Les professionnels de la santé sont désorientés face au constant changement de ministres de la Santé. La démission inattendue d'Aurélien Rousseau survient au beau milieu des discussions entre l'Assurance Maladie et les médecins indépendants, juste avant les vacances, une période généralement stressante pour des hôpitaux déjà en crise. Il était le troisième ministre de la Santé au cours du deuxième mandat d'Emmanuel Macron.
Par Solenn Poullennec
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L'industrie de la santé est en quête de direction. Malgré les affirmations du gouvernement que l'accès aux soins de santé pour les Français est une de ses principales préoccupations, le changement fréquent des ministres de la Santé en charge crée une confusion quant à sa stratégie et suscite des inquiétudes.
"Ce département a déjà trois ministres en seulement 18 mois!" se plaint ce jeudi le syndicat Action Praticiens Hôpital, suite à la démission d'Aurélien Rousseau la veille, en raison de divergences sur la loi d'immigration.
Les engagements qui « vont disparaître »
La ministre adjointe responsable de la Santé, Agnès Firmin Le Bodo, a été nommée pour le remplacer en urgence, mais ce n'est qu'un poste temporaire. « Tous les dialogues, tous les projets en cours vont s'interrompre brusquement, tous les engagements et toutes les promesses vont disparaître », craignent les syndicats des hôpitaux.
Les travailleurs indépendants de la santé sont également frustrés. "Quand s'arrêtera la rotation constante des postes au sein du ministère de la Santé ?", a interrogé ce jeudi le SNIIL, un syndicat infirmier, qui, comme les autres représentants de la profession, attend impatiemment la réforme de la profession promis par le gouvernement au printemps dernier.
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Avant qu'Aurélien Rousseau ne prenne le poste, le ministère était auparavant sous la direction du médecin d'urgence François Braun pendant un an. Il avait succédé à Brigitte Bourguignon. Après la réélection d'Emmanuel Macron, elle avait été nommée mais avait dû abandonner son poste deux mois plus tard à cause de sa défaite lors des élections législatives.
Actions extraordinaires
Malgré le changement constant de ministres, le domaine de la santé lutte toujours pour surmonter la crise. Bien que les hôpitaux parisiens aient assuré qu'ils rétabliraient des lits, les institutions médicales sont toujours en manque de personnel de santé, en particulier d'infirmiers.
Suite à l'adoption de mesures extraordinaires pour maintenir le bon déroulement des services d'urgence surchargés durant l'été 2022, les autorités gouvernementales se sont engagées à augmenter le salaire des infirmières et des médecins de manière durable, surtout pour les tâches effectuées la nuit, les week-ends et les jours fériés. Malgré le ralentissement de l'intérim médical, les pressions persistent dans les services.
Les hôpitaux, souvent obligés de fonctionner à un rythme réduit et face à l'inflation, sont dans l'attente d'une augmentation de leurs ressources. La Fédération hospitalière de France a de nouveau demandé mercredi 1 milliard d'euros pour « faire face à l'urgence budgétaire », malgré le fait que le déficit de la Sécurité sociale est déjà prévu à plus de 11 milliards d'euros pour l'année prochaine.
Pression sur la médecine générale
La médecine générale est également sous pression alors que les Français s'inquiètent de la pénurie de médecins. Suite à de nombreux conflits, les professionnels de santé auxiliaires (kinésithérapeutes, infirmiers, etc.) ont réussi à obtenir une légère augmentation de leur rémunération par la Sécurité sociale pour compenser l'inflation.
Toutefois, les médecins de famille, dont le nombre diminue progressivement pour prendre soin d'une population de plus en plus âgée, protestent constamment contre leur faible rémunération et leur manque de reconnaissance. Ayant précédemment rejeté les propositions de François Braun, les médecins indépendants ont repris les discussions.
Au cours des cinq derniers mois, Aurélien Rousseau n'a pas vraiment laissé sa marque, bien qu'il ait été généralement bien reçu par les professionnels. L'ancien ministre a été particulièrement absorbé par les débats sur le budget. Bien qu'il ait soutenu une augmentation des ressources pour le secteur de la santé (avec une hausse du budget supérieure à l'inflation), ce point a été obscurci par les discussions sur l'augmentation des franchises pour les médicaments et les consultations, dans le but de réduire le déficit de la Sécurité sociale.
Désillusions concernant les initiatives préventives
Le précédent chef de cabinet d'Elisabeth Borne avait certes assuré – à l'instar de ceux qui l'avaient précédé – d'accorder une importance particulière aux initiatives de prévention. Cependant, très peu de mesures dans cette direction ont été révélées. Finalement, Aurélien Rousseau a réussi à obtenir des doses supplémentaires pour protéger les nourrissons contre la bronchiolite, mais elles ne seront pas disponibles en pharmacie. De plus, les autres campagnes de vaccinations (contre la grippe et le Covid) ont été lentes à se mettre en place.
Aurélien Rousseau n'a pas réussi à persuader les groupes de lutte contre le tabac avec sa stratégie anti-tabac. Il n'a également pas exposé sa stratégie pour combattre les manques de médicaments qui était censée être révélée cette semaine.
Agnès Firmin Le Bodo, qui est pharmacienne de métier et actuellement ministre par intérim, était précédemment en charge de la question de la fin de vie. Elle se retrouve maintenant face à ce nouveau défi. La question est de savoir si elle disposera du temps nécessaire pour s'y consacrer.
Solenn Poullennec
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