Baisses des embauches de cadres : résilience malgré un ralentissement notable

Le recrutement de cadres ralentit, mais reste résilient 

Le site web de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) a signalé une baisse de 16% des offres d’emploi au troisième trimestre. Les aspirations à embaucher ont également chuté. Cependant, l’association souligne que les défis liés au recrutement demeurent extrêmement importants.

Par Alain Ruello

L’emploi global connaît une décélération, y compris pour les postes de cadres. Bien qu’il ne soit pas encore possible de détecter un revirement après deux années d’enthousiasme suite à la Covid, les difficultés de recrutement pour ces postes restent très élevées. C’est ce qui est dévoilé dans le dernier indicateur économique publié ce jeudi par l’Association pour l’emploi des cadres (APEC).

Au troisième trimestre, le site de l’association a enregistré 123.200 offres d’emploi, soit une baisse de 13% par rapport à la même période de l’année précédente et de 4% sur une période de deux ans. On observe des variations significatives en fonction des régions, l’Ile-de-France, qui compte pour moitié des emplois, étant plus touchée.

Il n’y a pas encore eu de revirement

“Nous sommes toujours supérieurs au niveau pré-crise, mais nous nous en approchons”, a souligné le directeur général de l’Apec, Gilles Gateau lors d’une conférence de presse. Nous nous en approchons d’autant plus que la baisse a été plus importante (-16 %) en octobre, comparativement à une fin d’année 2022 très active.

“Si nous allons en dessous de cela, nous pourrons alors discuter d’un renversement de situation”, a-t-il déclaré. Il est à noter que la Fédération Prisme du travail intérimaire et Syntec (qui couvre les domaines du numérique, de l’ingénierie, du conseil, de l’événementiel et de la formation) ont la même conclusion.

Un autre indicateur de ralentissement est la baisse du nombre d’entreprises prévoyant de recruter au moins un cadre d’ici la fin de l’année, qui est passé à 10% en septembre. C’est une baisse de deux points par rapport à juin et de quatre points par rapport à décembre de l’année précédente. En fin de compte, il semble difficile pour l’année 2023 de surpasser le record de 2022, qui a vu 308 000 embauches en contrat à durée indéterminée ou déterminée de plus d’un an, comme l’Association pour l’emploi des cadres l’avait prédit en avril.

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La position des cadres, dont le nombre est évalué entre 3,9 et 4,4 millions, est toujours très avantageuse. Liée à l’investissement des entreprises, leur proportion dans l’emploi salarié privé continue d’augmenter : elle était de 19% en 2020, une hausse de 5 points en quinze ans, selon une analyse statistique de cette population diffusée ce jeudi.

Selon l’Insee, le taux de chômage s’élevait à 4,1% en 2022, et pourrait se rapprocher de 3,5% cette année, bien que les travailleurs plus âgés restent victimes de discrimination de la part des employeurs.

Avec le soutien d’une campagne médiatique, l’Apec s’est mobilisée pour changer les attitudes face à la persistance des défis de recrutement. Bien que ces problèmes aient diminué, ils demeurent assez importants pour être aussi préoccupants que l’augmentation des coûts énergétiques. En septembre, 75% des entreprises prévoyaient des difficultés à embaucher un cadre, contre 84% en mars. Les raisons de ces difficultés restent les mêmes : le nombre insuffisant de candidats, des profils qui ne correspondent pas à ce qui est recherché, ou la compétition avec d’autres employeurs.

Les jeunes professionnels ont tendance à changer fréquemment de poste. Dans cette optique, l’Apec note que la plupart des employeurs s’ajustent en étant plus flexibles sur le salaire, les compétences ou l’expérience requise. Cela tend à avantager davantage les jeunes que les travailleurs plus âgés, selon Pierre Lamblin, le directeur des études de l’Association. Gilles Gateau renchérit en soulignant l’aspect irrationnel de cette discrimination : un employeur peut rejeter un candidat senior, pensant qu’il ne restera pas longtemps avant sa retraite, au lieu d’un jeune qui est susceptible de partir encore plus tôt.

La quête d’un salaire plus élevé, qu’ils obtiennent généralement, de conditions de travail qui s’alignent mieux avec leur vie personnelle, le retour aux études ou la recherche d’un objectif : les jeunes professionnels sont effectivement en mouvement constant. Chez ceux âgés de moins de 35 ans, 12% ont commencé un projet de changement de carrière, par exemple.

Laetitia Niaudeau, la vice-présidente exécutive de l’Apec, note que le désir de changement de carrière se fait sentir “de plus en plus tôt”. Une autre donnée remarquable est que 42% des cadres quittent leur poste dans les deux ans suivant leur recrutement, comparativement à 22% de tous les employés.

Ruello Alain

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