Inquiétude parmi les soignants face à l’instabilité ministérielle suite à la démission d’Aurélien Rousseau

Suite à la renonciation d'Aurélien Rousseau, le constant roulement des ministres de la Santé préoccupe les professionnels de la santé. Bien qu'ils applaudissent "les principes" qui ont conduit à la démission d'Aurélien Rousseau, ils sont préoccupés par le manque de stabilité au poste de ministre de la Santé, surtout que "le système de santé est plus en difficulté que jamais".

Par The Echoes

"Nous ne pouvons qu'admirer un individu qui place l'intégrité républicaine et l'honneur avant sa propre carrière", c'est la déclaration du syndicat médical UFML suite à la nouvelle du retrait d'Aurélien Rousseau, le ministre de la Santé. Il sera temporairement remplacé par la ministre déléguée actuelle en charge des Professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo, comme l'a révélé Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement.

Aurélien Rousseau, âgé de 47 ans et qui occupait son poste depuis seulement cinq mois, a décidé de démissionner à cause de l'orientation de plus en plus conservatrice du projet de loi sur l'immigration. « Nous perdons un individu d'une valeur inestimable qui me faisait croire en un renouveau humaniste du système de santé », déplore Patrick Pelloux, figure médiatique et président de l'Association des médecins des urgentistes.

En désaccord avec la proposition d'éliminer l'AME

"Aurélien Rousseau et nous partagions deux "principes fondamentaux" : le soutien de l'aide médicale d'Etat (AME) pour les personnes en situation irrégulière, et ses "priorités" pour la pratique médicale indépendante, définies lors de la reprise des discussions conventionnelles", déclare également à l'AFP Agnès Gianotti, la cheffe de MG France, le syndicat majeur des médecins de famille.

L'ancien ministre de la Santé s'était rapidement opposé à l'idée du Sénat de supprimer l'AME, lors des discussions sur le projet de loi sur l'immigration, ce qui a finalement conduit à sa démission. Son opposition était en accord avec ses croyances et celles des professionnels de la santé, qui soutenaient l'AME et craignaient les impacts d'une suppression sur la santé publique – l'AME a finalement été conservée, sous réserve d'une réforme prévue pour 2024.

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Les professionnels de la santé reconnaissent et approuvent cette décision, toutefois, ils sont surpris. "Nous souhaiterions une relation stable avec un ministre qui a le temps d'appliquer toutes les actions planifiées", déclare Agnès Ricard-Hibon, représentante de la Société française de médecine d'urgence (SFMU). "Il est difficile de gérer les changements fréquents de ministres car cela perturbe la continuité des politiques en cours", ajoute-t-elle, regrettant en particulier que les initiatives visant à alléger la pression sur les services d'urgence soient toujours en attente.

Ministre numéro six

Patrick Gasser, chef du principal syndicat de médecins spécialisés, Avenir Spé, déplore également la fréquence des changements ministériels. Depuis qu'Emmanuel Macron est président depuis 2017, cinq différents ministres ont déjà occupé le poste de chef du ministère de la Santé, parfois pour une très courte durée. Agnès Firmin Le Bodo sera la sixième.

Suite au départ d'Agnès Buzyn pour participer à la campagne municipale de Paris en 2020, c'est Olivier Véran qui s'est retrouvé en première ligne face à la pandémie de Covid-19. Brigitte Bourguignon, qui a brièvement occupé le poste de ministre avant d'être défaite par le RN lors des élections législatives, n'est restée en fonction qu'un mois. Elle a ensuite été remplacée par le médecin urgentiste François Braun, qui a tenu les rênes pendant un an avant de céder sa place à Aurélien Rousseau.

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"Son départ est vraiment gênant", admet Jérôme Marty de l'UFML à l'AFP. "Nous avons besoin de constance, nous sommes à une période de notre histoire où le système de santé est plus en difficulté que jamais, avec des travailleurs de la santé qui s'épuisent et des patients qui ont du mal à accéder aux soins".

Éviter un mauvais choix de remplacement

La question de qui prendra sa suite est déjà vivement débattue. "Le système de santé traverse une crise majeure, il est donc crucial d'avoir un remplaçant véritablement préoccupé par la question, qui ne se contente pas de mesures superficielles ou de déclarations vides. Sinon, cela ne tiendra pas", met en garde Agnès Gianotti.

"Nous avions entamé des conversations avec Aurélien Rousseau qui étaient basées sur une certaine dose de confiance", mentionne Patrick Gasser. Ces discussions avaient permis de relancer dans une atmosphère sereine les pourparlers sur le coût des consultations et de "relancer la médecine en pratique privée dans une dynamique, pour qu'elle contribue à une meilleure organisation des soins", ajoute-t-il. "Il ne faut pas se tromper dans le choix des acteurs", selon lui, "sinon, cela pourrait tout gâcher".

Les Echos (selon AFP)

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