalité avec l'Italie en 2021, la surpasse désormais largement.

La pandémie de Covid, la révision des pensions et les conflits sur les salaires

Suite à une baisse mineure de la confiance envers les syndicats dans le baromètre de 2023, une forte augmentation a été observée cette année en France. Cette progression, qui a commencé avec la pandémie de Covid, a été stimulée par l'opposition à la révision des pensions et probablement aussi par l'escalade des conflits salariaux en raison de l'inflation.

Cela doit être lié à la crise démocratique que la France est en train de vivre. "L'opposition à la réforme des retraites a simplement ravivé une attitude critique envers la démocratie représentative parmi les citoyens", mettait en évidence Luc Rouban, chercheur au Cevipof, dans un mémo de mai 2023.

Excellente annonce

"Les individus n'espèrent plus beaucoup des dirigeants politiques", et ce sentiment d'amertume est accompagné d'une augmentation des espoirs placés dans les syndicats, vu que "les grands mouvements de protestation indépendants des syndicats, tels que les 'gilets jaunes', n'ont pas vraiment abouti à des résultats significatifs", clarifie-t-il dans une interview pour "Les Echos".

Cette recrudescence d'intérêt est une excellente nouvelle pour les groupes de travailleurs et renforce une enquête précédente d'OpinionWay sur les jeunes adultes. Cependant, il confirme que les syndicats sont face à un défi crucial : convertir cette sympathie, qui se manifeste par une sorte de "délégation de la bataille sociale", comme l'a décrit Luc Rouban, en adhésions. Notons toutefois que la confiance accordée aux associations reste significativement plus élevée, à 65%.

"Autonomie libérale"

L'expert en politique note également que l'augmentation de la confiance ne se limite pas uniquement aux syndicats. Elle s'étend également aux grandes sociétés privées où, historiquement, elle est plus élevée, avec un pourcentage de 46% en 2024 (comparativement à 79% pour les PME et 82% pour les artisans). Cette tendance fait partie d'une amplification de la demande des citoyens pour un "libéralisme autonome" ainsi que pour une protection de l'Etat et des services publics.

En renforçant la première anticipation, 57% des personnes interrogées espèrent que "le gouvernement accorde plus de confiance aux entreprises et leur donne plus d'autonomie", un pourcentage important, même s'il est bien en dessous de celui des Allemands, qui est de 66%. Quant à l'appel à la protection, elle est reflétée par le fait que seulement 42% des Français pensent qu'il est nécessaire de "diminuer le nombre de fonctionnaires".

Cet élément final a connu une chute presque constante depuis 2014. À ce moment-là, il était à 56%. Pour Luc Rouban, c'est une indication que "ceux qui défendent un libéralisme traditionnel sont hors sujet, car les citoyens désirent des services publics".

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Comarmond Leïla

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