Crisis du Successeur: Les Médecins Franciliens de Plus de 60 Ans sans Espoir de Trouver un Remplaçant

Les docteurs basés en Île-de-France et âgés de plus de 60 ans sont désespérés à l'idée de ne pas trouver de remplaçant. Une forte majorité d'entre eux, soit plus de 80%, pensent qu'ils ne réussiront pas à dénicher un successeur. Ces praticiens, qui se sentent épuisés, n'envisagent pas de continuer à exercer pendant une longue période, selon une étude diffusée ce lundi.

By Hayat Gazzane

Les porte-paroles des docteurs indépendants tirent la sonnette d'alarme. Ils sont préoccupés par l'avenir des praticiens de plus de 60 ans, qui constituent 46% des docteurs indépendants en activité en Île-de-France. D'après une étude réalisée par l'Union régionale des professionnels de santé (URPS) – qui représente les 20 000 médecins libéraux de cette région – plus de 85% d'entre eux ont abandonné tout espoir de trouver un remplaçant à la fin de leur carrière.

Ces praticiens, qui affichent un tel pessimisme, représentent 59% de la population active non retraitée et 41% qui exercent à la fois leur profession et leur retraite. Ils sont principalement des spécialistes (57%). "Sans eux, l'accès aux services de santé s'effondrerait instantanément", souligne l'URPS.

Épuisement et absence d'appréciation

Déjà, un grand nombre de ces docteurs (75% pour ceux qui jonglent entre travail et retraite, et 40% pour les non-retraités) ont réduit leur charge de travail, parfois de moitié. Pourquoi ? Les raisons incluent des problèmes de santé, l'épuisement, le stress, une fiscalité excessive ou simplement le désir de disposer de plus de temps libre. "Certains mentionnent également un déficit d'appréciation de la part de leurs patients et des autorités, ainsi qu'une charge administrative de plus en plus pesante", souligne l'URPS.

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Que ce soit des retraités encore actifs ou des individus n'ayant pas encore pris leur retraite, tous prévoient de partir dans une période de deux à cinq ans. Ils avertissent que certaines mesures prises par le gouvernement pourraient même les inciter à partir plus tôt. Parmi ces mesures, on peut citer l'obligation d'assurer la continuité des soins, la responsabilité de s'occuper de plus de patients ou encore les nouvelles exigences numériques telles que le logiciel Ségur, qui visent à rendre plus efficace et sécurisé l'échange de données de santé entre professionnels et patients.

Selon l'URPS, jusqu'à présent, la seule action initiée par les autorités pour encourager ces médecins à continuer de travailler est l'abandon des contributions de retraite pour ceux qui choisissent de travailler tout en étant à la retraite. Cependant, même cette initiative, qui a été officiellement mise en place en juin, est perçue comme trop limitante par les professionnels de la santé car elle fixe un seuil de 80 000 euros de revenus et ne s'étend que jusqu'à l'année 2023. Seulement 27% des personnes interrogées dans le sondage publié ce lundi pensent qu'ils pourront en profiter, tandis que 28% pensent qu'ils en seront exclus et 45% ne sont pas sûrs.

Révision de l'exonération fiscale sur les frais professionnels

Les docteurs consultés demandent une révision de cette disposition en l'augmentant au-delà de 80 000 euros, en la rendant accessible aux docteurs qui ont des emplois limités en parallèle et en la rendant permanente après 2023. Ils suggèrent également d'autres alternatives pour continuer leur travail : leur attribuer des points de retraite supplémentaires en cas de cumul emploi-retraite ou bien rendre leurs frais professionnels exemptés d'impôts.

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L'URPS presse les autorités, qui sont fortement engagées dans la lutte contre la pénurie de médecins, de tenir compte des besoins de ces médecins âgés de plus de 60 ans. "Face à l'offre peu séduisante de la convention médicale et, de manière plus générale, au manque de reconnaissance des autorités, les jeunes médecins sont réticents à s'établir et ceux de plus de 60 ans hésitent à continuer leur pratique", remarque l'URPS. "Soyons à leur écoute."

Gazzane Hayat

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