La balance commerciale agricole française a subi une forte baisse en 2023. Les ventes à l'étranger de produits agricoles ont chuté de 15% cette année-là, principalement à cause d'une réduction significative des prix des matières premières. Bien que la balance commerciale pour l'agriculture ait maintenu sa positivité, elle a été réduite de près de quatre fois.
Par Marie-Josée Cougard
La situation de la balance commerciale agricole française n'a jamais été aussi critique. Bien que son solde soit resté positif en 2023, il a connu une chute impressionnante, passant à 1,2 milliard d'euros, ce qui est quatre fois inférieur à l'année précédente, d'après les données des Douanes diffusées ce mercredi.
Les ventes à l'étranger (19,1 milliards d'euros), affectées par des baisses de parts de marché en Afrique, ont diminué de 15% l'année dernière. La hausse des importations a été moins importante que lors des deux années antérieures, à +1,3%.
Retour de l'Ukraine
Ceci est avant tout le reflet d'une année déplorable pour les ventes à l'étranger du blé français. Cela a subi un double coup dur avec la baisse des prix à l'échelle mondiale et une concurrence accrue venant de la mer Noire.
Avec une production impressionnante proche de 100 millions de tonnes et une capacité d'exportation de 40 millions de tonnes, la Russie a démontré une forte compétitivité commerciale dans la région méditerranéenne, qui est la cible principale de la France. Le pays dispose de terres de haute qualité nécessitant peu d'engrais et offre des coûts de production nettement plus compétitifs que ceux de la France.
Voir aussi :
Secteur agroalimentaire : La France perd son influence en Europe
Secteur agroalimentaire : renforcement des atouts, détérioration croissante des faiblesses
Face à l'agression russe, on doit également prendre en compte le retour de l'Ukraine, l'autre géant agricole de cette zone. Suite à une année 2022 incontestablement ardue, qui a créé des opportunités pour les exportateurs français, Kiev a réaménagé sa production en plantant du blé dans l'ouest de son pays, une zone légèrement plus protégée du conflit, et en réorientant ses échanges commerciaux vers des routes terrestres.
Compétition au sein de la communauté
On doit revenir à l'année 2017 pour trouver un résultat plus mauvais que celui de 2023. Durant cette année, le bilan du commerce agricole avait chuté dans la zone négative. Pendant les deux dernières décennies, il a toujours été positif et assez constant à 3 milliards d'euros entre 2000 et 2007.
Ensuite, à la suite de l'escalade des coûts en 2008 due à la crise financière, il y a eu une augmentation significative à 6 milliards d'euros entre 2011 et 2013. "À partir de 2014, une chute majeure s'est produite", souligne Thierry Pouch, économiste spécialisé dans le domaine agricole, jusqu'à un rétablissement en 2018 qui a été renforcé par le rebond économique post-Covid en 2021-2022.
Aussi à lire :
"Le marché est inondé par le blé ukrainien"
Blé : Moscou a "localisé" les routes d'exportation
Dans le domaine de l'industrie agroalimentaire et du commerce de produits transformés tels que les boissons, les produits laitiers, les huiles, les préparations alimentaires, les viandes, les pâtes et les pains, la situation est plus équilibrée et moins susceptible d'être affectée par l'instabilité des prix mondiaux ou par les désastres climatiques. En 2023, le bilan commercial de l'agroalimentaire a affiché un solde équivalent à celui de 2022, soit 5,6 milliards d'euros.
Un sujet majeur de préoccupation demeure : l'augmentation significative du déficit commercial de produits manufacturés avec les autres pays de l'Union Européenne. Ce déficit est apparu pour la première fois en 2018 et continue de s'intensifier. Cela peut être attribué à la compétition des pays récemment intégrés à l'Union Européenne (tels que la Pologne et la Roumanie), qui bénéficient des subventions de la Politique Agricole Commune (PAC) tout en maintenant des conditions de production plus favorables. Cependant, selon Vincent Chatellier, économiste à l'INRAE, "la France subit également le coût de sa décision de produire des produits haut de gamme trop coûteux pour ces nouveaux venus".
Josée-Marie Cougard
Nouveau : explorez nos offres de haut niveau !
Nos Clips
Des fermiers italiens se dirigent vers Rome pour faire entendre leurs revendications
Agriculture : 1.000 engins agricoles paralysent le secteur européen de Bruxelles
Des agriculteurs à Rungis : « Nos dirigeants ne devraient pas penser que nous allons rester silencieux »
La Nasa dévoile des images époustouflantes de galaxies en spirale
Le plus consulté
Auchan réaménage son administration pour une meilleure intégration des boutiques Casino Haut de gamme
Haut de gamme
Lactalis subit un autre revers dans la fixation des prix du lait face aux producteurs haut de gamme.
Les divergences autour de la Politique Agricole Commune (PAC) exacerbent les tensions entre les agriculteurs
En tête de l'actualité
Changement climatique : Bercy met à disposition 2 milliards d'euros sous forme de prêts garantis pour les entreprises
La réorganisation de l'Education nationale subit les conséquences de la colère de François Bayrou
Secteur immobilier : trois éléments susceptibles de freiner la diminution des prix
Consommation & Commerce
Miele, surnommée la "Rolls-Royce de l'électroménager", perd de son éclat
Diego Magdelénat apporte une nouvelle perspective sur le monde de l'optique
Panzani se lance avec vigueur dans le secteur des pâtes fraîches
Informations utiles
P
L'Équipe
Toutes les permissions sont réservées – Le Moniteur 2024.