Détérioration des soins critiques néonatals en France : des taux de mortalité alarmants au-delà de la moyenne européenne

Pourquoi la qualité des soins aux nouveau-nés en situation critique se détériore en France ?

Le taux de décès des bébés durant leur premier mois de vie est significativement plus élevé en France par rapport à la moyenne de l'Europe. Voici une explication basée sur une étude menée par la société française de néonatologie.

By Pauline Verge

Les problèmes que rencontrent les hôpitaux n'évitent pas les unités de soins intensifs pour les nouveau-nés, pour lesquelles les experts du domaine insistent sur la nécessité d'une réorganisation urgente. La mortalité des nouveau-nés, qui se produit durant le premier mois de vie du bébé et représente 74% des décès infantiles, est notablement plus élevée en France par rapport à la moyenne européenne. En 2021, elle touchait 2,72 nouveau-nés sur 1.000 naissances vivantes.

L'âge croissant des mères, l'augmentation des grossesses multiples et les conditions défavorables sont parmi plusieurs éléments qui s'additionnent pour justifier une telle divergence entre la France et ses pays voisins. L'un de ces éléments est la détérioration de la qualité des soins donnés aux bébés prématurés ou ayant besoin de soins intensifs.

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Ce lundi, l'organisation française de néonatologie dévoile les conclusions d'une succession d'études visant à apprécier la qualité des soins néonataux, en particulier dans les domaines de la réanimation et des soins intensifs. Elle exprime sa préoccupation face à des "conclusions extrêmement inquiétantes".

Refuser des admissions par manque d'espace

L'inspection illustre un service de soins à la fois insuffisant et mal distribué. La diminution de la natalité que connaît la France ne se reflète pas par une baisse des exigences dans les services de soins intensifs. Au contraire, "l'extension des limites d'âge gestationnel pour le soutien des très grands prématurés, et l'accroissement du nombre de grossesses poursuivies malgré une malformation grave et incurable du fœtus" augmentent le nombre de nouveau-nés qui nécessitent des soins intensifs, souligne la société française de néonatologie.

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De façon simultanée, l'entreprise dénonce la suppression de lits – atteignant 5 % en juin 2023. En fonction des régions en France, on recense de 0,6 à 1,28 lits de soins intensifs pour nouveau-nés pour 1.000 accouchements. La région de Provence-Alpes-Côte d'Azur est la moins bien servie. A travers tout le pays, 23 % des services annoncent régulièrement qu'ils sont contraints de refuser l'admission de cas graves par manque de disponibilité.

Des équipes manquantes

D'un point de vue humain, les conditions de travail détériorées dans lesquelles le personnel de ces services opère affectent également la qualité des soins, et reflètent la crise à laquelle les hôpitaux français sont confrontés. 80% des pédiatres spécialisés en néonatologie interrogés par la SFN déclarent travailler plus de 50 heures par semaine, et 13% plus de 75 heures. 72% des services éprouvent des problèmes pour assurer la continuité des soins, et 73% gèrent avec au moins un poste vacant de pédiatre spécialisé en néonatologie.

Finalement, ces services sont obligés de travailler avec des groupes d'infirmiers qui manquent d'expérience : environ 80% d'entre eux ont "au moins un tiers de leurs infirmiers qui ont moins de deux ans d'expérience, une durée généralement jugée nécessaire pour atteindre un niveau de compétence suffisant pour travailler dans un service de soins intensifs pour nouveau-nés". Cette période de transition est d'autant plus cruciale que la pédiatrie et la néonatologie ne font plus partie du programme de formation d'infirmier depuis 2009.

Pauline Bordure

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