Les docteurs indépendants reprennent leur confrontation avec l'administration. Tous les syndicats significatifs appellent à une grève continue à partir de ce vendredi. Ils sollicitent que le gouvernement relance rapidement les discussions sur le coût des consultations. Les débats semblent être difficiles, alors que le pouvoir exécutif tente de limiter la croissance des dépenses de santé.
Par Solenn Poullennec
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Selon les syndicats, c'est un "vendredi sombre" pour recevoir des soins médicaux. Toutes les organisations qui représentent les médecins indépendants font un appel à la grève ce 13 octobre pour exprimer leur mécontentement concernant le "manque d'investissement dans la médecine indépendante". Ils veulent également pousser le gouvernement à reprendre les discussions sur le coût de leurs visites en exigeant "des ressources adéquates".
Environ 10% des docteurs sont membres d'un syndicat, cependant, les syndicats prévoient que le mouvement de protestation impliquera beaucoup plus de médecins que ceux qui sont syndiqués. "De larges secteurs de la médecine générale vont se mettre en pause", a averti Philippe Cuq, nommé porte-parole ce mardi par douze organisations. Il a révélé que les urgences seraient redirigées vers les hôpitaux publics et que des opérations seraient annulées. "Il y aura des centres de soins privés en France où tous les médecins vont cesser leurs activités."
Revitaliser la pratique privée
Cette grève, qui coïncide avec celle des syndicats nationaux "contre l'austérité, pour les salaires et l'égalité de genre", n'est pas la première initiée par les médecins ces derniers temps. Les rapports avec les autorités sont tendus en raison de la crise hospitalière et de la pénurie de médecins.
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Depuis l'automne précédent, les unions syndicales exigent que le contrat de cinq ans qui lie les médecins indépendants à la Sécurité sociale accorde une augmentation de leurs salaires et de meilleures conditions de travail. Au début de l'année, ils n'ont pas réussi à trouver un accord avec l'Assurance Maladie. Par conséquent, un "médiateur" a dû intervenir.
Il a pris la décision d'élever le coût de l'examen initial chez le médecin généraliste de 25 à 26,50 euros en novembre, bien en dessous des 30 euros demandés par divers groupes. Philippe Cuq a jugé nécessaire de reprendre les discussions de toute urgence.
Les syndicats se sont unis pour demander plus de ressources et critiquer un but d'augmenter les dépenses de santé (Ondam) de 3,2% pour 2024, qu'ils jugent "largement insuffisant". Cependant, ils n'ont pas présenté de position plus précise ce mardi.
Reprise des discussions "dans les jours à venir"
L'administration s'engage à reprendre les pourparlers en transmettant une lettre de directives "dans les jours à venir". Les conversations s'annoncent difficiles, l'exécutif affirmant vouloir contrôler les coûts de la santé, qui ont tendance à s'envoler et à aggraver le déficit de la Sécurité sociale.
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La Sécurité Sociale a fait des efforts pour faciliter les choses, indiquant sans équivoque la possibilité d'une augmentation des prix. "La consultation à 26,50 euros n'est qu'un début, c'est certain", a affirmé son directeur, Thomas Fatôme, dans "Le Journal du médecin" à la mi-septembre.
"Il a réitéré qu'il n'adoptera pas une approche qui associe une augmentation de la rémunération à des engagements individuels". L'année précédente, l'Assurance Maladie avait suggéré d'accroître les gains des médecins qui s'engageaient à accueillir plus de patients et/ou à garder leur cabinet ouvert pendant le week-end, à prendre en charge les urgences, etc.
Bureaucratie
La notion de "quid pro quo" n'a pas été bien reçue par les syndicats de médecins, qui justifient que leurs collègues sont fréquemment submergés par le travail et font déjà tout leur possible pour répondre aux exigences.
Les praticiens indépendants expriment également leur désaccord face à une proposition de loi de la majorité qui sera débattue au Sénat fin octobre. Proposée par le député Frédéric Valletoux (Horizons), connu pour ses critiques régulières envers les syndicats de médecins, elle a pour objectif d'optimiser l'agencement des soins à l'échelle locale, en incitant les médecins à collaborer entre eux.
"Ce document bureaucratique, plein de restrictions, doit être modifié en un soutien pour la médecine privée et l'accès aux soins", a affirmé Philippe Cuq.
Solenn Poullennec
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