Démographie en France : chute historique des naissances et hausse de l’espérance de vie

Population : la baisse des naissances persiste, l'espérance de vie s'améliore en France

L'année précédente, seulement 678.000 nourrissons sont nés en France, ce qui représente une diminution de 48.000 par rapport à 2022 et une baisse de 20% par rapport à 2010. Cependant, l'espérance de vie des hommes à la naissance a franchi le seuil des 80 ans pour la première fois.

Par Nathalie Silbert

La baisse du taux de naissance et le vieillissement de la population française : les statistiques du rapport démographique de 2023 publié ce mardi par l'Insee ont validé la nouvelle dynamique du pays. Au début de l'année 2024, la France comptait 68,4 millions de résidents, une augmentation de 0,3 %, tout comme en 2022.

La France enregistre maintenant moins de 700.000 naissances, un nombre jamais vu depuis 1946. L'année précédente, seuls 678.000 nouveau-nés ont vu le jour, soit une baisse de 48.000 par rapport à 2022, année qui avait elle-même connu une diminution historique de la natalité. Par rapport à 2010, année de la dernière hausse notable, la France enregistre "150.000 naissances de moins", a souligné Sylvie Le Minez, qui dirige l'unité des études démographiques et sociales à l'Insee. Cela équivaut à une baisse d'environ 20 %.

Réduction du nombre de décès

Malgré une augmentation depuis l'apparition de la pandémie de Covid-19 en 2020, le taux de mortalité a baissé de 6,5 %, avec un total de 631 000 décès, soit 44 000 de moins qu'en 2022. Cette année-là, des épidémies de grippe et des vagues de chaleur avaient également entraîné un nombre élevé de décès. Cependant, le taux de mortalité reste plus important qu'avant l'épidémie sanitaire.

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La grande nouvelle est que l'espérance de vie à la naissance est en hausse. Pour la première fois, elle atteint 80 ans chez les hommes et monte à 85,7 ans chez les femmes. L'espérance de vie à 60 ans connaît également une augmentation significative, surpassant son niveau de 2019 avec 27,9 ans pour les femmes et 23,7 ans pour les hommes. Illustrant le vieillissement de la nation, les personnes âgées de plus de 75 ans constituent désormais plus de 10 % de la population française.

Par conséquent, le surplus naturel – c'est-à-dire l'excédent de naissances par rapport aux décès – atteint 47 000, son chiffre le plus bas depuis la période post-guerre. De même, on estime provisoirement le bilan migratoire à 183 000 individus en 2023, comparé à 161 000 l'année précédente.

Le niveau de fécondité en France est de 1,7. Est-ce que cela signifie qu'un "déclin démographique" est en cours dans le pays ? Laurent Toulemon, un chercheur principal à l'Institut national des études démographiques (Ined), ne le pense pas. Selon lui, l'idée d'un déclin démographique est exagérée. Il souligne que la France a toujours le taux de fécondité le plus élevé en Europe. Il n'y a pas de comparaison avec la situation en Italie ou en Espagne, où la diminution du nombre de naissances est beaucoup plus prononcée, entraînant une réduction de la population.

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Il est cependant confirmé que la dynamique démographique en France s'affaiblit. L'aggravation de la crise de la maternité que traverse le pays est directement associée à la baisse constante de la fécondité. En 2023, le taux est tombé à 1,68 enfant par femme en âge de procréer, comparé à 1,8 un an auparavant. Un niveau "bas", qui ne permet plus le renouvellement des générations, mais qui a pourtant déjà été noté en 1993.

"Si le taux de natalité en France tombait à 1,5, le contexte serait transformé. C'est un niveau où les mouvements migratoires ne peuvent plus pallier le manque du solde naturel, sauf si les courants d'immigration augmentent de manière significative. Il est alors fort probable que la population commence à diminuer", note Laurent Toulemon.

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L'Insee note que les femmes les plus fertiles sont maintenant âgées de 30 à 34 ans. Cependant, avant 30 ans, la fertilité diminue pour tous les âges. Sylvie Le Minez pense que cette situation pourrait être liée à une forte inflation, mais elle estime qu'il y a probablement beaucoup d'autres facteurs en cause. Laurent Toulemon, de son côté, souligne que la politique familiale en France s'est affaiblie. Il y avait une époque où elle était fréquemment mise en œuvre. Cependant, aujourd'hui, il n'y a plus vraiment de but pro-nataliste.

Est-ce le signe d'une nouvelle période caractérisée par une diminution du nombre de naissances ? À l'heure actuelle, il n'y a aucune preuve concrète que le taux de fécondité en France continuera de décroître, selon l'avis unanime des démographes. Si cela devait se produire, cela représenterait un nouveau challenge économique que la France devra surmonter.

VIDÉO. Est-ce vraiment un problème que le taux de naissance diminue ?

Nathalie Silbert

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