Déchiffrer la tradition des calendriers de Noël : distribution, bénéfices et utilisation des dons par La Poste et les Pompiers

Où l'argent collecté par les calendriers de Noël de La Poste et des pompiers est-il utilisé ?

À la fin de chaque année, des professionnels tels que les facteurs, les pompiers et les éboueurs vendent leurs propres calendriers. Combien cela leur rapporte-t-il ? Comment est utilisé cet argent ? Il existe plusieurs règles qui doivent être suivies, bien que parfois elles soient contournées. Voici quelques éclaircissements.

Par Jean Dupont

Est-ce l'effet enchanté de Noël ? Afin d'exprimer leur gratitude envers leur facteur dévoué ou leur pompier aidant, les clients sont encouragés à faire un geste de générosité lors de l'achat d'un calendrier pour l'année à venir. Cependant, cette coutume suscite des questions. Voici un guide informatif, basé sur les témoignages de professionnels concernés, pour s'assurer de donner à ceux qui le méritent et pour comprendre comment ces dons sont utilisés.

Les calendriers de la Poste : un bonus mensuel pour les livreurs de courrier

Quelques-uns en font la demande dès novembre, tandis que d'autres n'en achètent pas et font simplement un don à leur livreur de courrier… "La vente de calendriers est cruciale pour nous", admet une jeune livreuse de courrier du Sud-Ouest. "C'est un beau geste de confiance et d'appréciation que nos clients nous témoignent, surtout pendant la saison de fêtes qui est une période de forte activité pour nous."

Les calendriers de La Poste sont très appréciés des personnes âgées et représentent une aide financière significative pour les facteurs. Quatre entreprises d'édition, dont Oberthur en tête, commercialisent ces almanachs. « Nous détenons 35% du marché, soit environ 10 millions de calendriers vendus chaque année, pour un revenu de 4 à 5 millions d'euros », déclare le directeur général Christophe Rault.

Les postiers achètent individuellement leurs calendriers directement auprès des maisons d'édition. Lors de la revente à leurs clients, certaines directives doivent être suivies. "Officiellement, les postiers sont censés vendre en dehors de leur circuit habituel et de leurs heures de travail, mais en réalité, certains ne le font pas", admet Emmanuel Cottin, secrétaire général du syndicat CGT des services postaux de Paris. Dans son bureau de poste situé dans le sud-ouest, une postière confirme également qu'aucun membre du personnel ne suit cette directive, "on opère plutôt sur le principe du 'si tu ne te fais pas prendre, ça passe'". Les conséquences ? Une compensation à La Poste ou une réprimande.

Un marché mystérieux mais crucial pour certains travailleurs

Les contributions peuvent varier, allant de 10 à 50 euros, en fonction de la localité et du rapport entre le client et son facteur. La factrice exprime sa joie d'avoir vendu environ une centaine de calendriers et amassé près de 1300 euros, ce qui correspond presque à un treizième mois de salaire à la fin du mois. Ces contributions, qui ne sont ni déclarées ni défiscalisées, sont directement perçues par le facteur, un point qui est déploré par Emmanuel Cottin. Il trouve ce marché assez peu transparent et préférerait l'instauration d'un treizième mois de salaire officiel pour tous, ce qui serait plus juste.

Il faut également noter que les travailleurs temporaires, qui représentent près de 25% des tournées en France, n'ont pas le droit de vendre ces calendriers. Un marché secondaire se crée donc : "Si des clients sur la route d'un intérimaire veulent des calendriers, je les lui vends au prix d'achat, ce qui lui permet de les revendre de son côté", explique la postière. Nous nous organisons toujours dans les bureaux pour permettre à chacun de bénéficier de cette opportunité, de gagner un petit supplément et en même temps de répondre aux attentes des clients intéressés.

