La prochaine conférence sociale risque d'être perturbée par les problèmes liés aux retraites complémentaires Agirc-Arrco. Ce lundi, Elisabeth Borne a commencé à rencontrer individuellement les représentants des employeurs et des syndicats pour préparer la conférence sociale qui aura lieu dans une semaine. Le désaccord des acteurs sociaux sur une coupe financière dans le régime Agirc-Arrco pourrait compliquer les débats.
Par Leïla de Comarmond
Avant de se diriger vers le Palais d'Iéna, un rendez-vous est prévu à Matignon cette semaine… La chef du gouvernement, Elisabeth Borne, a débuté lundi les rencontres individuelles avec les leaders syndicaux et les chefs d'entreprise en vue de la prochaine conférence sociale, un engagement d'Emmanuel Macron qui se tiendra le 16 octobre au Conseil économique, social et environnemental (Cese). Ces discussions étaient planifiées avant l'escalade des tensions engendrées par l'accord sur les pensions de retraite complémentaires. Cette situation influence grandement les débats.
L'accord négocié écarte effectivement toute prélèvement sur le système géré indépendamment par les partenaires sociaux. Pour une fois, il n'obtiendra pas l'unanimité du côté des employeurs. Il n'a pas été approuvé par la CPME et est également critiqué par les artisans et les professions indépendantes de l'U2P.
Aucun coup de maître de la part des patrons
Du côté des syndicats, trois d'entre eux ont fait savoir dès lundi qu'ils allaient signer l'accord. La CFDT, dont la secrétaire générale, Marylise Léon, est attendue mercredi à Matignon, a unanimement décidé au sein de sa direction élargie de signer un accord qu'elle décrit comme un « plan équilibré avec des avancées significatives pour les travailleurs et les retraités ». La CFTC a également pris la même décision. De même pour Force ouvrière qui n'avait pas signé l'accord précédent mais dont la direction a choisi de signer celui-ci.
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Cependant, pour la CGT, l'usage du conditionnel est sans aucun doute approprié. Sophie Binet, la dirigeante de la centrale, a souligné dimanche sur France Inter l'aspect positif de la situation : l'augmentation des pensions en fonction de l'inflation et l'élimination du malus. Toutefois, elle a également exprimé son regret quant à la réduction progressive des droits à la retraite liée aux cotisations.
Le comité exécutif de son syndicat devait formuler une recommandation ce lundi, mais la dirigeante syndicale a déjà déclaré qu'elle mènera une consultation approfondie avant de décider de signer ou non. Elle prévoit de faire le tour des différentes fédérations et unions locales, ce qui « prendra environ deux semaines », alors que tous les acteurs sociaux sont supposés donner leur opinion d'ici à mercredi.
La CFDT et la FO ont conclu un accord
Il est cependant délicat de comprendre les déclarations faites par le gouvernement au début de cette semaine. Olivier Dussopt, le ministre du Travail, a réaffirmé sa volonté de prélever sur le système sur Public Sénat, tout en précisant qu'il ne fait pas référence à l'année 2024. De son côté, sur Sud Radio, Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, qui est très impliqué dans le sujet des cotisations des travailleurs indépendants, a invité à "tendre la main et essayer de conclure un accord".
L'importance des retraites complémentaires sera soulignée lors de la conférence sociale, d'autant plus que les débats sur le projet de budget de la Sécurité sociale commencent en commission le 17 octobre. C'est d'autant plus pressant que le gouvernement envisage d'introduire une réduction des fonds de l'Agirc-Arrco par le biais d'un amendement, et ce dès le lendemain.
Entretien conjoint
Concernant la question des salaires, qui était l'objectif principal du rendez-vous du 16 octobre, le débat ne se concentrera pas uniquement sur les salaires minimums, mais également sur les salaires en général et l'évolution des carrières, a affirmé Sophie Binet, la première à être invitée par la dirigeante du gouvernement. Cependant, Elisabeth Borne a déjà refusé l'idée de "l'ajustement de tous les salaires en fonction de l'inflation" proposée par la CGT, ce que la syndicaliste a regretté.
Elle a souligné que la Première ministre n'a pas discuté de la question de la conditionnalité de l'aide aux entreprises, une demande soutenue par tous les syndicats, en particulier la CFDT et la CGT. Ceci a été confirmé lors de l'interview accordée par leurs deux dirigeantes à « La Tribune dimanche ». Dans cette interview, elles ont également exhorté les travailleurs à se mobiliser ce vendredi à l'appel de la Confédération européenne des syndicats. Cependant, personne ne prévoit une manifestation de grande envergure ce jour-là.
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