Infidélité Professionnelle: Seulement 27% des Apprentis Restent chez leur Employeur de Formation Après Six Mois, Révèlent Deux Études du Ministère du Travail

Les ex-apprentis ont tendance à quitter leur entreprise de formation

Deux recherches du département du Travail se concentrent sur les postes tenus par les jeunes une fois leur formation terminée. Six mois après la fin de leur apprentissage en 2022, 27% d'entre eux étaient toujours employés par la même entreprise, tandis que 40% travaillaient pour une autre entreprise.

Par Alain Ruello

Indique-moi où tu as reçu ta formation en alternance et je pourrais deviner ton lieu de travail. Deux recherches du ministère du Travail, sorties à quelques semaines d'intervalle à la fin de l'année passée, mettent en lumière un aspect souvent négligé de ce type de formation qui combine apprentissage théorique en centre de formation et expérience pratique en entreprise. Au-delà du taux élevé d'intégration professionnelle, où finissent exactement les personnes en alternance ?

Ces deux recherches se concentrent sur la situation des jeunes, du CAP au BTS, un an après l'obtention ou non de leur diplôme. La plus récente, publiée en décembre, révèle qu'après six mois, 27% des apprentis de 2022 étaient toujours employés par la même entreprise, tandis que 40% travaillaient pour un nouvel employeur. Les auteurs de l'étude soulignent que la rétention par l'employeur initial est plus courante lorsque la formation est axée sur la production plutôt que sur les services.

Manque de travailleurs qualifiés

Par exemple, dans le domaine du "génie civil, construction, bois", 34% des jeunes restent chez le même employeur. Dans le domaine de "l'énergie, chimie, métallurgie", la fidélité est la plus haute avec un taux de 40%, tandis que dans trois secteurs, seuls un apprenti sur cinq formés est conservé par l'employeur. Parmi ces secteurs, on trouve étonnamment l'industrie de "l'hôtellerie, restauration, tourisme", un secteur qui est en manque de travailleurs qualifiés.

Consultez également :

L'évaluation positive des formations en apprentissage pour les jeunes en situation précaire.

La deuxième recherche, dévoilée deux mois auparavant, s'est concentrée sur le parcours des diplômés de 2021, mais cette fois à une échelle plus large, celle de l'industrie professionnelle. En conclusion, parmi tous les individus qui étaient protégés par un accord syndical pendant leur formation en alternance, 44% travaillaient comme salariés dans le même secteur, les deux tiers restant avec le même employeur ou dans un secteur similaire.

De manière concomitante, 16% étaient occupés dans un autre secteur, 7% détenaient un poste qui ne se conformait à aucune convention (essentiellement en contrat temporaire), tandis que le reste œuvrait dans le secteur public ou continuait leurs études. "L'insertion dans le monde professionnel se fait donc généralement dans le domaine de la formation professionnelle ou un domaine similaire", note l'étude, et c'est d'autant plus vrai avec un diplôme que sans.

Utilisation de l'emploi temporaire

La concordance entre le domaine de formation et celui de l'emploi après six mois fluctue considérablement en fonction du secteur, notamment parce que certains secteurs ont des liens naturels entre eux. Par exemple, le taux d'emploi dans le secteur privé, que ce soit avec le même employeur ou avec un autre dans un domaine similaire, est de 75% pour le secteur des pharmacies, 48% pour le secteur de la construction et 37% pour le commerce, principalement alimentaire, toujours après six mois.

L'utilisation du travail à court terme peut rendre les choses un peu confuses en fonction des professions. Par exemple, il est très répandu dans l'industrie métallurgique, ce qui pourrait expliquer le faible pourcentage (38 %) d'emplois pour ceux qui y restent ou ne s'en écartent pas beaucoup. La force de la relation entre la profession et le secteur peut également varier en fonction de si la profession est interdisciplinaire ou non.

La problématique de la trajectoire professionnelle

Après un an, comment se présente la situation ? Le maintien du niveau d'emploi dans le secteur privé, que ce soit dans le même domaine ou dans un domaine similaire à celui de la formation, "masque une certaine dynamique de carrière des anciens apprentis". Cela concerne surtout ceux qui n'avaient pas trouvé d'emploi six mois après avoir quitté leur centre de formation.

Voir également :

ENTRETIEN – Olivier Dussopt : « Nous devons initier une deuxième phase de la réforme du marché du travail »

Cette étude aboutit à deux conclusions principales. D'abord, le fait de changer de domaine ne signifie pas forcément que l'apprenti va exercer un métier différent de celui pour lequel il a été formé. Cependant, le fait que de plus en plus d'apprentis se retrouvent dans d'autres domaines après un an pourrait indiquer soit des difficultés à trouver un poste dans le métier pour lequel ils ont été formés, soit le désir d'exercer un autre métier. Implicitement, cela soulève la question vitale de l'orientation des jeunes et la possibilité pour eux d'explorer différents métiers avant de prendre un engagement.

Ruello Alain

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