À Bercy, Bruno Le Maire souhaite maintenir sa présence sur la scène économique et politique. Bien que ses ambitions pour Matignon semblent toujours hors de portée, le ministre de l'Économie envisage déjà son avenir à Bercy où il espère être reconduit à son poste. Il souhaite apporter une dynamique réformiste à la majorité, cependant, les initiatives concrètes sont encore en nombre restreint pour l'instant.
Par Renaud Honoré
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Si Bruno Le Maire nourrissait encore des ambitions de se retrouver à Matignon, il a su habilement brouiller les pistes. Alors que tout le monde ne parlait que du bouleversement imminent au sein du gouvernement, Le Maire a réussi lundi à représenter une certaine stabilité à Bercy pour réinjecter une dynamique de réforme dans le mandat présidentiel. C'est le message qu'il a transmis lors de ses vœux adressés aux acteurs économiques – la septième fois depuis son arrivée en 2017 – même si ses plans précis restent pour l'instant vagues et limités.
"En sept ans, tout a évolué, sauf mon enthousiasme, mon implication et ma résolution", a déclaré le ministre de l'Economie et des Finances. Avant de terminer, à ceux qui pourraient le soupçonner de toujours vouloir changer de poste, alors que les rumeurs le présentaient déjà comme futur candidat au FMI il y a un an : "En cette année 2024, qui est une année pleine de risques à l'échelle mondiale mais aussi d'opportunités pour la France, il n'y a pas de place pour les doutes ou les incertitudes. Il n'y a de la place que pour la transparence et la détermination", a-t-il affirmé.
Extension de son pouvoir
Les nombreux leaders présents ont toutefois noté que le solitaire Bruno Le Maire a fait un effort particulier cette année pour mettre en lumière les quatre autres ministres qui travaillent jusqu'à présent sous sa direction – l'équipe de Bercy – qu'il a tous fait applaudir. On pourrait croire qu'il apprécierait d'être vu comme un Premier ministre adjoint, dirigeant un vaste secteur influent, s'il devait être reconduit, même loin de Matignon.
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Qu'est-ce que le détenteur du record de longévité à Bercy sous la Ve République envisage de faire en cas de prolongation de son mandat ? "Nous avons déjà accompli beaucoup, mais nous avons encore plus à réaliser", a-t-il expliqué. Cependant, malgré une activité intense durant ses sept premières années, son portefeuille de projets neufs semble relativement maigre en comparaison. Il a vaguement mentionné pour le printemps 2024 une loi visant à améliorer l'attractivité de la France et de nouvelles initiatives pour simplifier les normes pour les entreprises. La réponse modérée de l'audience indique que les responsables ont encore du travail pour convaincre sur cette question, après les nombreux échecs des gouvernements précédents.
Bruno Le Maire aspire à se présenter comme le guide fiable qui montre constamment le chemin de la réforme à la majorité, alors que certains se posent des questions sur l'orientation donnée par le chef de l'État. Même depuis Bercy, il est possible d'adopter un ton autoritaire et le ministre de l'Economie s'est engagé à « fermeté et autorité » dans la lutte contre la fraude – avec un renforcement dans la collecte des amendes ou la confiscation des biens des trafiquants de drogue.
Des économies d'au moins 12 milliards sont à prévoir. Concernant le système social français, l'actuel résident de Bercy envisage de finaliser sa réforme. Il a déjà empiété sur le territoire d'Olivier Dussopt, le ministre du Travail, il y a quelques temps. Il propose à nouveau de diminuer la période d'indemnisation des chômeurs de plus de 55 ans. Selon lui, cette initiative est cruciale pour atteindre le plein emploi. L'ex ministre sous la présidence de Nicolas Sarkozy souhaite aussi stimuler la croissance des salaires en France. Il compte pour cela sur le rapport d'économistes concernant les réductions de charges, dans le but de combattre la précarité salariale dans notre société.
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Enfin, le ministre des Finances a rappelé à ses collègues du gouvernement l'importance de l'assainissement des finances publiques, une des promesses faites par Emmanuel Macron en 2017. "Nous serons sans pitié face aux propositions ministérielles non budgétées", a-t-il affirmé. C'est pourquoi le gouvernement a décidé, fin décembre, de réduire le bonus écologique pour les voitures électriques. À Bercy, certains sont également préoccupés par le coût de la mise en place du Service national universel pour tous.
La tâche la plus ardue reste à accomplir, en particulier l'élaboration du budget pour l'année suivante. Bruno Le Maire a affirmé que "nous devons réaliser des économies d'au moins 12 milliards d'euros d'ici 2025", l'ajout de "au moins" étant une nouveauté dans sa déclaration. Cela semble d'autant plus ardu que le Ministère de l'Économie et des Finances n'est pas encore sûr d'atteindre son but de limiter le déficit public à 4,9% du PIB pour 2023.
Honoré Renaud
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