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Selon le PDG d'Oberthur, l'administration fiscale tolère certaines pratiques, notamment les pourboires de Noël pour les facteurs, qui représentent une source financière non négligeable. Comme l'indique l'un des facteurs, cela lui permet d'acheter ses cadeaux de Noël et de faire des économies. Le secrétaire général du syndicat souligne que les salaires à La Poste sont parmi les plus faibles du pays. Le salaire médian est de 1.700 € brut, alors qu'il ne gagne que 1.540 € après deux décennies de service.

Au sein de la brigade de pompiers, des contributions pour la station et les orphelins

"C'est comme un bref intermède de 5 minutes qui réchauffe l'âme et apporte de la joie". Pour ce jeune sapeur-pompier de la région de Paris, la période de la distribution des calendriers est "une sorte de tradition, un instant anticipé par les résidents qui en font la demande même lors d'une opération".

Contrairement à La Poste, les fonds recueillis par les sapeurs-pompiers sont destinés à leurs propres associations, aussi appelées amicales. Chaque caserne a sa propre association, gérée par des sapeurs-pompiers volontaires, qui organise annuellement la vente de leur calendrier spécifique. C'est ce que détaille Frédéric Monchy, qui est à la tête du syndicat national des sapeurs-pompiers professionnels.

Les contributions collectées servent à améliorer les conditions de vie des pompiers dans leurs quartiers, tels que la garde d'enfants lorsque les coéquipiers sont en service ou l'amélioration des repas pendant les quarts de travail. Une portion des fonds collectés est donnée à l'OEuvre des pupilles, une organisation pour les enfants orphelins. "Les contributions collectées sont extrêmement précieuses pour nous car elles aident à améliorer notre quotidien dans le quartier", souligne le président du SNSPP.

Des contributions exemptées d'impôts

Lorsqu'ils ne sont pas en service, mais toujours en uniforme, les pompiers vendent des calendriers pendant leur temps libre ou après leur journée de travail. La vente a généralement lieu de la mi-novembre à la fin décembre. Il est évident que pour éviter toute confusion, des zones spécifiques sont assignées à chaque pompier dans le territoire de leur caserne.

En ce qui concerne le montant des contributions, "il fluctue grandement en fonction des régions desservies par chaque caserne de pompiers, et également en raison de la situation économique difficile, qui force parfois les gens à donner moins". Le jeune pompier de Paris essaie de discerner une tendance : "La moyenne des dons dans ma caserne est de 8 €, certaines personnes nous donnent un billet de 20 €, tandis que d'autres une pièce de 2 €, il est donc difficile de déterminer si les dons augmentent ou diminuent".

À la différence des gratifications offertes aux facteurs, celles destinées aux pompiers sont exemptées d'impôts. En effet, les pompiers fournissent un reçu et les calendriers qu'ils distribuent contiennent un formulaire pour déclarer la contribution.

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"La générosité des gens est inévitablement connectée au service fourni à la communauté locale, affirme le président du SNSPP. J'aurais tendance à penser que dans les zones rurales les plus reculées, les habitants sont plus généreux envers les pompiers, qu'ils ne le seraient dans certaines régions plus urbanisées, probablement parce qu'ils sont plus distants des services de secours."

D'ailleurs, est-ce que ce don, généralement non signalé, est-il autorisé ? Soyez tranquille, que ce soit aux pompiers ou aux facteurs, le consommateur a le droit d'offrir un don. Et n'oublions pas, le montant du don est à la discrétion du donateur et donc, les vendeurs n'ont pas le droit d'exiger un montant spécifique.

Soyez vigilants face aux escroqueries liées aux éboueurs !

Depuis 1955, un décret préfectoral empêche les employés municipaux, y compris les éboueurs et les égoutiers, de recevoir des pourboires à Paris. 'Cette règle s'applique aussi aux travailleurs des entreprises privées qui gèrent la collecte des ordures pour la ville de Paris', souligne la mairie. Cependant, certaines municipalités, comme Bordeaux, permettent encore cette pratique.

Vincent Lou

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