Dégradation de l’Image des Services Publics en France : Santé, Éducation et Justice sous le Feu des Critiques

La perception des services publics tels que la santé, l'éducation et la justice continue de s'aggraver en France. Selon l'indicateur de l'Institut Paul Delouvrier, publié par "Les Echos", la confiance des Français dans ces services a encore baissé en 2023. Les domaines de la santé et de l'éducation sont particulièrement sources de préoccupations.

Par Leïla de Comarmond

La diminution n'est pas aussi marquée que celle de l'année précédente, mais elle témoigne d'un changement de cap. Le jugement des Français sur leurs services publics a continué de se détériorer pour une deuxième année d'affilée en 2023, révèle la dernière version du baromètre de l'Institut Paul Delouvrier, un outil qui évalue le contentement des utilisateurs, dont "Les Echos" offre une première lecture.

Seulement 44% des 2.500 individus âgés de 15 ans et plus, qui ont été sondés par Verian (anciennement Kantar public) en décembre dernier, ont affirmé avoir une "bonne impression" des services publics. C'est une diminution de 2 points par rapport à l'année précédente, qui avait déjà vu une baisse de 6 points. Cela nous écarte encore plus des résultats de 2021 et 2022, qui avaient surpassé les 50%.

Changement de cap

"Nous sommes retournés à l'état des choses d'avant la pandémie du Covid, voire même avant l'accession d'Emmanuel Macron à la présidence", souligne Guillaume Caline, responsable des enjeux publics et de l'opinion chez Verian.

"Est-ce que l'épidémie a semé une idée dans l'esprit des Français ?" se demande Matthieu Delouvrier, gestionnaire de l'Institut Delouvrier. Malgré tout, les conditions actuelles sont beaucoup plus propices qu'au début des années 2010, lorsque les avis favorables ne dépassaient pas 40%.

Toutefois, l'image de certains secteurs a subi une dégradation considérable. En ce qui concerne la santé et l'éducation nationale, la baisse qui a été particulièrement prononcée en 2021 et 2022 a continué en 2023.

En conséquence, uniquement 45% des individus sondés affirment qu'ils ont une vision positive du secteur de la santé publique. C'est le chiffre le plus faible jamais enregistré depuis 2011. Ce pourcentage chute même à 34%, en diminution de 5 points, concernant l'éducation, qui revient à sa position antérieure à l'accession d'Emmanuel Macron à la présidence. En 2023, seul le domaine de la justice est classé moins bien.

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Il est très probable que ces deux aspects sont liés, la santé et l'éducation sont les deux domaines dans lesquels la majorité des Français pensent que le gouvernement devrait mettre l'accent. La santé est mentionnée par 48% des personnes sondées et l'éducation par 41%, tandis que l'emploi et le chômage sont placés en sixième position, après la justice, la police, la gendarmerie et l'environnement.

Un niveau d'approbation de 73%

Il ne faut pas mélanger l'opinion et la satisfaction, comme le démontre le baromètre à chaque fois. Sur ce deuxième aspect, les nouvelles sont plus positives, ce qui indique que les personnes qui utilisent les services publics ont une vision moins négative de ceux-ci.

L'année 2022 a connu une baisse, avec une diminution de 2 points qui ont finalement été récupérés, amenant ainsi le taux de contentement à 73 %. Ce niveau général de satisfaction cache néanmoins diverses circonstances.

L'appréciation pour la santé publique, qui avait vécu un regain en 2020, a considérablement chuté depuis. Ce service public avait atteint près de 90% de satisfaction au crépuscule des années 2000. Un niveau qui est tombé à 73% en 2023. "Nous avons perdu 12 points en douze ans et la chute semble inévitable", se préoccupe Matthieu Delouvrier. Concernant l'Éducation Nationale, le niveau de satisfaction a quant à lui augmenté de 3 points, atteignant 69%. Sa chute amorcée en 2020 s'est stoppée après la fin du mandat de Jean-Michel Blanquer.

La tension sur le pouvoir d'achat augmente l'appétit pour une réduction des taxes. Le problème du pouvoir d'achat a également un impact sur les services publics, comme l'indique le baromètre de l'Institut Paul Delouvrier. L'année 2019 a été un tournant : pour la première fois depuis 2011, l'aspiration à améliorer les services publics a surpassé celle de réduire les taxes. Cependant, en 2023, la tendance a de nouveau changé de direction.

Cela témoigne de l'ampleur du changement, la répartition des choix pour les services publics au détriment d'une réduction des impôts a été totalement modifiée en 2023 : en 2022, c'était le choix majoritaire dans six régions, avec un taux de préférence atteignant un sommet de 56 % en Bourgogne-Franche-Comté et de 57 % en Occitanie. Ce taux a connu une baisse significative dans ces deux régions, tombant à 44 % et 46 %. En 2023, seules deux régions – et de justesse – continuent de privilégier les services publics : l'Ile-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes.

Comarmond Leïla

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