Les centres de santé publics signalent un problème avec leur état financier. La Fédération hospitalière de France exprime ses préoccupations concernant une détérioration probable du déficit hospitalier, qui devrait excéder 2 milliards d'euros cette année. Les hôpitaux espèrent une augmentation de leurs ressources, mais doivent faire face à des obstacles politiques et à une mauvaise situation financière publique.
Par Solenn POULLENNEC
—
Texte
Malgré des avancées notables dans les domaines de l'activité et des ressources humaines, les hôpitaux publics sont susceptibles de voir leur situation financière se détériorer davantage cette année, a averti la Fédération hospitalière de France (FHF) mardi. Elle espère une résolution rapide du problème politique.
"Le budget de l'hôpital public est dans un état de détérioration sans précédent", a déclaré Arnaud Robinet, le chef de la FHF, ce mardi. "Il est inenvisageable de poursuivre de cette manière sans compromettre les investissements et les embauches prévues", a ajouté le maire de Reims. La Fédération prévoit un déficit entre 1,7 et 1,9 milliard d'euros pour 2023, uniquement pour les hôpitaux (excluant les Ehpad affiliés).
Traiter sans profit
Et cette année, la situation s'est davantage détériorée. "Si nous ne franchissons pas la barre des 2 milliards d'euros en 2023, cela sera malheureusement le cas en 2024", a affirmé Cécile Chevance, en charge à la FHF. "Nous prodiguons des soins aujourd'hui sans en tirer de bénéfices, avec des pertes qui s'empilent."
En dépit des fonds d'urgence libérés plus tôt dans l'année, les hôpitaux publics demandent une augmentation supplémentaire de leur budget pour cette année, avoisinant les 2 milliards d'euros. Ils estiment que les ressources qui leur ont été attribuées ne sont pas suffisantes compte tenu de l'inflation qui a augmenté leurs dépenses.
Augmentation de 6 milliards d'euros
Comme ils l'ont fait dans le passé, les hôpitaux demandent plus de ressources pour l'année à venir. C'est notamment pour couvrir toutes les augmentations de salaires prévues pour le personnel soignant. En somme, la FHF milite pour une augmentation de 6 % du budget alloué aux établissements de santé (publics et privés) entre 2024 et 2025, ce qui représente un peu plus de 6 milliards. Cela porterait le total à près de 112 milliards d'euros.
A lire également :
ANALYSE – Hôpitaux : un autre été de tension dans les services d'urgence
Le domaine privé, qui avait exprimé son mécontentement avant les vacances d'été concernant le manque de ressources qui lui étaient attribuées par rapport à celles allouées au secteur public, n'est pas négligé non plus. « Un supplément budgétaire pour 2024 et une augmentation de l'Ondam [des dépenses prévues] pour 2025 sont nécessaires », ajoute Lamine Gharbi, directeur de la Fédération de l'hospitalisation privée. Il rappelle en outre que le gouvernement, qui a depuis démissionné, s'était promis de mettre fin aux conflits avec le secteur privé en offrant plus de transparence aux acteurs hospitaliers concernant leur financement dans les années à venir.
"C'est assez urgent"
Il y a tellement de demandes qui semblent difficiles à combler. Les comptes de la Sécurité sociale, considérés comme incontrôlables par la Cour des comptes, devraient se dégrader davantage cette année avec un déficit prévu de plus de 16 milliards d'euros.
En outre, l'absence d'un gouvernement pleinement fonctionnel depuis la dissolution de l'Assemblée nationale en juillet et la démission du cabinet en fonction ont entravé la préparation du budget de la Sécurité sociale, qui est généralement bien en cours à ce moment de l'année. "C'est assez urgent", admet Arnaud Robinet, qui, comme beaucoup d'autres dans son domaine, est préoccupé par le manque de clarté pour son secteur.
Amélioration dans la gestion de l'absentéisme
"Nous ne cherchons pas à toujours augmenter", modère le représentant des hôpitaux publics. "Être plus performants ne signifie pas nécessairement avoir plus de fonds", affirme-t-il, alors qu'un groupe d'experts avait exprimé au printemps leurs préoccupations concernant la "sous-performance" persistante des hôpitaux publics, encourageant le gouvernement à résoudre les problèmes qui empêchent ces établissements de fonctionner aussi efficacement qu'espéré.
La FHF insiste cependant sur le fait que les hôpitaux sont toujours en train de se redresser. Au niveau national, au cours du premier semestre de cette année, leur activité a augmenté de 3% par rapport à l'année précédente et à 2019, avant la pandémie de Covid. C'est également rassurant pour le secteur qui a vécu un autre été difficile, en particulier dans de nombreux services d'urgences. Des enquêtes montrent que le secteur est de plus en plus attractif pour les jeunes professionnels de la santé qui terminent leurs études. La proportion de postes vacants pour les aides-soignants et les infirmiers a tendance à baisser ces derniers mois. Les taux d'absentéisme sont également en voie d'amélioration.
Solenn Poullennec
Découvrez notre offre spéciale pour les entreprises !
Nos vidéos
La contribution de The Family à la nation des start-ups
Les paris sportifs en ligne : qui sont les véritables gagnants ?
Portugal, Espagne, Grèce : le retour en force des "pays du Club Med"
Les jeunes ont-ils réellement un problème avec le travail ?
Les plus consultés
Pensions de retraite, bourses d'études, SUV à Paris… Ce qui sera modifié au 1er septembre 2024
La diversité des origines des immigrants en France
Chez Macron, quelques tentatives timides de réforme des retraites
À la une
Nouveau Premier ministre : le Parti socialiste refuse de soutenir Bernard Cazeneuve
La Banque de France va augmenter sa prévision de croissance pour 2024
Budget : des suggestions de réductions dans l'aide aux chômeurs
Social
Légère augmentation du coût de la rentrée universitaire
L'indemnisation de l'arrêt de travail des fonctionnaires scrutée
Les hôpitaux publics tirent la sonnette d'alarme sur leur situation financière
Pratique
P
L'Équipe
Tous les droits sont protégés – Les Echos 2024