Impasse dans les négociations tarifaires : les syndicats de médecins en conflit avec l’exécutif

Le conflit entre le gouvernement et les docteurs entrave les discussions sur les tarifs

Cinq des six syndicats de docteurs ont interrompu leur implication dans les discussions actuelles avec l'Assurance Maladie. Frédéric Valletoux, le ministre adjoint à la Santé, tente de rétablir la communication.

Par Tifenn Clinkemaillié

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La relation entre le gouvernement et les médecins en exercice privé se dégrade de plus en plus. Après les médecins spécialistes, ce sont maintenant les médecins généralistes qui entrent en conflit avec l'exécutif. Dimanche, MG France, qui est la principale organisation de médecins généralistes, a déclaré qu'elle mettait en pause sa participation aux pourparlers qui ont lieu depuis plusieurs mois avec l'Assurance Maladie.

En somme, cinq des six syndicats ont abandonné les négociations. La Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), qui reste à la table, reproche au gouvernement d'avoir "saboté" le processus. L'atmosphère, déjà électrique, s'est envenimée suite à plusieurs déclarations de Gabriel Attal dans les médias locaux ce week-end.

Point de discorde

Au centre des conflits se trouve le test d'une approche directe aux spécialistes sans la nécessité d'une recommandation du médecin de famille. Pour les syndicats, avec MG France en première ligne, c'est une vraie pomme de discorde. L'association critique une mise à l'écart du médecin référent.

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"C'est indéniablement une agression envers notre fonction dans le système de santé, avec une déréglementation qui ne bénéficiera qu'à une minorité fortunée, peu malade et familière avec le système", regrette sa présidente, Agnès Giannotti, dans un article du "Parisien".

Il est important de noter que, à l'exception de certaines spécialités comme la pédiatrie, la gynécologie ou l'ophtalmologie, les patients devraient normalement être orientés par leur médecin généraliste dans le cadre du "parcours de soins", sinon, leur remboursement serait réduit. En éliminant cette exigence, le gouvernement espère résoudre le problème de la congestion chez les médecins généralistes, en raison du manque de rendez-vous et de professionnels de santé disponibles.

Choc pour les syndicats

Les déclarations non concertées du chef du gouvernement tombent alors que les syndicats étaient en pleine négociation depuis l'automne de leur nouveau contrat, qui a pour objectif d'augmenter le salaire des docteurs, en échange d'engagements « collectifs » en faveur de l'accès aux soins. Nous étions en train de travailler sur « un système harmonisé, axé sur le rôle prédominant du médecin de famille, et la résidence du Premier ministre est prête à l'effacer d'un seul trait de stylo », s'est insurgée Agnès Giannotti. Certaines déclarations « sont stupéfiantes, nous sommes furieux », a également dénoncé Franck Devulder, chef du syndicat CSMF.

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"Pour couronner le tout, nous n'étions pas informés", a-t-il déclaré, affirmant avoir eu une rencontre avec le directeur de l'Assurance maladie, Thomas Fatôme, ainsi qu'avec le ministre adjoint à la Santé, Frédéric Valletoux, sans qu'aucune discussion n'ait eu lieu sur ces réglementations.

Conflits concernant les prix des hôpitaux privés

Ces propos ont accentué le mécontentement relatif à la problématique des coûts des hôpitaux privés. Les tarifs des établissements de santé du secteur privé à but lucratif, où opèrent de nombreux praticiens indépendants, ne connaîtront qu'une légère hausse de 0,3 % en 2024, comparativement à une augmentation de 4,3 % pour les hôpitaux publics. Ce litige avait déjà conduit, jeudi, quatre des six syndicats représentatifs à se retirer des négociations.

"Les tâches effectuées par les cliniques privées ne peuvent pas être assumées par l'hôpital public", avait affirmé Jérôme Marty, le chef de l'Union française pour une médecine libre (UFML-S). Il reproche au gouvernement de "détruire le système de santé français". "Les décisions sur les coûts des soins hospitaliers sont perçues comme un acte de guerre", avait aussi estimé le porte-parole d'Avenir Spé-Le Bloc, Patrick Gasser.

Frédéric Valletoux s'efforce de réduire un tant soit peu la pression. Il a affirmé ce lundi que la communication avec les syndicats n'était pas rompue. Il a précisé qu'il les avait contactés par téléphone ce week-end et qu'il le fera encore cette semaine. Il a également déclaré que le Premier ministre avait raison de mettre en place des projets ambitieux, car il n'est plus possible de retarder.

Quand l'AFP a demandé des précisions sur "l'expérimentation" de l'accès direct aux spécialistes, le ministère de la Santé a confirmé que les critères seraient établis en collaboration avec les représentants des médecins.

La Mutualité française, l'organisation représentant les mutuelles de santé complémentaire, a exprimé son approbation pour les propositions du Premier ministre. Elle a félicité les suggestions de Gabriel Attal pour améliorer la santé mentale et simplifier le processus de soins.

Tifenn Clinkemaillié

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