Inflation en net ralentissement et activité économique plus faible que prévu en France : Analyse des nouvelles estimations de l’Insee

La croissance des prix et l'économie en France subissent un ralentissement plus prononcé que prévu. La progression des coûts des biens de consommation en France a chuté à 3,4% en novembre, comparativement à 4% en octobre, d'après un premier calcul publié par l'Insee ce jeudi. L'Institut a également abaissé l'estimation du PIB pour le troisième trimestre, indiquant désormais une diminution de 0,1%.

Par Nathalie Silbert

Dans cette période de doute, voici enfin une nouvelle positive. En novembre, l'augmentation des coûts en France a nettement ralenti, passant à 3,4 % sur une année, comparé à 4 % en octobre, d'après la première évaluation divulguée par l'Insee ce jeudi matin.

Pour le deuxième mois d'affilée, la baisse est très significative, encore plus marquée que ce que les économistes avaient prévu. En septembre, l'augmentation des prix sur une période de douze mois était encore de 4,9 %. Selon l'indice harmonisé européen IPCH, l'inflation a été fixée à 3,8 % en novembre sur un an, comparativement à 4,5 % un mois auparavant.

Chaque secteur a bénéficié de la période de calme : l'énergie, les services où l'inflation est désormais de 2,7% comparé à 3,2% en octobre, mais également, bien que de manière plus discrète, les biens manufacturés et l'alimentation, note l'organisme de statistiques. En un mois, les prix ont baissé de 0,2%.

Arrêt brusque

"Nous pouvons être fiers d'avoir réussi à contrôler l'inflation en deux ans seulement, alors qu'il avait fallu une décennie pour y arriver dans les années 1970", a déclaré avec enthousiasme le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, sur France Inter, avant la publication des données. Il a ensuite ajouté : "Cependant, le coût de cette réussite est l'augmentation des taux d'intérêt, des difficultés accrues de financement et par conséquent, un ralentissement de l'économie".

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En réalité, bien que la Banque Centrale Européenne puisse être satisfaite des résultats de sa politique, le ralentissement économique en France durant l'été a été plus important que prévu. Ce jeudi, l'Insee a revu à la baisse la croissance du PIB pour le troisième trimestre : l'économie française a finalement diminué de 0,1% durant cette période, au lieu d'une croissance de 0,1%.

L'Institut a significativement ajusté les données sur l'investissement et légèrement celles sur la consommation. Lorsqu'il est mesuré par unité de consommation, le pouvoir d'achat a diminué de 0,2% entre juillet et septembre. Face à cette situation, les foyers ont diminué leurs acquisitions de 0,9% en octobre.

Bercy maintient ses prévisions de progression économique

Juste avant l'annonce de l'agence Standard and Poor's concernant la dette de la France, cette réévaluation survient à un moment inopportun pour le gouvernement. Suite à une croissance économique stagnante au premier trimestre, suivie d'une amélioration inattendue au deuxième trimestre (+0,6 %, réajusté de +0,1 point), l'accumulation de croissance à la fin du troisième trimestre est de 0,8 %. Atteindre 1 % en 2023, comme Bercy l'a prévu, sera plus compliqué. "Avec les statistiques actuelles, une augmentation d'au moins 0,6 % du PIB serait nécessaire pour les trois derniers mois de l'année", déclare Julien Pouget, le responsable du département de la conjoncture à l'Insee.

"Nous avions pronostiqué une augmentation de 0,2% pour le dernier quart de l'année lors de notre dernière prévision en début octobre. Cependant, si nous devions réévaluer cette prévision maintenant, il est peu probable qu'elle soit plus optimiste", admet l'expert. Il note que "l'environnement commercial se dégrade" et que "dans des domaines tels que le commerce de gros, les perspectives ne sont pas très prometteuses".

Bercy a tout de même maintenu sa prévision pour 2023 et n'a pas modifié son but d'une croissance de 1,4 % pour 2024, tandis que l'OCDE a récemment réduit sa prévision pour la France pour l'année suivante de 1,2 % à 0,8 %.

N'attendez pas une augmentation rapide des salaires. Marc Brütsch, l'économiste principal de Swiss Life AM, avertit que l'économie ne sera pas très bonne dans les mois à venir. Il prévoit également une augmentation de seulement 0,8% en 2024. Selon lui, cela devrait aider à réduire la pression inflationniste l'année prochaine. Cependant, il n'exclut pas une possible augmentation en décembre, due aux effets négatifs des réductions de carburant mises en œuvre en 2022. De plus, au début de 2024, nous devrons également prendre en compte l'augmentation du coût du tabac.

Sauf en cas de chocs imprévus, la baisse de l'inflation devrait continuer à long terme. L'augmentation des coûts dans les services – le principal facteur d'inflation depuis octobre – pourrait même apporter de bonnes nouvelles, alors que les salaires ne montrent actuellement aucune tendance à l'accélération. En effet, au troisième trimestre, le salaire de base mensuel n'a augmenté que de 0,5 %, selon le ministère du Travail, ce qui est inférieur aux prévisions des experts.

Il existe toujours beaucoup d'incertitudes, que ce soit concernant les tarifs du pétrole et du gaz qui dépendent de l'évolution des situations au Moyen-Orient, ou le résultat des discussions commerciales entre les sociétés agroalimentaires et les grandes surfaces. L'Association nationale des industries alimentaires a prévu dans « Le Monde » que l'inflation alimentaire se situerait entre 2% et 4% en 2024.

Nathalie Silbert

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