De la Consommation à l’Épargne : La Transformation Financière des Boomers en France

Expliquant le passage des "baby-boomers" de dépenses à économies

Les Français nés avant 1953, avec une part d'épargne constituant un quart de leur revenu utilisable, sont les plus gros économiseurs. Par ailleurs, ils choisissent des investissements plus audacieux que les plus jeunes.

Par Nathalie Silbert

En France, la croissance économique repose principalement sur la consommation. Cependant, pour un grand nombre de foyers, cette consommation a été limitée par la résurgence de l'inflation depuis 2021. Selon l'Insee, dans son "Portrait social" publié récemment, l'impact de cette inflation a été plus que doublé pour les 10% des ménages les plus pauvres comparé aux 10% les plus riches. Les foyers à faibles revenus et de classe moyenne ont été contraints de réduire leurs dépenses, même pour des besoins fondamentaux tels que la nourriture ou l'énergie.

Grâce à une croissance salariale dynamique et à une forte hausse des revenus provenant de leur patrimoine (dividendes, etc.), complétée par l'abolition de la taxe d'habitation, les individus les plus riches se sont beaucoup mieux adaptés et ont économisé plus que les autres. Par conséquent, le taux d'épargne des 20% les plus riches a atteint 28% du revenu brut disponible, tandis que celui des plus pauvres n'était que de 3%.

La "théorie du cycle de vie" réfutée

On constate bien sûr que parmi ces Français privilégiés qui ont accumulé des économies, on compte les travailleurs indépendants, les cadres de haut niveau, les personnes exerçant des professions libérales et également des retraités fortunés.

La véritable révélation est que les "baby-boomers", qui ont été élevés dans une culture de consommation durant les Trente Glorieuses, se sont tournés vers l'épargne plus tard dans leur vie. Les plus âgés parmi eux (nés avant 1953) mettent de l'argent de côté, et ils le font même plus que les autres, car ils économisent en moyenne 25% de leur revenu brut disponible, soit 7,5 points de plus que le taux d'épargne moyen des foyers français l'année précédente (17,5%).

La prochaine génération de "boomers", nés entre 1955 et 1963 et qui ont aujourd'hui entre 60 et 69 ans, ne sont cependant pas en reste, avec un taux d'épargne de 18%. C'est nettement plus que le taux d'épargne de 8% observé chez les moins de trente ans.

Patrick Artus, un conseiller économique de Natixis, remet en question la validité de la théorie du "cycle de vie" de Franco Modigliani, qui postule que les gens dépensent leurs économies une fois à la retraite. Artus souligne aussi qu'il est surprenant de constater que les individus plus âgés ont tendance à faire des investissements plus risqués que les jeunes. Il suggère que cette tendance peut être due à une réduction de l'incertitude concernant les revenus annuels. Philippe Crevel, qui est à la tête du Cercle de l'épargne, propose une autre raison à ce phénomène : plus une personne a un grand patrimoine, plus elle est susceptible de prendre des risques.

Passation de l'héritage

Comment comprendre que les cigales d'antan se soient transformées en fourmis ? "Les baby-boomers ont la capacité d'économiser : ils bénéficient de retraites plus généreuses que celles de leurs prédécesseurs, ils n'ont plus de dépendants et possèdent le plus souvent leur propre maison", explique le spécialiste.

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Il existe plusieurs raisons à cela. Cela inclut la culture d'épargne bien ancrée en France, l'intention de mettre de côté de l'argent pour faire face à des dépenses imprévues liées à la dépendance et finalement le désir de laisser un héritage aux futures générations. Patrick Artus souligne que cela est cohérent avec le fait que la France est de nouveau une société où l'héritage est important, rappelant que "l'héritage constitue 60% de la richesse totale des Français", contre 35% au début des années 1970.

Ce sont en effet les agriculteurs et les travailleurs indépendants retraités qui parviennent à épargner le plus, avec des taux d'épargne atteignant respectivement 35% et 31%.

Nathalie Silbert

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