Hamas a lancé une attaque le 7 octobre : Israël était au courant mais n'a pas pris la menace au sérieux
Des preuves récentes révèlent que les forces armées israéliennes ont négligé des informations détaillées et cohérentes qu'elles possédaient concernant les plans d'attaque du Hamas le 7 octobre.
Par Pascal Brunel
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"J'en ai assez d'entendre ces sottises, si vous persistez à m'en faire part, je vous enverrai en cour martiale" : voilà comment un chef militaire a réprimandé un officier d'une unité spéciale qui l'avait informé des préparations d'une grande opération que le Hamas organisait plusieurs mois avant le 7 octobre.
Encore mieux, la chaîne publique israélienne a divulgué que les services de renseignement militaires ont découvert, quelques mois avant le 7 octobre, un guide du Hamas. Ce document décrivait en détail la stratégie à adopter pour s'emparer des stations militaires israéliennes entourant la bande de Gaza, prévoyait d'assassiner des civils et de prendre des otages, donnait des instructions sur l'utilisation de fourgonnettes, de motos, de tracteurs pour franchir la barrière de sécurité, ainsi que sur l'utilisation de missiles anti-chars et de mortiers, ainsi que de parapentes.
Les consignes ont été rigoureusement appliquées par les commandos du Hamas. Les islamistes ont aussi mené une campagne de manipulation mentale en déclenchant des conflits mineurs à la frontière pour donner l'impression qu'ils se limiteraient à de telles opérations restreintes.
Plusieurs avertissements négligés
Les sentinelles militaires, chargées de surveiller les images provenant des caméras de sécurité dispersées le long des frontières, avaient signalé des indices inquiétants. Elles avaient même prévenu que des groupes d'assaut du Hamas s'entraînaient à des enlèvements sous l'égide d'un haut gradé identifié par reconnaissance faciale. Cependant, leurs supérieurs avaient jugé qu'elles étaient peut-être trop portées à l'« imagination ».
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Une agente de l'unité 8200, experte en renseignements électromagnétiques et en déchiffrage de codes, avait aussi remarqué des manoeuvres d'entraînement d'une envergure exceptionnelle près de la frontière, trois mois avant le 7 octobre. Cependant, ses chefs ont choisi de ne pas tenir compte de ses observations, lui suggérant de se calmer sous peine de sanctions.
La réminiscence de la bataille de Kippour
Les dirigeants militaires ont négligé toutes ces données, considérant que le Hamas n'avait pas les ressources requises pour lancer une attaque majeure contre le pouvoir de dissuasion d'Israël.
Cela n'a pas manqué de rappeler à beaucoup d'Israéliens un échec précédent de l'armée israélienne. Pendant la guerre de Kippour en octobre 1973, les forces israéliennes avaient été surprises par les armées égyptienne et syrienne, malgré le fait qu'elles disposaient d'informations sur l'attaque imminente grâce à un espion de haut rang, qui était le gendre de Gamal Abdel Nasser, le président égyptien de l'époque. L'armée israélienne a finalement gagné, mais à un coût très élevé en termes de pertes humaines.
Le porte-parole militaire, lorsqu'il a été interrogé, a choisi d'éviter de répondre directement, en soulignant que l'objectif principal était d'éliminer le Hamas. "Après la guerre, nous mènerons une enquête approfondie et complète", a-t-il promis. Les dirigeants du Shin Beth, le service de sécurité en charge de la lutte contre le terrorisme, ont déjà reconnu leur responsabilité, ce qui n'a pas encore été le cas du Premier ministre Benyamin Netanyahou.
Brunel Pascal
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