Bercy anticipe une augmentation notable du pouvoir d'achat en 2023 et 2024. Le gouvernement mise sur une croissance de 1,3% du pouvoir d'achat des foyers cette année et l'année suivante. Il est plus positif que la Banque de France ou l'Insee.
Par Nathalie Silbert
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Texte
Peu importe comment se sentent les Français, ou ce que pensent beaucoup d'économistes. Le gouvernement s'attend à une augmentation conséquente du pouvoir d'achat cette année et la suivante.
D'après le dense rapport économique, social et financier (RESF), un ajout au projet de loi de finances rendu public ce mardi, on prévoit une hausse de 1,3 % en 2023 et en 2024, suite à une quasi-stagnation en 2022. Cela pourrait booster la consommation et par conséquent la croissance anticipée à 1,4 % l'année prochaine par Bercy, en dépit de la faible activité.
La question du pouvoir d'achat demeure une préoccupation majeure pour les citoyens français et cette prédiction risque fort de raviver les critiques sur l'optimisme excessif du gouvernement. Par exemple, l'Insee prévoit une augmentation du pouvoir d'achat de 0,5 % en 2023. De même, dans ses prévisions de septembre, la Banque de France s'attend à une augmentation modeste de 0,9 % cette année et l'année prochaine.
Les revenus augmentent plus rapidement que les coûts. Cependant, le RESF aide à comprendre les mécanismes derrière les prédictions de Bercy. Pour l'administration, qui a fait de l'emploi une priorité clé de son agenda, c'est principalement l'élan positif des revenus qui devrait stimuler le pouvoir d'achat.
L'augmentation moyenne des salaires serait de 5,3% cette année, principalement grâce à la distribution de la prime Macron. En 2024, une autre hausse est prévue, de 3,1%. Par conséquent, les salaires réels augmenteraient plus rapidement que les prix, en raison de la baisse anticipée de l'inflation. Selon les prévisions de Bercy, cette dernière devrait atteindre en moyenne 2,6% l’année prochaine.
Selon les prévisions gouvernementales, la robustesse du marché de l'emploi serait également un facteur déterminant. En 2023, dans une ambiance économique plutôt sombre, on s'attendrait à une création d'emplois salariés se limitant à environ 175 000 par an, ce qui représenterait une nette diminution par rapport aux 355 000 de 2022. Allant à l'encontre de l'opinion de certains économistes qui envisagent une augmentation de la productivité et la reprise des suppressions d'emplois pour l'année à venir, le gouvernement continue de parier sur les bénéfices des réformes mises en place (comme la réforme de l'assurance-chômage, l'expansion de l'apprentissage, etc.). Il prévoit donc environ 175 000 nouvelles créations d'emplois en 2024.
Intervention publique
Récemment, "la répartition de la richesse a été plus favorable au travail", affirme-t-on au sein du ministère de l'Economie et des Finances. Cela est principalement dû à l'ajustement du salaire minimum en fonction de l'inflation, ce qui a entraîné une augmentation plus rapide des coûts de la main-d'œuvre par rapport aux profits réalisés entre la fin de 2019 et le premier trimestre de 2023. De plus, les prestations sociales seront également revalorisées au-delà de l'inflation.
Les dispositifs publics mis en place pour atténuer l'impact de l'inflation et la montée en flèche des coûts de l'énergie devraient continuer à renforcer les revenus des Français. D'après les estimations de la Direction générale du Trésor, l'impact global de ces mesures devrait représenter environ 21,4 milliards d'euros en 2023 et 17,5 milliards d'euros en 2024 pour le pouvoir d'achat des ménages (y compris le bouclier sur l'électricité), après 20,5 milliards en 2022.
"Si ces actions n'avaient pas été prises, la capacité d'achat des citoyens français aurait diminué d'environ 3,5 points en 2022 et aurait généralement stagné entre 2021 et 2024", indique le rapport. Cependant, grâce à l'implication du gouvernement, une augmentation d'environ 3 points est prévue pour cette période.
Nathalie Silbert
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