Controverse autour de la “taxe lapin” de Gabriel Attal : Inquiétude et débat dans le secteur de la santé

L'idée de Gabriel Attal d'instaurer une "amende lapin" suscite l'indignation dans le domaine de la santé. L'initiative du Premier ministre de faire débourser 5 euros à quiconque manquerait un rendez-vous médical est fortement contestée par plusieurs intervenants dans le secteur de la santé. Ils redoutent une augmentation de la charge de travail pour les professionnels de santé et des conséquences négatives pour les patients les moins aisés.

Par Alexandre Rousset

Rewritten

Unions, researchers, platforms… Lately, many are voicing their opposition to Gabriel Attal's proposed healthcare system reforms. The so-called "rabbit tax" is especially under scrutiny.

Cette initiative, soutenue depuis longtemps par le chef du gouvernement, propose d'imposer une pénalité de 5 euros à tout individu qui ne respecterait pas son engagement de consultation médicale. "Dès cette année, nous instaurerons un système de responsabilité qui prévoit une déduction de 5 euros qui sera versée directement au docteur si son patient ne se présente pas ou annule moins de 24 heures à l'avance", avait-il précisé.

D'après l'information fournie par Matignon, il reviendra à chaque docteur de décider s'il souhaite imposer cette taxe. Le gouvernement s'attendait principalement à ce que les plateformes de prise de rendez-vous soient responsables du prélèvement de ces 5 euros, bien que les médecins aient également la possibilité d'instaurer ce système en utilisant les informations bancaires du patient.

Questionnement sur l'efficacité

Dès la divulgation de cette action, certaines opinions l'ont considérée comme insignifiante face à la crise que subit le système de santé français. Mercredi, Gabriel Attal a donc souligné, lors des interrogations au gouvernement à l'Assemblée nationale, que chaque année, 27 millions de rendez-vous n'étaient pas respectés.

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Frédéric Bizard, un professeur d'économie et président de l'Institut Santé, conteste ce chiffre. Il dit qu'il n'y a pas de documentation suffisante pour soutenir ce phénomène. Selon lui, une seule étude menée par l'union régionale des professionnels de la santé en Ile-de-France, qui estime le nombre de rendez-vous manqués entre 10 et 27 millions en extrapolant à l'ensemble du pays à partir des données de l'Ile-de-France, a été réalisée. Il a souligné que la situation en Ile-de-France n'est pas nécessairement représentative de toute la France. Il a admis sur France Inter mercredi matin que le phénomène est réel et qu'il est même en progression.

Un "poids bureaucratique"

Cependant, la "taxe lapin" ne séduit pas non plus un acteur clé de l'industrie : Doctolib. Mercredi, le directeur de la plateforme de réservation principale, Stanislas Niox-Chateau, a déclaré qu'il n'était pas contre l'essence de la mesure, mais plutôt contre sa mise en œuvre, qui, selon lui, serait préjudiciable aussi bien pour les médecins que pour les patients.

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"Nous ne devrions pas imposer une charge administrative supplémentaire aux professionnels de la santé. Comment vont-ils gérer la majorité des rendez-vous qui ne sont pas programmés en ligne ? Comment vont-ils traiter les réclamations des patients et leurs contestations ?", a demandé le co-fondateur de Doctolib lors d'une interview sur France Inter, estimant qu'il est "impensable" que les secrétaires des cabinets médicaux s'occupent de l'enregistrement des informations de carte bancaire des personnes qui demandent un rendez-vous.

Effets indésirables

Concernant les patients, le directeur de Doctolib souligne que 15% d'entre eux "sont confrontés à l'illectronisme (c'est-à-dire sans accès à internet ou incapables de l'utiliser, note) " et 5% "n'ont pas de carte de crédit", ce qui rend l'application de la "taxe no-show" impossible pour ces personnes. Plus important encore, il craint que cette initiative dissuade les personnes les plus démunies de suivre un traitement médical. Un effet potentiellement négatif qui avait été mis en avant dès le printemps 2023 par le ministre de la Santé de l'époque, François Braun.

D'après Stanislas Niox-Chateau, c'est le rôle de l'Assurance Maladie de superviser la collecte de cette taxe, dans le but de sauvegarder les professionnels de santé. Plusieurs organisations de médecins ont d'ailleurs noté que cette action pourrait « compliquer les relations » entre les soignants et leurs patients, en particulier dans un contexte où une augmentation notable des incidents d'agressions verbales ou même physiques envers les médecins a été observée ces dernières années.

Alexander Rousset

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