Bruno Le Maire renforce les relations franco-américaines : Wall Street séduit par l’attractivité de la France

Bruno Le Maire entretient des relations avec Wall Street

Le chef du département de l'économie a eu des interactions avec d'éminentes personnalités financières à New York. Leur scepticisme envers la France, présent en 2017, a disparu. Bruno Le Maire prévoit que son voyage entraînera des investissements et des déplacements d'entreprises vers la France.

Par Solveig Godeluck

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Durant une pause entre deux rencontres, au hall du Sofitel à New York, Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, apprécie un voyage enrichissant. Depuis vendredi, il sonde l'humeur des principaux banquiers et investisseurs de Wall Street pour vérifier que la France demeure séduisante à leurs yeux.

"Selon lui, pour ces dirigeants d'entreprise, la présentation du ministre des Finances est primordiale et joue un rôle crucial dans leur prise de décision. Il est d'ailleurs convaincu d'avoir brillamment réussi sa présentation: "Je suis persuadé que cela entraînera des investissements en France et la mise en place de plusieurs nouveaux projets."

Le ton a définitivement changé depuis 2017, juste après la première victoire électorale d'Emmanuel Macron. A cette période, chez Morgan Stanley, le seul accueil que le ministre avait reçu venait d'une vice-présidente qui était très douteuse quant à la possibilité de la France de se réformer. Cependant, lundi, le nouveau PDG de la banque, Ted Pick, a mentionné la possibilité d'embaucher entre 80 et 150 nouveaux employés en France, en complément des 330 recrutements actuels, suite à l'ouverture d'un centre de recherche appliquée mondial pour les activités de marché à Paris.

"Le 'green tax credit'"

Ted Pick a l'habitude de poser trois questions aux employés des filiales nationales: qui a des racines étrangères? Qui parle anglais? Qui a des compétences en codage? Selon lui, la France, tout comme l'Inde, se distingue car leurs équipes remplissent tous les critères. C'est ce qu'il a expliqué à Bruno Le Maire.

"La France est maintenant considérée comme le pays le plus séduisant en Europe pour de nombreux investisseurs américains", estime ce dernier. Il estime que "la stabilité de notre stratégie économique, qui comprend la réduction des taxes, la révision du système de retraite et la simplification des procédures administratives", a modifié leur perception de la France.

Voir aussi :

Secteur écologique : Bercy apporte des précisions sur ses prévisions pour le crédit d'impôt.

L'Allemagne fait face à des dilemmes stratégiques, coincée par sa décision de renoncer au nucléaire, ce qui profite à la France. Les États-Unis sont également à la recherche de solutions de rechange à la Chine. Ils suivent de près la réponse française aux subventions de la loi sur la réduction de l'inflation, connue sous le nom de "crédit d'impôt vert", tel que présenté par Bruno Le Maire sur CNBC. C'est d'autant plus pertinent que Donald Trump prévoit d'abolir l'IRA s'il est élu l'année prochaine.

"Ajustements fins"

Bruno Le Maire assure qu'il est désormais en train de peaufiner sa relation avec ces puissants banquiers qu'il rencontre pour certains tous les trimestres. Alors qu'il se prépare à dévoiler un projet de loi sur la simplification et l'innovation au début de 2024, il a pris en compte leurs souhaits. Il admet qu'il devrait être envisageable de diminuer les temps d'attente administratifs pour les investissements, comme par exemple pour la mise en place de parcs éoliens en mer avant que la technologie ne soit dépassée.

Le ministre affirme aussi être en faveur de l'idée de limiter les compensations de licenciement totales pour les professionnels de la finance à haut revenu. Cependant, il ne désire pas changer la condition des expatriés pour l'appliquer aux cadres qui transitent d'une banque étrangère à une autre en France.

Financement pour l'Intelligence Artificielle

Bercy n'est plus préoccupé par le fait d'attirer les grands banquiers à Paris – ils sont déjà présents -, leur objectif est maintenant de séduire davantage de financements internationaux pour stimuler les investissements futuristes : faire de l'économie plus verte – comme le développement des énergies renouvelables à EDF -, soutenir l'intelligence artificielle, et les industries de la santé.

Dans le domaine de l'intelligence artificielle, Wall Street reste dubitative quant à la compétence de la France et de l'Europe. Les investisseurs américains supposent que la start-up française Mistral AI sera acquise, principalement en raison d'un manque de financement et d'une réglementation européenne mise en place trop tôt.

Voir également :

La participation minime des fonds européens dans le cycle de financement de Mistral AI.

"Nous cherchons à contrôler excessivement une technologie que nous ne comprenons pas encore. L'innovation doit précéder la réglementation", se plaint Bruno Le Maire, frustré que l'intelligence artificielle soit une technologie révolutionnaire "qui s'implante dans un secteur industriel monopolisé", c'est-à-dire les géants américains Microsoft, Google, Meta…

Solveig Godeluck (Bureau de New York)

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